Un réactionnaire complet
Avant d’avoir des velléités de présidence, il est courtisé tant par LR que par les fascisants. En janvier 2019, Laurent Wauquiez, au siège de LR, explique alors que le chroniqueur est « ici chez lui » ; en septembre de la même année, Marion Maréchal-Le Pen le convie à sa « convention de la droite ». Il est à la fois ami de l’ancien ministre de Sarkozy Gérard Longuet ou de son ancien conseiller Patrick Buisson et de Robert Ménard ou Jacques Bompard, deux francs-tireurs dans le giron du RN. Zemmour a un pied partout dans la réaction, copain de l’idéologue souverainiste Michel Onfray.
Avant de faire du racisme antimusulman son cheval de bataille, c’est sur sa misogynie qu’il capitalise en prônant un sexisme essentialiste. En 2006 il explique dans un opuscule minable que « l’homme est un prédateur sexuel, un conquérant » (Le Premier sexe, Denoël), les féministes auraient perverti la société en féminisant les hommes. Dénonçant le « lobby LGBT », il apporte son soutien à la politique homophobe d’Orban dans un meeting raciste à Budapest (baptisé Sommet de la démographie, 23 septembre) : « Notre priorité doit être de préserver et de renforcer les familles sur lesquelles nos nations sont bâties ».
Ravivant le mythe d’une France forgée par le catholicisme, il appuie les combats de l’obscurantisme. Lors de ce même meeting il explique aux cotés de Maréchal que « légaliser l’avortement a contribué au déclin démographique ». Lors des manifestations homophobes de 2012-2013, il a marqué des points chez les catholiques intégristes de la Manif pour tous. Il a même flatté les anti-vaccins.
Soucieux d’un récit historique nationaliste, il nie les crimes coloniaux et il réhabilite Pétain en soutenant la vieille farce de la défense des Juifs français (un mythe pétainiste démonté il y a longtemps, preuves à l’appui, par l’historien Robert Paxton). La ligne que le candidat entend pousser à son extrême pour capitaliser électoralement, c’est celle du danger migratoire et plus particulièrement de l’islam. Tel l’antisémite Édouard Drumont dénonçant à la fin du 19e siècle la mainmise juive sur la France, Zemmour explique le déclin de la puissance française par le noyautage de l’islam. Il est le porte-parole le plus bruyant du complot du « grand remplacement » du raciste Renaud Camus selon lequel une « élite » substituerait sciemment à la population « de souche » une non européenne, ce qui conduirait fatalement à un « changement de civilisation ». En campagne présidentielle en 1988, Jean-Marie Le Pen décrivait des femmes magrébines enceintes prêtes à « vaincre les Français ». Il use autant que lui de provocations : « Les migrants mineurs n’ont rien à faire ici, ils sont voleurs, ils sont assassins, ils sont violeurs. C’est tout ce qu’ils sont. Il faut les renvoyer. » (CNews, 29 septembre 2020). Poursuivi plusieurs fois devant les tribunaux (et parfois condamné à des peines légères) pour délit raciste, ce bouffon propulsé par un grand groupe de télévision en tire argument pour montrer qu’il est persécuté par « l’élite ».
La fille Le Pen a grandi dans un château entouré d’un parc, Zemmour est fortuné grâce à ses droits d’auteur qu’il gère via la société Rubempré qu’il possède, cela lui permet d’échapper à l’impôt sur le revenu en privilégiant l’impôt sur les sociétés, plus intéressant. Le même stratagème bien connu de la bourgeoisie avait été utilisé par le couple Zemmour pour investir dans l’immobilier en créant la société Zemmour patrimoine.
Une marionnette de la bourgeoisie
Cette idée du déclin du capitalisme français causé par l’immigration et par le « progressisme » a toujours attiré une partie de la petite et moyenne bourgeoisie en difficulté face à la concurrence capitaliste étrangère mais ce qui change est qu’une partie du grand capital (dont les entreprises sont multinationales, qui utilisent des paradis fiscaux, qui ne subissent aucune formalité de douane nulle part…), n’hésite plus à donner dans la xénophobie et la recherche de boucs émissaires, ce dont l’invention de Zemmour est un symptôme.
