La domination de la bourgeoisie
Reposant sur l’accumulation du capital, l’accroissement de la valeur, la recherche du profit, dans un cadre de concurrence entre capitaux, le mode de production capitaliste impose une division du travail entre la bourgeoisie qui gère des capitaux particuliers (les entreprises) et celle qui gère l’intérêt général du capital (l’État), sans parler de la couche parasitaire qui se contente d’empocher une part de la survaleur sociale sous forme de dividendes sans rien faire. En pratique, la plupart des capitalistes actifs s’occupent de leur propre entreprise (dont les plus importantes ont une dimension transnationale, illustrée par les groupes du CAC 40 de la Bourse de Paris), tandis que les hauts fonctionnaires s’occupent de l’État bourgeois dont les chefs des partis politiques bourgeois se disputent le sommet.
Toutes couches confondues, la bourgeoisie est minoritaire dans la société. La bourgeoisie domine d’abord la société par des mécanismes économiques (l’appropriation des moyens de production, la détention de la richesse, la création des emplois privés…), mais elle renforce aussi son contrôle de manière idéologique et politique par l’État, les principaux moyens d’information, le système de formation (en particulier les « grandes écoles »), des organismes professionnels (Medef pour le grand capital, CGPME pour le moyen), la mainmise sur la principale organisation d’agriculteurs (FNSEA), ses propres partis et la subordination des appareils des organisations nées des exploités (bureaucraties syndicales, partis « réformistes », mutuelles…).
Du bonapartisme au présidentialisme
En France, le cadre institutionnel d’exercice du pouvoir et de sa légitimation est la 5e République fondée en 1958 à la suite d’un coup d’État orchestré par un ancien général, de Gaulle, aussi amateur de référendums que Louis Bonaparte.
Le caractère bonapartiste de la 5e République s’est estompé, mais elle est restée un régime présidentiel. Le chef de l’État détient plus de pouvoir que le parlement, sans que celui-ci, élu au suffrage universel, soit réduit à la figuration. L’élection présidentielle est donc la consultation décisive. Comme l’électorat comporte une majorité de travailleurs (classe ouvrière, petite bourgeoisie traditionnelle, petite bourgeoisie salariée) même s’il exclut les travailleurs étrangers qui vivent dans le pays, les postulants au poste suprême doivent en tenir compte. La 5e République a montré une certaine souplesse en supportant l’élection d’un candidat non gaulliste en 1974 et l’élection du candidat d’un parti ouvrier anti-gaulliste en 1981.
Si la place d’un État décline dans la chaîne impérialiste, ce qui est le cas de la France (affaiblissement de plusieurs fleurons industriels, dont témoigne l’incapacité à produire un vaccin contre le covid-19 ; part déclinante dans les exportations mondiales ; écart économique grandissant avec l’Allemagne…), les tensions grandissent entre les partis, au sein des partis, dans les sommets de l’État.
Dans de nombreux pays, il faut ajouter, dans la compétition politique, des partis nés de la petite bourgeoisie, comme EELV ou Femu a Corsica facilement intégrés à la vie politique bourgeoise.
Les partis contemporains
L’existence de partis politiques bourgeois, le contrôle des médias de masse et la corruption des partis ouvriers sont d’autant nécessaires à la classe dominante que les élections ont lieu au suffrage universel.
La classe dominante se fracture en permanence en fonction de la taille des entreprises, selon la nature de leur activité, suivant leur champ géographique, etc. Sauf fascisme, la représentation politique de la bourgeoisie est plurielle. Comme les capitalistes eux-mêmes, les dirigeants des partis bourgeois peuvent être issus d’autres classes, en particulier des couches supérieures de la petite bourgeoisie. Ces formations ont nécessairement une base plus large que les capitalistes et elles ont vocation à tromper une partie des autres classes, au prix de discours adaptés et de concessions à telle ou telle fraction de classe non bourgeoise. La contrepartie est que les grands partis bourgeois sont non seulement opposés les uns aux autres, divisés entre eux mais hétérogènes, divisés en leur sein.
