Des records inquiétants chaque jour
Le nouveau variant du covid, Omicron, se propage dans le monde à une vitesse folle, entrainant de nouvelles contaminations qui s’accroissent brutalement. L’apparition de ce nouveau variant est évidemment liée au défaut de vaccination au plan mondial, avec des populations des pays dominés encore très peu protégées, conséquence de l’impérialisme et de l’organisation capitaliste. Selon l’Organisation mondiale de la santé :
Plus Omicron se répand, plus il se transmet, et plus il se réplique, plus il est susceptible de générer un nouveau variant. Actuellement, Omicron est mortel, il peut causer la mort […] Peut-être un peu moins que Delta, mais qui peut dire ce que le prochain variant pourrait générer ? Nous sommes dans une phase très dangereuse, les taux de contamination augmentent de manière très significative en Europe occidentale et l’impact réel de cela n’est pas encore clair. Lorsque le nombre de cas augmente de manière aussi significative, il est probable qu’un nombre beaucoup plus important de personnes atteintes de maladies graves se retrouvent à l’hôpital, voire meurent. (Catherine Smallwood, AFP, 4 janvier)
En France, plus de 360 000 nouveaux cas de contaminations ont été recensés dans la journée du 12 janvier. 16,77 % des tests réalisés sont positifs sur les 7 jours précédents. Le taux d’incidence des contaminations explose, il est de plus de 2 800 cas pour 100 000 habitants. En effet, le variant Omicron, beaucoup plus contagieux, supplante le variant Delta. Bien que moins pathogène, il entraine pourtant de graves conséquences sur la population comme sur les services hospitaliers. Il y avait le 12 janvier 23 889 personnes hospitalisées pour cause de covid, dont 3 985 en réanimation. 362 personnes en sont mortes ce jour-là.
95 % environ des entrées en soins critiques pour covid concernent des personnes non vaccinées.
Pour les hôpitaux publics, car le privé ne contribue qu’à la marge, la charge est très lourde. Outre que les effectifs sont insuffisants et les travailleurs de la santé eux-mêmes touchés par l’épidémie, le taux d’occupation des services de réanimation était de 78,79 % au 12 janvier, mais cette moyenne recouvre nombre de situations où les services de réanimation sont saturés : Martinique : 150,0 %, Mayotte : 150 %, Réunion : 113,5, Provence-Alpes-Côte d’Azur : 114,8 %. Les opérations considérées comme non-urgentes sont déprogrammées, avec des conséquences inévitables sur la dégradation de l’état de santé des patients écartés. Par exemple, au CHRU de Nancy, au 7 janvier, les 2/3 des services de réanimation sont occupés par des malades du covid, ne laissant plus qu’un tiers aux autres pathologies.
Le 12 janvier, plus de 52 millions de personnes disposaient d’un schéma vaccinal à jour, soit 2 ou 3 doses selon les dates de vaccination, correspondant à 91,3 % de la population majeure, mais avec des disparités. Ainsi, en Seine Saint-Denis, seuls 26,1 % de la population avaient reçu 3 doses de vaccins le 6 janvier, contre 46,5 % à Paris. Le 11 janvier, seuls 47,17 % de la population majeure de Guadeloupe avaient reçu au moins une dose de vaccin.
Macron, Castex et Véran manœuvrent cyniquement
Comme face aux vagues de contamination précédentes, Macron et son gouvernement ont une nouvelle fois fait preuve de leur incapacité à prendre les mesures nécessaires pour sauvegarder la santé de la population, en misant avant tout sur la continuité de la vie économique, c’est-à-dire au bout du compte sur le maintien de l’exploitation capitaliste. Macron l’a réaffirmé dans ses vœux du 31 décembre, il s’agit de « tout faire pour préserver l’activité du pays » et « d’éviter de prendre des restrictions qui pèsent sur notre liberté ». C’est pourquoi les mesures qui ont été prises concernant les établissements scolaires, la réduction de la durée des isolements en cas de contamination ou de cas contact, etc. vont dans le sens de la liberté des patrons à disposer de leurs salariés beaucoup plus que dans le sens d’une meilleure protection sanitaire.
Une directrice de recherches à l’Inserm et membre de l’Académie des sciences commente ainsi les mesures annoncées lundi 27 décembre pour endiguer la nouvelle vague épidémique de covid.
