Pour une initiative antiguerre classiste et internationaliste. Contre tous les impérialismes, pour une alternative socialiste
L’intervention de l’impérialisme russe en Ukraine marque la scène mondiale
Poutine a publiquement révélé sur tous les réseaux de communication ce qu’était son but: ramener l’Ukraine sous le contrôle de la Sainte Mère Russie, auquel elle avait été soustraite par la faute de Lénine et des bolcheviks. Il s’agit donc bien de sa part d’un objectif chauvin grand-russe dans la droite tradition tsariste (puis, par la suite, stalinienne) qui s’accompagne d’une campagne idéologique réactionnaire et explicitement anti-communiste.
La tentative de présenter l’invasion de l’Ukraine comme une opération d’assistance au Donbass est complètement ridicule. Il ne s’agit que d’un de ces subterfuges coutumiers visant à maquiller en intervention humanitaire ce qui n’est qu’une guerre impérialiste.
Nous reconnaissons les droits à l’autodétermination des populations russophones du Dombass. Nous les avons défendus et revendiqués dès 2014 contre le nationalisme réactionnaire ukrainien. Mais les droits du Donbass n’ont rien à voir avec la guerre que mène Poutine, si ce n’est qu’à titre de prétexte propagandiste. C’est l’Ukraine tout entière que vise la Russie, et elle le fait en utilisant les moyens de la terreur. Tout ce qui l’intéresse dans le Dombass ce sont ses mines.
L’objectif affiché de la « dénazification » de l’Ukraine est tout aussi fallacieux. Le régime qui domine en Russie n’est pas plus démocratique que celui de l’Ukraine. Et, en tout état de cause, c’est la classe ouvrière ukrainienne qui seule a le droit de renverser son propre régime réactionnaire et certainement pas l’impérialisme russe et ses bombardiers.
L’exportation de la “démocratie” au son du canon ne procède que d’une hypocrisie cynique. Cela a été le cas en Irak, en Serbie, en Afghanistan, dans les proclamations des impérialismes occidentaux. Cela l’est, de façon encore plus grotesque, dans la bouche de Poutine pour l’Ukraine.
De même que nous avons inconditionnellement défendu l’Irak contre l’impérialisme US, en dépit du gouvernement réactionnaire de Saddam Hussein ; de même que nous avons inconditionnellement défendu la Serbie contre l’agression des impérialismes de l’OTAN, en dépit du gouvernement réactionnaire de Milosevic ; de même nous défendons aujourd’hui l’Ukraine contre l’invasion de l’impérialisme russe, malgré le gouvernement réactionnaire de Zelensky.
Plus encore. De même que nous avons été du côté de la résistance irakienne contre les forces américaines d’occupation, en totale autonomie par rapport à ses composantes islamiques intégristes, de même nous nous rangeons aujourd’hui au côté de la résistance ukrainienne contre les forces russes d’occupation, en totale autonomie par rapport aux forces gouvernementales de Kiev.
Nous ne sommes pas pacifistes mais communistes. Contre tous les impérialismes et leurs guerres, pour une alternative socialiste. C’est pourquoi nous déclarons notre solidarité totale avec la campagne contre la guerre du Parti Ouvrier Révolutionnaire russe.
Mais pour nous le front principal est celui de la guerre contre notre propre impérialisme, celui de l’OTAN, de l’UE, de l’Italie elle-même. Leur propagande en faveur de l’Ukraine n’est que le masque de leurs propres appétits.
Depuis trente ans, les impérialismes occidentaux, sous la direction des USA, ont visé à capitaliser à leur profit sur le plan des équilibres mondiaux l’effondrement de l’URSS. L’expansion de l’OTAN dans l’Est de l’Europe, contrairement à toutes les fausses assurances qui avaient été formellement données, a suivi cette ligne de conduite. Aujourd’hui l’impérialisme russe ressuscité et allié à un impérialisme chinois en pleine ascension, a l’intention non seulement de contenir les impérialismes occidentaux mais aussi de récupérer le terrain perdu, en utilisant pour cela le repositionnement asiatique opéré par l’impérialisme US, engagé dans une confrontation avec la Chine dans le Pacifique. C’est pourquoi les gouvernements occidentaux se mettent à présent à invoquer la démocratie et la paix et, au nom de cette dernière, à relancer la grande course aux armements au cœur de l’Europe elle-même. « Si nous le faisons c’est pour venir au secours de l’Ukraine » s’écrient-ils en chœur. Mensonge. Ils ne le font que pour garder le contrôle de leur propre aire d’influence dans l’intérêt de leur propre capital financier.
Les droits de l’Ukraine à son auto-détermination ne seront pas défendus par le Fonds monétaire international, par les classes capitalistes de l’Union Européenne, par le gouvernement Zelensky qui est leur allié et par sa politique ultra-libérale. Ce ne sont pas les amis d’Erdogan sur la peau des Kurdes ni l’Etat sioniste sur la peau des Palestiniens qui peuvent légitimement brandir les droits des peuples contre les autocraties. En toute hypothèse c’est la classe laborieuse de Russie qui seule a le droit de renverser son propre gouvernement impérialiste et pas l’OTAN des impérialismes rivaux, leurs gouvernements, leurs sanctions.
Il est nécessaire que le mouvement ouvrier international élabore une propre ligne indépendante sur la guerre en cours.
Tous les impérialismes veulent enrôler leurs propres salariés dans la guerre contre les impérialismes rivaux, dans le but de se partager le monde. Il faut déjouer ce piège infâme qui a semé des tragédies durant tout le vingtième siècle.
Les ouvriers n’ont pas de patrie, comme l’écrivait Marx, parce que leur patrie c’est leur propre classe au-delà des frontières. Ce n’est qu’en s’opposant à leur propre impérialisme, qu’en prenant la tête des droits nationaux de tout peuple opprimé, qu’il est possible de reconstituer l’unité de la classe ouvrière internationale, de renverser le capitalisme, de libérer l’humanité de la barbarie et des guerres. « Si tu veux la paix prépare la révolution » proclamait il y a un siècle Karl Liebknecht dans le contexte de la première guerre impérialiste. Ce mot d’ordre n’est pas moins actuel aujourd’hui qu’à l’époque.
Nous considérons comme important que toutes les organisations de la gauche politique et syndicale qui se reconnaissent dans une position de classe et internationaliste opposée à tous les impérialismes fassent entendre dans l’unité leur propre voix. Contre son propre impérialisme, qui est toujours l’ennemi principal, contre l’impérialisme russe qui aujourd’hui envahit l’Ukraine, pour une alternative socialiste internationale.