En France, le principal parti bourgeois de la 3e République, le Parti radical, n’est plus représenté que par des débris ; les principaux partis bourgeois sont Les Républicains (LR), le parti héritier du gaullisme ; La République en marche (LREM), le « mouvement » macroniste ; le MoDem et l’UDI, des survivances de la « démocratie chrétienne » ; le Rassemblement national (RN) de la dynastie Le Pen ; Unis sur l’essentiel, préserver l’exploitation capitaliste au compte de la bourgeoisie française, ils peuvent s’opposer vivement sur les manières de gérer les rapports avec d’autres bourgeoisies nationales et les relations avec les classes exploitées et subordonnées locales.
Les deux partis ouvriers bourgeois traditionnels sont le Parti socialiste (PS) que son appareil a vendu à sa bourgeoisie en 1914 et le Parti communiste français (PCF) livré par la bureaucratie de l’URSS à la bourgeoisie française en 1935. Depuis respectivement 1914 et 1944, ils participent à des gouvernements bourgeois. Ils mêlent le drapeau rouge de la Commune de Paris au drapeau tricolore des Versaillais, des conquêtes coloniales et du général de Gaulle.
L’aile « souverainiste » de la sociale-démocratie (le sénateur PS et ancien ministre Mélenchon, le député PS Dolez…) conçoit en 2008 le Parti de gauche comme un parti ouvrier bourgeois du même genre, leur disputant l’électorat des salariés, sur le modèle de Die Linke (Allemagne) et de Syriza (Grèce). Puis le chef suprême Mélenchon met sur pied en 2014 la France insoumise (LFI) sur le modèle de Podemos (Espagne), avec le renfort de renégats du trotskysme (Corbière, Coquerel, Obono…). Le mouvement populiste rejette le drapeau rouge.
Le principal parti « réformiste » demande aux travailleurs de faire confiance à l’Union européenne codirigée par l’impérialisme allemand et l’impérialisme français (PS), tandis que les autres partis sociaux-impérialistes font croire aux exploités que l’État français les protège (PCF, LFI). Tous convergent pour remplacer la classe ouvrière par « les gens » ou par « les citoyens ». Tous s’allient à des partis bourgeois (EELV, PRG, MRC…).
L’élection présidentielle de 2017
En 2015, Macron, le ministre de l’économie du président PS Hollande, ancien haut fonctionnaire et ancien cadre d’une banque d’affaires, prépare sa candidature à la présidentielle de 2017 avec le soutien de hauts fonctionnaires, de médias et d’une fraction du grand capital. Il publie un livre programme, Révolution (sic), en 2016. Il crée son propre parti, le « mouvement En marche ! », en captant une partie de l’appareil du PS et de celui de LR, plus quelques transfuges d’EELV. Il a réussi à mobiliser aussi des militants nouveaux, issus majoritairement de la classe intermédiaire salariée de l’encadrement (des jeunes cadres qui se sont reconnus dans la figure et le discours managérial de Macron) et dans une moindre mesure de la classe intermédiaire indépendante (des membres des professions libérales, mais peu d’artisans ou d’exploitants agricoles), ainsi que des étudiants se destinant à ces professions.
Le scandale qui a atteint, en pleine campagne présidentielle, le candidat de LR Fillon a assuré la supériorité électorale de Macron sur les candidats des deux partis mieux implantés qui avaient géré l’État bourgeois à tour de rôle depuis plus de trente ans : il arrive en tête du premier tour de l’élection présidentielle avec 24 % des voix. Au nom du moindre mal contre la candidate du RN Le Pen fille, Macron a été aidé au second tour par le PS et du PCF. Il obtient 66,1 % des suffrages exprimés, contre 33,9 % pour Le Pen.
Comme président, Macron s’est évertué à mériter son poste, en prouvant à la classe dominante qu’il serait plus efficace que ses prédécesseurs et rivaux pour « réformer » le pays et rétablir le rôle international de « la France ». Ses deux premiers ministres, Philippe (2017-2020) et Castex (2020-…) sont issus de LR.