Au fond, j’ai la sensation que ce qui a déterminé les choix annoncés, c’est qu’on espère encore qu’Omicron va être « cool », qu’il s’agira d’une vague éphémère avec des cas peu sévères. Mais ce ne sont pas les signaux qui nous parviennent. A Londres, qui est très touchée par ce nouveau variant, les hospitalisations repartent à la hausse. […] La politique de gestion du Covid au niveau des écoles est nulle, il n’y a aucune annonce concrète. Ce que demandaient ces professionnels, c’était de laisser les établissements fermés début janvier pour se donner le temps de mettre en place les équipements nécessaires (aération des locaux, masques FFP2 pour les enseignants…), et aussi pour définir clairement les critères des quatre niveaux du protocole sanitaire. Jusqu’ici, ce travail n’a jamais été fait et les règles changent en permanence. […] Je pense qu’il aurait fallu intervenir quand Omicron a commencé à apparaitre en Europe. Le 15 décembre, Olivier Véran déclarait que la circulation de ce variant était maitrisée en France, mais il était évident qu’il allait se répandre. On aurait pu freiner sa propagation en commençant à agir à ce moment par précaution. Au contraire, on a joué à la roulette russe en espérant le meilleur, mais ce n’est pas comme cela qu’on fait une politique de santé publique. (Dominique Costagliola, Le Monde, 28 décembre)
Mais Macron ne s’en tient pas là ! Il refuse toujours de déclarer la vaccination contre le covid obligatoire pour tous, alors qu’elle l’est déjà en France pour 11 vaccins depuis 2018, ce qui serait une mesure simple, à caractère universel, à l’inverse de l’obligation vaccinale qu’il n’a réservée qu’à certaines professions, dans la plus grande incohérence. En revanche, il transforme le passe sanitaire qu’il a mis en place en aout 2021 en passe vaccinal car, déclare-t-il le 4 janvier au Parisien : «: Et bien là, les non-vaccinés, j’ai très envie de les emmerder ».
La manœuvre politicienne est aussi grossière dans le fond que dans la forme. Macron a poursuivi sans désemparer la politique de suppressions des lits et des services dans les hôpitaux publics, la suppression des postes. S’appuyant sur la participation des directions syndicales au « Ségur de la santé », mis en place pour enrayer la mobilisation des travailleurs hospitaliers, il ne leur a accordé que l’aumône.
Dans ces conditions, la situation n’a fait qu’empirer, les travailleurs des hôpitaux sont épuisés par les charges de travail, les salaires misérables et nombre de soignants quittent ou cherchent à quitter l’hôpital public. C’est donc à peu de frais que Macron se présente comme leur défenseur quand ceux-ci constatent, à juste titre, que ce sont les non-vaccinés qui entrainent la saturation des services de soins critiques.
L’ambigüité de plusieurs organisations d’origine ouvrières laisse le terrain aux fascistes
Inévitablement, une fois la provocation relancée, les antivaccins de tous poils se précipitent à nouveau dans les cortèges, comme cela était prévu, pour crier leur amour de « la liberté » (de contaminer), colporter les ragots les plus stupides contre les vaccins, au plus grand profit de l’organisation fascisante de Philippot (LP) ainsi que des groupes fascistes (AF, ER…) qui trouvent là une masse de manœuvre facilement manipulable. Ce d’autant que l’amalgame et la confusion sont entretenus entre l’opposition au passe vaccinal et l’opposition à la vaccination.
Samedi 8 janvier, 100 000 obscurantistes et complotistes ont défilé nationalement, selon le ministère de l’intérieur, toujours sous les drapeaux tricolores, parfois ceux des nationalistes régionaux. À Paris, le cortège était dirigé par LP, accompagné par un secrétaire national du syndicat France Police. En Italie, sous l’impulsion du groupe fasciste Forza Nuova, des manifestants antivaccins ont attaqué le 9 octobre à Rome le siège de la plus importante confédération syndicale, la CGIL. En Autriche, le parti fascisant FPÖ a organisé les manifestations du 9 janvier.
L’ambigüité des bureaucrates syndicaux CGT et SUD, des candidats Mélenchon (LFI), Poutou (NPA), Arthaud (LO) et Kazib (CCR-RP) qui, tout en se déclarant favorables à la vaccination, continuent de prétendre qu’il s’agit d’un choix individuel ou bien qui opposent les revendications légitimes des soignants pour mettre fin à la dégradation de l’hôpital public à l’exigence de la vaccination universelle, comme si les deux n’allaient pas évidemment de pair, fait le jeu de cette mobilisation dont le centre de gravité politique est constitué par les organisations fascistes et fascisantes.