Parmi ses soutiens fortunés, le plus impliqué dans l’ascension du chroniqueur raciste est Vincent Bolloré, héritier d’une dynastie capitaliste de 200 ans et beau-frère de Gérard Longuet, qui a fructifié dans le transport maritime notamment en pillant les infrastructures portuaires africaines. Bolloré est un fervent catholique traditionaliste et finance des institutions religieuses parmi les plus arriérées.
Partisan d’une ligne politique à la fois rétrograde sur les mœurs et néolibéral en économie, il mise d’abord sur Nicolas Sarkozy. En ce sens, en 2012, il devient premier actionnaire du groupe de médias Vivendi et prend ainsi le contrôle de sa filiale Canal+. Il dicte dès lors la ligne politique des chaines de télévision de ce groupe (Canal+, C8 et CNews), en censure certains programmes et entame une épuration des journalistes récalcitrants. Le Zapping est déprogrammé et ses journalistes renvoyés pour avoir diffusé des extraits d’un documentaire sur l’évasion fiscale du Crédit Mutuel pourtant prohibé par le patron breton, les Guignols de l’info subiront le mème sort quelques temps après. Il fait monter les journalistes et éditorialistes conservateurs parmi lesquels Zemmour, et pousse à la thématique réactionnaire comme le 19 août 2021 lorsque C8 diffuse le film américain anti-avortement Unplanned. En bon capitaliste, Bolloré se montre toutefois pragmatique en politique. Il apporte son soutien à la liste du PS aux municipales de Paris de 2013, dont le maire sortant Bertrand Delanoë avait accordé à la filiale Autolib du groupe Bolloré le marché public de la voiture en libre-service. Après la présidentielle de 2017 et la défaite de LR, laminé d’un côté par LREM et de l’autre par le RN, il propulse sa propre créature, Zemmour, pour allier capitalisme débridé et xénophobie ouverte.
Mais le candidat fascisant protégé de Bolloré jouit également du soutien d’autres grands bourgeois, il est proche de Loïk Le Floch-Prigent, ancien président de Rhône-Poulenc, Elf, GDF et la SNCF, également directeur de cabinet sous Mitterrand. Prospectant pour sa future campagne présidentielle, il rencontre également Henri de Castries, ancien PDG d’AXA, président de l’Institut Montaigne, un des laboratoires d’idées du patronat, et membre de l’équipe de campagne de Fillon à la présidentielle de 2017. Il côtoie aussi les frères de Bentzmann, deux capitalistes de l’informatique dont le cadet Stanislas est un soutien financier du site d’information libertarien Atlantico. Il s’acoquine avec le PDG du groupe M6 et probable futur PDG de TF1 Nicolas de Tavernost. Autres grands patrons intéressés par la candidature Zemmour : Bernard Delpit numéro 2 de Safran et Edouard Stérin propriétaire du groupe Smartbox et de TheFork. Il jouit d’ores et déjà du financement de Le Floch-Prigent et de Charles Gave, un grand patron de la finance. Autre mécène annoncé, Laurent Meeschaert, ancien DRH de l’Oréal (un groupe à tradition historique de soutien aux fascistes) et financeur de la campagne de Maréchal aux régionales de 2015.
Zemmour annonce la création de son parti
Le protégé de Bolloré a besoin d’une structure politique pour les présidentielles, son embryon est incarné par l’Association des amis d’Éric Zemmour, agréée le 30 juin pour recueillir des financements par la Commission nationale des comptes de campagne et des financements politiques. L’AAEZ est dirigée par Antoine Diers, ancien responsable national de l’UNI (« syndicat » universitaire qui recourt à la violence physique contre ses adversaires) passé par LR. En guise de quartier général de campagne, l’association loue un 400 m² dans le 8e arrondissement de Paris. Un semblant de section jeune s’est également organisé autour de lui, la Génération Z, noyautée par les fascistes d’AF. Il a aussi reçu le renfort d’une chef des Gilets jaunes, Jacline Mouraud, du Mouvement conservateur (ex-Sens commun) affilié jusqu’au 3 décembre à LR et du parti catholique intégriste VIA de Jean-Christophe Poisson et Christine Boutin.