La politique internationale de Macron
Au plan international, Macron tente de relancer l’Union européenne en lien avec l’Allemagne, mais Merkel refuse le budget de la zone euro, la mise en place d’une armée européenne. Face à Trump, il tente de préserver, en vain, l’accord avec l’Iran. Il continue à appuyer Israël (il assimile même l’antisionisme à l’antisémitisme et interdit une manifestation de soutien aux Palestiniens à Paris le 15 mai 2021), il maintient les bonnes relations avec les monarchies du Golfe (qui diffusent le fondamentalisme islamiste sunnite dans le monde et en France). Après la torture et le meurtre en 2018 du journaliste saoudien Jamal Khashoggisur ordre de Ben Salmane, Macron refuse de sanctionner l’Arabie saoudite. En 2019, il soutient le coup d’État de Guaidó au Venezuela (qui échoue). Les tensions avec la Turquie s’approfondissent en 2019, ce qui conduit Macron à déclarer l’OTAN en situation de « mort cérébrale », puis en 2020 avec le soutien à des camps opposés en Libye puis quand la Turquie menace la Grèce.
Macron poursuit l’intervention au Sahel, mais sans succès. En juin 2021, Macron annonce la fin de l’opération Barkhane après un coup d’État au Mali, qui ouvre les portes à l’Algérie et à la Russie, pour concentrer les moyens militaires là où se trouvent concentrés les intérêts de capitalistes français (Niger, Burkina Faso…).
Les tensions s’accroissent avec le régime algérien qui lui-même est confronté à des manifestations massives que la répression et la pandémie tarissent.
La politique fiscale de Macron
À partir de janvier 2018, des capitalistes étrangers sont reçus chaque année à Versailles, lors de Choose France, par le président en personne et des ministres pour les inciter à investir en France.
En matière fiscale, Macron et le premier ministre Philippe remplacent en 2017 l’impôt de solidarité sur la fortune (ISF) par l’impôt sur la fortune immobilière (IFI), au périmètre encore plus limité. Ils suppriment la taxe pourtant réduite visant les Français transférant leur domicile fiscal hors de France.
Les « prélèvements obligatoires » (taxation directe et indirecte, cotisations sociales…) pèsent de plus en plus sur les travailleurs. Par exemple, avant les nouveaux dégrèvements, en 2019, l’imposition totale des revenus des sociétés s’élevait à 73 milliards d’euros. À titre de comparaison, les impôts sur la consommation (TVA+TIPCPE) rapporteraient 115,9 milliards à l’État en 2022.
La baisse déjà réalisée de l’impôt sur les sociétés (de 33,3 % à 28 %) et la suppression de l’ISF (qui était limitée par un plafonnement et l’exclusion des « biens professionnels ») ont augmenté les profits empochés par les capitalistes moyens. Suivant la conjoncture, ils les dépensent (consommation de biens de luxe), ils l’épargnent (en fait sous forme de placements financiers, immobiliers, enregistrés par l’INSEE comme de « l’investissement », et de placement artistiques, considérés comme une dépense de consommation) ou ils l’investissent dans leurs entreprises (ce qui augmente leur emprise sur la société et l’exploitation des prolétaires). Macron justifiait la suppression par la dernière hypothèse, ce qui n’a même pas été le cas : ils n’ont pas jusqu’à présent investi dans leurs entreprises (Comité d’évaluation des réformes de la fiscalité du capital, 3e rapport, octobre).
En fait, les plus riches ne paient quasiment pas d’impôts sur leurs revenus, comme vient de le rappeler l’enquête internationale de journalistes Pandora.