Pourquoi LO évite-t-elle de se prononcer pour la vaccination de toute la population, en se contentant d’écrire :
Face à la cinquième vague, le gouvernement impose le passe vaccinal. Ce nouveau tour de vis stigmatise un peu plus les non vaccinés. (Lutte ouvrière, 27 décembre 2021)
Pourquoi le NPA déclare-t-il :
Nous défendons certes la liberté individuelle de dire non à la vaccination. (L’Anticapitaliste, 1er septembre 2021)
Pourquoi Mélenchon, l’ex-amateur de chloroquine, ne trouve-t-il rien à redire le 17 décembre à un piquet de grève, en réalité très minoritaire, devant l’hôpital de Pointe-à-Pitre qui arbore une banderole « ni une, ni deux, ni trois, zéro dose » ?
Que la population de la Guadeloupe et de la Martinique qui a subi le scandale de l’utilisation prolongée du pesticide chlordécone avec la couverture des autorités se méfie dès lors des annonces sanitaires gouvernementales est une chose. Que les organisations qui parlent au nom des travailleurs invoquent cette méfiance pour considérer que tout se discute, voire soutenir les antivaccins (dont la CGTG, Combat ouvrier…), en est une autre. Au contraire, elles devraient expliquer que dans le cas du chlordécone, les groupes capitalistes de la chimie et de l’agroalimentaire ont choisi délibérément, avec l’aval de l’État bourgeois français, de continuer à empoisonner les travailleurs des bananeraies et la population pour conserver leurs profits.
Dans le cas du covid, le capitalisme est responsable, non pas d’empoisonner les gens, mais de les priver de soins, et donc de la mort de millions de personnes parce que les vaccins ne sont pas accessibles aux pays pauvres et dominés, parce que c’est la loi des profits des groupes pharmaceutiques, de la protection des brevets, de la lutte entre les différents impérialismes. Voilà la vérité qui dégage les travailleurs des pressions obscurantistes, réactionnaires et complotistes, qui établit le lien avec la situation quotidienne des travailleurs de la santé qui affrontent la pandémie et leur souhait totalement justifié de voir l’ensemble de la population vaccinée.
Propriété privée ou santé
Plus le niveau d’instruction et le niveau de vie sont élevés, meilleur est le taux de vaccination. C’est une raison supplémentaire pour que toutes les organisations ouvrières s’engagent résolument pour la vaccination universelle au lieu de ménager la chèvre et le chou, laissant ainsi à Macron l’espace pour manœuvrer et permettant à la réaction de rassembler des troupes sur le terrain des antivaccins.
Il faut être clair. La vaccination a toujours été défendue par le prolétariat révolutionnaire. À quelques jours de son écrasement un arrondissement de la Commune de Paris organisa en 1871 une campagne de vaccination contre la variole, seul vaccin connu à l’époque, 50 ans plus tard le régime des soviets la rendait obligatoire.
Un décret sur la vaccination obligatoire fut promulgué et confirmé par le conseil des commissaires du peuple le 10 avril 1919, comblant ainsi une lacune capitale de notre législation sanitaire. (Nikolaï Semachko, « La conservation de la santé dans la Russie des soviets », Bulletin communiste, octobre 1920)
Il faut être clair. La responsabilité des syndicats et des partis qui briguent les voix des travailleurs est de mener une campagne résolue, immédiate, pour la vaccination des non-vaccinés, pour la vaccination universelle, pour que la vaccination contre le covid soit obligatoire au même titre que celles contre la rougeole ou la poliomyélite.
Contre la pandémie mondiale, la solution a des aspects nationaux, mais ne peut être qu’internationale :
- Vaccination gratuite universelle, fin des brevets sur les vaccins et les traitements, collaboration internationale pour la recherche et la production des vaccins et des traitements curatifs du covid et d’autres maladies épidémiques !
- Recrutement de travailleurs dans la santé publique, augmentation des salaires, paiement décent des médecins internes et des élèves infirmiers, diminution du temps de travail, titularisation des précaires !
- Expropriation, sous contrôle des travailleurs, des grandes firmes capitalistes du médicament, des équipements médicaux, des laboratoires d’analyse, des cliniques et des maisons de retraite privées !
- Gouvernement des travailleurs, Etats-Unis socialistes d’Europe, fédération socialiste mondiale !