Les marxistes, à la différence des anarchistes, reconnaissent la lutte pour les réformes, c’est-à-dire pour l’amélioration de la situation des travailleurs. Mais, en même temps, les marxistes mènent la lutte la plus énergique contre les réformistes, qui limitent aux réformes les aspirations et l’activité de la classe ouvrière. Le réformisme est une duperie de bourgeois à destination des travailleurs. (Lénine, Marxisme et réformisme, 12 septembre 1913)
Les communistes révolutionnaires ont toujours lutté pour des réformes économiques (l’augmentation des salaires, la réduction du temps de travail, la gratuité des soins…) et politiques (le droit de vote pour tous, les libertés démocratiques, l’égalité des hommes et des femmes, les droits des peuples opprimés…), sachant qu’elles sont arrachées par la lutte des exploités et des opprimés ou concédées par la classe dominante pour éviter de tout perdre.
Les réformes sont des résultats secondaires de la lutte de classe révolutionnaire. (Lénine, Un tournant dans la politique mondiale, 31 janvier 1917)
Le réformisme se présente comme la seule méthode réaliste pour le progrès, opposée à la révolution qui serait irréaliste, voire néfaste. Il reposerait sur des améliorations successives (les réformes), favorables aux travailleurs, au peuple, à la nation, débouchant éventuellement dans un avenir (lointain, très lointain) sur un obscur « dépassement » du capitalisme.
Quel est notre but final ? Voulons-nous remplacer le capitalisme par le socialisme, par le communisme ou par l’anarchie proudhonienne ? Ou bien voulons-nous tout simplement rajeunir le capitalisme en le réformant et en le modernisant ? Quand je veux me déplacer pour une ou deux stations seulement, je dois savoir où va le train. (Trotsky, Du plan de la CGT à la conquête du pouvoir, 19 mars 1935)
En réalité, le prétendu réformisme est l’idéologie des exploiteurs politiques du prolétariat et des bureaucrates syndicaux corrompus. Il camoufle la trahison d’appareils issus de la classe ouvrière (coopératives, mutuelles, syndicats, partis…) qui ont été intégrés au capitalisme grâce à l’action consciente de l’État bourgeois.
Soit la bourgeoisie a d’emblée influencé et façonné des agents au sein du mouvement ouvrier, comme LFI (2016) et la direction de FO (1949) en France, le PT (1980) au Brésil, la direction de Solidarnosc (1980) en Pologne, le LP (1891-1901) en Grande-Bretagne…
Le Parti travailliste est-il véritablement un parti politique ouvrier ? Cela ne dépend pas seulement de la question de savoir s’il est composé d’ouvriers, mais également quels sont ceux qui le dirigent et quel est le caractère de son action et de sa tactique politique. De ce point de vue, le seul juste, le LP est un parti foncièrement bourgeois, car il est dirigé par des réactionnaires, par les pires réactionnaires, qui agissent tout à fait dans l’esprit de la bourgeoisie ; c’est une organisation de la bourgeoisie, organisation qui n’existe que pour duper systématiquement les ouvriers. (Lénine, Discours sur l’affiliation des communistes au LP de GrandeBretagne, 6 août 1920)
Soit la bourgeoisie a réussi à capter les appareils d’organisations antérieurement révolutionnaires.
On a vu murir toute une couche de parlementaires, de journalistes, de permanents du mouvement ouvrier, d’employés privilégiés et de certains contingents du prolétariat, couche qui s’est intégrée à sa bourgeoisie nationale et que celle-ci a su apprécier et adapter à ses vues. (Lénine, La Faillite de la 2e Internationale, juin 1915)
En France, la direction de la CGT, fondée sur la base du syndicalisme révolutionnaire, entra en 1914 dans le gouvernement d’union sacrée ; en Allemagne, le SPD, officiellement marxiste, vota les crédits de guerre en 1914. En 1919, le gouvernement SPD-USPD réprima la révolution allemande.
Il ne s’agissait pas de réformes, mais d’une trahison du prolétariat et du renforcement du principal instrument politique de la classe capitaliste, l’État bourgeois.
Plus tard, la bureaucratie privilégiée, incarnée par Staline, qui s’empara en 1924-1927 du pouvoir en URSS a transformé les partis communistes du monde en partis analogues, sociaux-patriotes, subordonnés à leur bourgeoisie, défenseurs de l’État bourgeois. D’où la création du Front populaire avec le PR par le PCF en 1935, l’appel aux fascistes du PCI de 1936, l’action décisive du PCE pour écraser la révolution à Barcelone en 1937, la participation du PCI au gouvernement monarchique italien en 1944, l’entrée du PCF dans le gouvernement formé par le général de Gaulle en 1944…
Depuis la restauration du capitalisme en Russie et en Chine par leur bureaucratie, la plupart des partis réformistes ne se sentent même plus obligés de faire référence au socialisme.
Il n’y a pas deux chemins (un de lutte de classe, un de collaboration de classe) pour aller au socialisme. Le réel programme des « réformistes » est bourgeois.
Pour ouvrir aux travailleurs la voie de la lutte de classes, de la révolution socialiste, il est indispensable de dénoncer et de combattre les partis sociaux-impérialistes et les appareils syndicaux corrompus, ce que se refusent à faire les centristes (LO, NPA, POID…).
Il faut dire aux masses toute la vérité. Il faut dénoncer nommément les dirigeants traitres des partis et des syndicats. (Trotsky, Lettre au Groupe bolchevik-léniniste, 21 novembre 1935)