Le système d’enregistrement et d’imposition des patrimoines n’a quasiment pas bougé depuis deux siècles, alors même que les actifs financiers ont pris une importance prépondérante. Le résultat est un système extrêmement injuste et inégalitaire. Si vous possédez un logement ou un bien professionnel d’une valeur de 300 000 euros, et si vous êtes endettés à hauteur de 290 000 euros, alors vous allez payer la même taxe foncière qu’une personne qui a hérité du même bien et possède de surcroît un portefeuille financier de 3 millions d’euros. Aucun principe, aucun raisonnement économique ne peut justifier un système fiscal aussi violemment régressif (les petits patrimoines paient de facto un taux effectif structurellement plus important que les plus élevés), à part le fait qu’on part du principe qu’il serait impossible d’enregistrer les patrimoines financiers. Or il s’agit non pas d’une impossibilité technique, mais d’un choix politique. (Thomas Piketty, « Après les révélations des Pandora Papers, il est plus que temps de passer à l’action », Le Monde, 9 octobre)
L’orientation des communistes est de revendiquer la suppression des impôts sur la consommation populaire et des cotisations des salariés, l’imposition progressive des revenus et des héritages, la nationalisation sans indemnité ni rachat de toutes les sociétés financières sous le contrôle des travailleurs pour pouvoir l’appliquer réellement.
Les autres mesures réactionnaires
Le droit du travail a été allégé en 2017 par ordonnances après concertation avec les « partenaires sociaux » : les négociations d’entreprise prennent le pas sur les accords interprofessionnels et de branches, la précarité de l’emploi est accrue (plafonnement des indemnités de licenciement, création du « CDI de projet », instauration de la « rupture conventionnelle collective »), la flexibilité du temps de travail accrue (travail le dimanche facilité, intérim et CDD moins encadrés…).
Concernant l’éducation, la seule concession sociale est la réduction des effectifs de cours préparatoire dans les quartiers pauvres. Le baccalauréat est dévalorisé en 2018 et les universités publiques étranglées tout au long du mandat.
Ils étendent l’espionnage de la population et diminuent les libertés (loi sur la sécurité intérieure, octobre 2017). Ils renforcent l’armée (loi de programmation militaire, juillet 2018). Ils restreignent l’émigration (loi immigration et asile, septembre 2018). Ils étendent les prérogatives de la police (loi sécurité globale, mai 2021). Ils interdisent une manifestation du POID le 5 juin 2021.
Les gouvernements Macron-Philippe et Macron-Castex continuent à fermer des lits dans les hôpitaux publics, même en période de pandémie de covid-19.
L’irruption des gilets jaunes
En juillet 2018, l’affaire Benalla éclate. En août 2018, Hulot quitte le gouvernement.
En octobre 2018, un mouvement populaire débute contre l’augmentation du prix de l’essence et du gazole (qui découlerait de la taxe carbone annoncée par le gouvernement Philippe) et contre la limitation de la vitesse à 80 km/h sur le réseau routier secondaire. Le mouvement est impulsé par des individus populaires sur les réseaux sociaux et des forums numériques, hors de tout contrôle démocratique. Plus tard, des assemblées sont organisées sur l’initiative d’une partie du mouvement ouvrier (NPA, LFI, PCF…), sans qu’elles structurent réellement un mouvement qui s’essouffle.
Le mouvement exprime le mécontentement de groupes sociaux qui ne se sentent représentées ni par le gouvernement, ni par le Medef, ni par les syndicats de travailleurs : petits patrons, travailleurs indépendants peu qualifiés, salariés de petites entreprises, chômeurs. Les femmes y prennent part massivement. Géographiquement, ils viennent surtout dans les petites villes ; par contre, le mouvement ne touche guère la Seine-Saint-Denis. Idéologiquement, les gilets jaunes sont opposés aux thématiques de Macron et de LREM ; politiquement, les participants se reconnaissent surtout dans Le Pen et dans une moindre mesure dans Mélenchon.
Des groupes fascistes participent au début, mais se heurtent physiquement à la mouvance anarchiste type Black blocs (BB). Les Gilets jaunes qui arborent un gilet de sécurité opèrent sur plusieurs modes :
- au début, le blocage des accès aux zones commerciales et industrielles des grandes villes qui empêche des travailleurs de faire leurs courses ou de se rendre au travail
- il laisse place à de simples occupations de ronds-points et à des opérations de péage gratuits sur les autoroutes,
- les manifestations le samedi dans les grandes villes,
- la destruction de radars routiers et les attaques de domiciles d’élus LREM.