Le dimanche 5 décembre, à Villepinte, devant 13 000 participants, après avoir fait huer la presse, Zemmour annonce la création de son parti Reconquête.
Oui, grâce à vous tous, la reconquête est désormais lancée. La reconquête de notre économie, la reconquête de notre sécurité, la reconquête de notre identité, la reconquête de notre souveraineté, la reconquête de notre pays. Nous partons à la reconquête de nos villages abandonnés, de notre école sinistrée, de nos entreprises sacrifiées, de notre patrimoine naturel et culturel dégradé. Nous partons à la reconquête de notre pays, pour le retrouver.
Dans la zone des invités de marque, figurent plusieurs dirigeants du groupe fasciste dissous GI.
L’espace VIP reflète la diversité des soutiens du candidat. On y trouve les responsables de section de Génération Z, les Amis d’Éric Zemmour, des soutiens politiques, de Christine Boutin à Eric Naulleau en passant par Lorrain de Saint-Affrique, collaborateur de Jean-Marie Le Pen, ou Joachim Son-Forget (député ex-LREM), les influenceuses identitaires Juliette Briens, Thonia ou Bahia Stendhal… Et puis des cadres de l’organisation dissoute Génération identitaire : Aurélien Verhassel (Lille), Etienne Cormier (Lyon), Jérémie Piano (Aix-en-Provence), Edouard Michaud et Antoine Oziol de Pignol (Paris). (Politis, 6 décembre 2021)
Le service d’ordre, qui agresse plusieurs journalistes, comporte des fascistes de la Cocarde. En outre, les nazillons ZdP, après avoir attaqué les manifestants antifascistes aux bouches de métro et avoir été raccompagnés sans arrestation par la police au meeting, s’en prennent physiquement aux militants présents de SOS Racisme.
Pour le financement de la campagne, Julien Madar et Jonathan Nadler, deux anciens banquiers chez Rothschild organisent la collecte. Mais il s’appuie aussi sur le carnet d’adresse de la fachosphère, notamment par l’intermédiaire de Philippe Milliau, ancien du GRECE, du FN, du MNR et du Bloc identitaire, et fondateur de la web TV nationaliste TV Libertés, et Tristan Mordrelle, lui aussi ancien du GRECE et fils d’un nationaliste breton exilé en Argentine pour sa collaboration enthousiaste avec les nazis de 1940 à 1944.
Déjà protégé par le Service de la protection de la Police nationale, Zemmour a fait appel à la société de sécurité privée Ultreïa, fondée par Albéric Dumont, le vice-président de la Manif pour tous, à qui il fournit une liste de noms et de photographies d’indésirables.
Un ennemi de la classe ouvrière
Côté propositions politiques, outre le durcissement des conditions d’entrée en France pour les travailleurs et les réfugiés, il milite pour le renvoi immédiat « des immigrés qui ne s’assimilent pas », s’appuyant sur des précédents utilisés par la bourgeoisie française.
Dans les années 1930, on a renvoyé des immigrés polonais et italiens parce qu’ils étaient au chômage et on estimait qu’ils ne s’assimilaient pas. (CNews, 27 janvier 2021)
Lors de son meeting du 5 décembre, il précise qu’il souhaite expulser les immigrés qui n’auraient pas retrouvé du travail au bout de 6 mois de chômage.
La clique derrière Zemmour est favorable à un abaissement drastique des « charges des entreprises » (des impôts et cotisations des capitalistes), à un élèvement de l’âge de départ à la retraite à 64 ans, à un allongement du temps de travail hebdomadaire à 39 heures pour les fonctionnaires et certains secteurs privés. Il entend s’attaquer à la sécurité sociale qu’il qualifie d’«obèse » en traquant les « fraudeurs sociaux ». Il explique vouloir mettre fin à l’Aide médicale d’État et plus largement à toutes formes d’aide sociale aux étrangers. En guise d’éducation, il propose de retirer les allocations familiales des parents d’élèves perturbateurs et d’instaurer le port de l’uniforme à l’école dont le rôle est selon lui de « civiliser les barbares ». Sur le plan international, il est favorable à un rapprochement avec l’impérialisme russe de Vladimir Poutine. Dans le même sens, il souhaite une sortie du commandement intégré de l’OTAN.