1,7 million de personnes se seraient rendues uniquement sur des ronds-points, un demi-million uniquement aux manifestations et 700 000 aux deux. Les manifestants arborent généralement le drapeau tricolore, parfois des drapeaux régionaux, jamais le drapeau rouge. À cause de la nature sociale du mouvement (forte présence de travailleurs salariés sous hégémonie de petits bourgeois traditionnels) et de son type d’organisation (appel par les réseau sociaux), ils sont sensibles au complotisme et les mots d’ordre sont confus. Surnagent la baisse des taxes sur les carburants, le retour à 90 km/h, le rétablissement de l’ISF, la revendication de référendums (RIC), la démission de Macron…
Avant tout, le gouvernement Macron-Philippe répond, en arguant des détériorations commises lors des manifestations, par une violence policière inouïe : matraquages, abus de grenades de désencerclement, tirs tendus de grenades lacrymogènes, utilisation des lanceurs de balles « de défense » comme arme d’attaque. Entre 2 000 et 3 000 personnes sont blessées dont 82 grièvement (17 éborgnées, 4 mains arrachées…).
Un temps hésitant, le pouvoir bourgeois s’appuie sur la collaboration de classe des bureaucraties ouvrières pour reprendre la main. Les directions syndicales CFDT, CFTC, CFE-CGC, CGT, FO, UNSA et FSU condamnent « toute forme de violence dans l’expression des revendications » (6 décembre).
Le gouvernement recule en décembre 2018 sur la taxation du carburant et sur la limitation de vitesse, il annonce des mesures de revalorisation (dont augmentation de la prime d’activité), il annule la hausse de la CSG pour les retraités aux revenus inférieurs à 2 000 euros par mois, il défiscalise les heures supplémentaires. Macron lance en janvier 2019 un « grand débat national » avec l’aide des maires LR et PS. Le mouvement des GJ décline.
L’offensive contre les retraites
En avril 2018, le gouvernement Macron-Philippe confie à Delevoye (ex-LR) la consultation des « partenaires sociaux » pour préparer l’attaque sur les retraites qu’il avait annoncée comme candidat. Toutes les directions syndicales y participent, sans opposition des centristes (NPA, LO…). Delevoye remet son rapport en juillet 2019. Le gouvernement annonce un projet de loi pour liquider les régimes spéciaux, instaurer un âge pivot et une retraite à points.
Les travailleurs des transports publics et de l’énergie, en particulier, aspirent à la grève générale pour faire retirer le projet. Mais les bureaucraties syndicales (CGT, FO, FSU, SUD, CFE-CGC à l’échelle nationale ; CGT, UNSA, CFDT, SUD à la SNCF ; CGT, FO, UNSA, SUD, UNSA à la RATP), tout en continuant à négocier l’attaque en coulisse, appellent à des « grèves partielles » à la SNCF et à des « grèves reconductibles » site par site à la RATP.
Le 5 décembre, le 17 décembre 2019, le 24 janvier 2020, près d’un million de travailleurs salariés manifestent (alors qu’aucune de celles des GJ n’a dépassé 300 000). La répression des manifestations, troublées par les BB et des voleurs, est violente.
Le gouvernement dépose au parlement son projet de loi (toutes les attaques annoncées sauf l’âge pivot, remis à plus tard). La pandémie suspend l’examen du texte à l’assemblée nationale.
L’impéritie face à l’épidémie
En mars 2020, la pandémie de covid-19 prend l’État français au dépourvu. En 2011, le gouvernement Sarkozy-Fillon dont le ministre de la santé est Bertrand qui enclenche la suppression du stock national de masques pour faire des économies. Les gouvernements successifs ont étranglé des hôpitaux publics et le gouvernement Macron-Philippe poursuit cette destruction de 2017 à 2020. Même quand l’épidémie frappe l’Italie voisine, il ne prend pas de précaution (dépistage, achat de tests, masques, matériel de réanimation, ouverture de lits…) et ne déclenche pas une campagne détecter-isoler-traiter, comme si le virus allait s’arrêter à la frontière. Le 26 janvier 2020, la ministre de la santé Buzin explique encore qu’il n’y a pas besoin d’acheter des masques.
En février 2020, plusieurs foyers sont identifiés. Le gouvernement Macron-Philippe est lent à faire face. Il se contente de confinements limités et le nouveau ministre de la santé Véran déconseille le port du masque le 4 mars au plus grand nombre. En mars 2020, la première vague déferle dans l’Est, le Nord, en région parisienne et en Guyane, si bien que, le 17 mars, l’État impose les gestes barrières et le confinement général. Les EHPAD sont clos sur eux-mêmes. Les hôpitaux des régions les plus touchées trient les malades. Le gouvernement aide l’activité partielle, reporte le paiement des impôts et cotisations des entreprises, encourage le télétravail. Il ne réquisitionne pas les cliniques privées ni les hôtels.
Le gouvernement lance un « Ségur de la santé » de mai à juillet 2020 avec la caution de toutes les directions syndicales. Il augmente légèrement le salaire de certains travailleurs hospitaliers en juillet 2020 mais refuse de créer des postes pérennes. Le gouvernement Macron-Castex continue à fermer des lits dans les hôpitaux publics (5 700 sur l’année 2020). Par contre, il gonfle les effectifs de la police nationale, de la gendarmerie et de l’armée, modernise leur équipement.
Une deuxième vague se produit en septembre 2020. Les autres activités hospitalières sont ralenties. Le président annonce un confinement général le 30 octobre. Les tests deviennent accessibles. La sécu les rembourse, au plus grand bénéfice des laboratoires d’analyse (dont le réseau Eurofins Bio Lab) et des fabricants (Roche, Abbott, AAZ, Biomérieux, Biosynex, Eurobio…). Fin décembre, la vaccination commence (payée par l’UE à Pfizer, BioNTech, AstraZeneca et Moderna), réservée aux personnes âgées, très lentement faute de doses.
En janvier 2021, des mutants du coronavirus, plus contagieux que la souche d’origine, touchent la France. En février, la vaccination est étendue aux soignants. Le vaccin AstraZeneca est suspendu. La troisième vague sévit. Le 18 mars, le premier ministre Castex décrète un troisième confinement. En mai 2021 seulement, la vaccination est ouverte à tous.
En mai et juin 2021, les piquets et les manifestations de travailleurs de la santé se multiplient. L’été 2021, une quatrième vague touche surtout les non-vaccinés. Le 12 juillet, Macron impose la passe sanitaire pour certains lieux. Il annonce que les soignants seront contraints à la vaccination à l’automne, stigmatisant la « première ligne », alors que la vaccination universelle et gratuite, sur toute la planète, est la seule voie.
De janvier à octobre 2021, le gouvernement Macron-Castex ferme 1 800 lits supplémentaires dans les hôpitaux publics. Plus de 110 000 personnes sont mortes du covid, des dizaines de milliers souffrent de séquelles. Des dizaines de milliers de personnes sont mortes ou mourront d’autres maladies faute de dépistage et de soins à temps. Beaucoup des victimes directes et indirectes de la pandémie sont dues au capitalisme et au gouvernement bourgeois en place.
« Quoiqu’il en coûte »… en argent public
La crise économique capitaliste mondiale qui se profilait est précipitée. La France n’y échappe pas, malgré les mesures antérieures pourtant censées stimuler l’économie selon les charlatans keynésiens (déficit budgétaire national et politique monétaire accommodante de la BCE). En avril 2020, l’activité économique fléchit de 30 %.
Le projet contre les retraites est reporté. Les salariés sont encouragés à pratiquer le télétravail. De mars 2020 à septembre 2021, le gouvernement Macron-Castex protège presque toutes les entreprises : sous forme de subventions (pour 1/3) ou de prêts (pour 2/3). Sur 2020-2021, le total des « prêts garantis par l’État », du « dispositif d’activité partielle », du « fonds de solidarité », des exonérations de « charges » et de l’augmentation de la participation de l’État au capital d’entreprises publiques (EDF, AF-KLM…) s’élève à 230 milliards d’euros dont 165 à charge de l’État et 65 à charge de la Sécurité sociale.