En fait, la majeure partie de son « programme » économique, social et diplomatique recoupe les propositions du candidat de LR et du RN de 2017.
Autre proposition du candidat Zemmour, la fin de la redevance audiovisuelle, principale source de financement des groupes Radio France et France Télévisions contre qui Bolloré garde une rancœur tenace suite à la diffusion en 2016 d’un Complément d’enquête à charge contre lui et au recrutement en 2017 de l’équipe du Zapping après leur licenciement par le milliardaire. Il y ajoute une dose de démagogie poujadiste avec la suppression du permis à points et le rehaussement des limitations de vitesses sur la route.
Un acteur de la réaction montante
La tendance mondiale au déplacement vers la réaction des représentations politiques des classes dominantes (cléricalisme, ordre policier, xénophobie…) ébranle LR qui se voit non seulement coincé entre le RN et LREM, mais concurrencé par l’inattendu Zemmour. Son succès médiatique, l’attention que lui porte une partie de la grande bourgeoisie et la sympathie de l’électorat Fillon de 2017 semblent faire de Zemmour la boussole politique des candidats à la primaire de LR.
Éric Ciotti entend supprimer le droit du sol et souhaite un « Guantanamo à la française » : « Ayons le courage de dire que l’immigration de masse a provoqué une augmentation de la délinquance ». (Éric Ciotti, Le Point, 11 novembre 2021). Valérie Pécresse qui va l’intégrer étroitement à sa campagne, d’accord sur la fin du droit du sol, propose de faire intervenir l’armée dans les banlieues. Prudents, les dirigeants de LR avaient fait en sorte de fermer la porte de leurs primaires au sinistre journaliste, conscients que leur base le voit d’un très bon œil.
L’électorat LR partage un grand nombre des analyses et des constats d’Éric Zemmour sur le déclassement de la France, son décrochage économique, la perte de son influence dans le monde et la perte de sa souveraineté. (Étienne Blanc, sénateur LR, Le JDD, 24 septembre 2021)
En parallèle, au RN, on accepte mal qu’un néophyte concurrence la patronne sur des thématiques frontistes (d’ailleurs, Jordan Bardella, président par intérim du RN, emploie le terme de « grand remplacement »). Là aussi, la direction doit composer avec la sympathie de son électorat envers le polémiste nauséabond. Inquiet de la progression de Zemmour dans les sondages, le RN a décidé de l’attaquer sur ses excès mais cela ne plaît pas à tous.
Il ne faut pas oublier que nos adhérents étaient tous devant Zemmour à 19 h il y a quelques jours encore. (Un responsable RN cité par Huffington Post, 6 octobre 2021)
Le Pen père, lui-même évincé du RN pour ses outrances langagières, apporte son soutien à Zemmour, dont il partage la ligne économique, les propos racistes et les thèses négationnistes. D’ailleurs Zemmour est plus proche du dirigeant FN des années 1980-90 que ne l’est sa propre fille. Le succès médiatique et le soutien d’une partie du patronat dont jouit Zemmour ne doit rien à ses « qualités » personnelles mais tout aux contradictions grandissantes du capitalisme (faible croissance, crises économiques récurrentes, affaiblissement des Etats-Unis et montée de la Chine, renforcement de l’Allemagne au détriment de la France…).
Zemmour n’est pas la vague déferlante qu’il prétend, mais il est l’émanation de la volonté d’une partie de la bourgeoisie prônant qu’il faut davantage diviser le prolétariat, opposer les hommes aux femmes, les nationaux aux étrangers, les chrétiens aux musulmans, faire reculer plus vite les acquis sociaux, réprimer plus fort les exploités et les opprimés, protéger les frontières et glorifier le patriotisme économique. Zemmour et sa clique comptent capter une fraction de la petite bourgeoisie traditionnelle qui estime que le RN a raison, mais n’est qu’une machine à échecs électoraux, une fraction de l’encadrement qui estime que le gouvernement Macron, bien qu’allant dans le bon sens, est bien trop lent, une fraction des chômeurs et des salariés précarisés et paupérisés qui cherchent des boucs émissaires plus bronzés au sort que leur fait le capital. Pour autant, malgré l’affaiblissement de la crédibilité du parlementarisme miné par l’abstention croissante, la majorité de la bourgeoisie française se range encore derrière la démocratie bourgeoise, derrière Macron ou la candidate LR Pécresse pour conduire au mieux ses affaires et poursuivre sur une ligne de plus en plus réactionnaire sans avoir besoin de basculer dans le fascisme.