Après la fin du « quoi qu’il en coûte », en septembre 2021, le gouvernement met en place plusieurs dispositifs :
- « plan national de relance et de résilience 2021 » de 50 milliards d’euros financé par l’UE, intégré au budget 2021
- « fonds de transition » de 3 milliards à partir d’octobre,
- « plan France relance» de 100 milliards intégré au projet de budget 2022,
- « plan France 2030 » de 30 milliards sur 5 ans.
Une conséquence du quoi qu’il en coûte (aux contribuables pour sauver le capitalisme français) est que la destruction du capital a été très réduite jusqu’à présent, même si elle peut s’accélérer avec la fin des aides. L’autre est le déficit budgétaire qui dépassait 2 % du PIB avant la double crise.
« Ségur », « Grenelle » & « Beauvau »
Du 25 mai au 10 juillet 2020, le gouvernement tient un « Ségur de la santé ». Toutes les organisations syndicales de salariés de la santé collaborent. Une petite augmentation de salaire est consentie, mais aucune création de poste dans l’hôpital public.
Le 3 octobre 2020, le gouvernement convoque des « États généraux des festivals » à Avignon, puis le 28 juin 2021 à Bourges. Les syndicats de salariés s’y retrouvent avec les patrons qui reçoivent plus des subventions.
Le 22 octobre 2020, débute un « Grenelle de l’éducation », en présence de tous les syndicats de l’enseignement public. Le 26 mai 2021, gouvernement accorde une prime à certaines catégories. Il annonce le renforcement de l’autorité des directeurs d’école élémentaire. À Marseille, le 2 septembre 2021, le président conditionne la rénovation matérielle de 50 écoles de l’agglomération à la « liberté » pour les directeurs de choisir leur personnel.
En février 2021, le gouvernement annonce un « Beauveau de la sécurité ». En mai, les organisations professionnelles de policiers manifestent avec le soutien des partis bourgeois d’opposition (LR, RN…) et du ministre de l’intérieur en personne, mais aussi de toutes les directions confédérales sauf Solidaires et de tous les partis réformistes. En septembre, le gouvernement, qui en recrute déjà en masse, cède à toutes les exigences des flics.
Les directions syndicales, les partis réformistes et certains centristes (LO, GR…) expliquent que les policiers et les gendarmes sont des travailleurs comme les autres. Mais comment expliquer que le gouvernement qu’ils dénoncent tous recrutent tant de policiers et de militaires, alors qu’il refuse de le faire pour les enseignants et même les soignants ?
La réaction antivacs
La politique du gouvernement, les scandales des médicaments alimentent, une méfiance que tentent de capter des protestations anti-passe et anti-vaccin à partir de la mi-juillet 2021. La « liberté » qu’ils invoquent est celle de contaminer, elle est réactionnaire, antisociale.
Pourtant, elles sont soutenues par des syndicats CGT ou SUD, ainsi que par LFI, le NPA, LO, le CCR-RP (la dernière scission du NPA), etc. sous prétexte qu’elles s’opposent à Macron. Mais comme l’ont prouvé, entre autres, le fascisme et l’islamisme, les ennemis des ennemis du prolétariat ne sont pas forcément ses amis.
La majorité des manifestants, contrairement au mouvement – déjà confus – des gilets jaunes, sont des petits patrons, des artisans, des commerçants, des déclassés. Parmi les promoteurs des manifestations du samedi, on trouve le fascisant Philippot, le complotiste Boutry, la députée exclue de LREM Wonner, la députée européenne EELV Rivasi, l’ancienne scientifique Henrion-Caude, l’avocat Di Vizio, « l’humoriste » Bigard…). Elles ont d’ailleurs l’appui du Parti des patriotes, de Debout la France, du RN, du PCD-de VIA, d’AF, de Civitas, de Reinfocovid et compagnie.
Les manifestations ne dépassent pas, à leur maximum, 300 000 personnes et déclinent rapidement.
Une reprise chaotique
Désormais, la crise capitaliste mondiale de 2019-2020 semble surmontée à l’échelle mondiale. La reprise entraîne une augmentation de l’énergie.