Le régime fasciste voit son tour arriver lorsque les moyens « normaux » militaires et policier de la dictature bourgeoise, avec leur couverture parlementaire, ne suffisent plus pour maintenir la société en équilibre. À travers les agents du fascisme, le capital met en mouvement les masses de la petite-bourgeoisie enragée, les bandes de lumpen-prolétaires déclassés et démoralisés, tous ces innombrables êtres humains que le capital a lui-même plongés dans la rage et le désespoir. (Trotsky, La Révolution allemande et la bureaucratie stalinienne, 27 janvier 1932)
Comment faire face à la vague xénophobe ?
La classe ouvrière doit toujours s’organiser indépendamment de la bourgeoisie et de ses partis, de son État et de sa police. Il est inutile de demander au gouvernement bourgeois ou au parlement l’interdiction des Zemmour et Le Pen, comme le fait le PCF, soutenu par LFI, avec le dépôt d’une résolution au vote, d’ailleurs rejetée.
Nous réclamons, dans le prolongement de la loi sur la liberté de la presse et de la loi Gayssot, qui réprime l’incitation à la haine raciale et la négation des crimes contre l’humanité, que soit rendue inéligible toute personne condamnée pour racisme… Ces délits portent atteinte à l’unité de la nation, menacent l’ordre public et les droits et libertés d’autrui. (Roussel, Intervention à l’Assemblée nationale, 2 décembre 2021)
Il est illusoire et dangereux d’en appeler à constituer un quelconque front des « démocrates » ou des « républicains » contre les Zemmour et Le Pen. En effet, si LREM critique Zemmour et Le Pen, c’est pour mieux couvrir Macron et le gouvernement ; si LR s’en démarque officiellement, c’est pour prôner en réalité une politique aussi réactionnaire. Si d’aventure, au deuxième tour de la présidentielle, ne restaient plus en lice que Macron contre Zemmour ou Le Pen, les mêmes partis réformistes et les mêmes directions syndicales nous referaient le coup pour la troisième fois d’appeler à voter pour le candidat bourgeois « républicain » pour faire barrage au prétendu fascisme. Mais qui, aujourd’hui, refuse les titres de séjour, envoie les flics contre les camps de migrants, fait lacérer les tentes, fait confisquer téléphones et couvertures, les jette dans les bras des passeurs avec tous les dangers afférents, jette la police sur les grévistes et les manifestations de travailleurs ?
Les réformistes et leurs adjoints centristes affirment qu’il faut être mesuré pour ne pas effrayer. Mais Zemmour, inspiré par l’exemple de Trump, ne s’embarrasse pas de modération. Ce n’est pas l’excès de radicalisme de ses organisations qui affaiblit et paralyse le prolétariat. La montée des démagogues réactionnaires et des partis fascisants s’explique d’une part par l’impossibilité pour le capitalisme du début du 21e siècle de faire espérer l’amélioration du sort du plus grand nombre et d’autre part par l’incapacité des directions actuelles de la classe ouvrière à ouvrir une perspective révolutionnaire, collectiviste et internationaliste.
Les travailleurs et les jeunes qui protestent contre les campagnes xénophobes de Zemmour et Le Pen ont raison. Ils doivent s’organiser pour protéger les manifestations contre la police et contre les groupes fascistes qui grenouillent dans leur sillage comme l’a prouvé le traitement des opposants au meeting de Villepinte. Et il faut traiter le problème à la racine.
Seule la classe ouvrière, organisée dans un parti révolutionnaire, pourra écraser les bandes fascistes et mettre fin aux attaques réactionnaires de toute la bourgeoisie, de ses partis et de son État.