La reconfiguration de l’industrie automobile mondiale conduit à la fermeture dramatique de plusieurs usines en France. La croissance internationale et les modifications des chaînes d’approvisionnement et causent des pénuries conjoncturelles. Il n’y a pas de « circuit court » possible pour beaucoup de produits, pas seulement le pétrole et le gaz naturel.
Néanmoins, la reprise bénéficie aussi à l’économie française, même si les importations de biens repartent plus vite que les exportations, ce qui entraîne une détérioration du solde.
La croissance du PIB pourrait atteindre 6,3 % en 2021, ce qui lui permettrait d’atteindre son niveau antérieur avant la fin de l’année.
Les profits (mesurés par l’EBE des SNF de l’INSEE) sont en hausse et l’accumulation du capital (mesurée par leur taux d’investissement) a repris.
Le chômage reste élevé (8 % de la population active).
L’emploi salarié privé a retrouvé son niveau d’avant la crise en postes.
Mais le volume d’heures travaillées reste inférieur, à cause des temps partiels qui restent nombreux (240 000 emplois en juillet).
Le retour de l’inflation ?
Le déficit budgétaire et la politique laxiste de la banque centrale ont limité les faillites et donc limité l’ampleur de la crise. Ils sont incapables de stimuler l’économie car l’accumulation du capital dépend avant tout du taux de profit. Or, les politiques keynésiennes de stimulation artificielle aggravent certaines contradictions.
Si les banques anticipent la dépréciation significative de la valeur de la monnaie, elles vont augmenter le taux d’intérêt de leurs crédits, y compris pour les États les mieux notés. Le déficit budgétaire et la dette publique deviendraient plus coûteux. Pour l’instant, les taux d’emprunt consentis par l’État français pour l’émission des bons du trésor et des obligations sont très faibles, mais ils tendent à monter.
L’inflation est sans doute le résultat de la combinaison de la politique monétaire expansive menée par les banques centrales impérialistes et des goulots d’étranglement liés à la reprise économique mondiale. Elle reste encore modérée en France : un peu plus de 2 % au dernier relevé de l’Insee, avant la hausse du tarif de l’électricité (+0,5 %) au 1er septembre, du gaz (+12,6 %) au 1er octobre, des carburants.
Mais la hausse des prix était prononcée pour l’énergie et les produits frais, qui pèsent lourdement dans les budgets de la majorité des travailleurs.
Pour le gouvernement français (et la BCE dans la zone euro), il s’agit de ne pas briser la reprise capitaliste. Il continue de soutenir les capitalistes, mais en étant plus sélectif.
Sans pouvoir le dire ouvertement, il s’agit aussi d’empêcher la classe ouvrière d’en profiter pour exiger des augmentations de salaire qui pénaliseraient l’économie française dans la compétition internationale qui s’intensifie. Ainsi, le gouvernement refuse tout coup de pouce au smic, applique sa mesure, différée pour cause de pandémie, contre les chômeurs. Macron et LREM promettent de faire de même avec leur projet contre les retraites.
Le besoin impérieux de la classe ouvrière est la revalorisation du smic à 1 800 euros, l’augmentation générale des salaires et la garantie de leur pouvoir d’achat par l’indexation sur les prix.
La collaboration des bureaucraties syndicales
Les appareils syndicaux sont bien plus corrompus qu’au temps de la création de l’Internationale communiste et de la proclamation de la 4e Internationale. Les organisations professionnelles, de même que les grands partis politiques, sont plus financés par l’État que par leurs adhérents.
Cela passe par des subventions de l’État, des collectivités territoriales et du patronat (financement des comités d’entreprise, Fonds pour le financement du dialogue social…) mais aussi la rétribution pour la participation au Conseil économique, social et environnemental et à ses déclinaisons régionales, au Conseil d’orientation des retraites, au Conseil d’orientation pour l’emploi, au Conseil national de l’enseignement supérieur et de la recherche, à la Commission armée-jeunesse… Il faut y ajouter des postes dans des organismes internationaux et l’appartenance (rétribuée) des représentants syndicaux dans les organismes de gestion des entreprises (conseil d’administration, conseil de surveillance, conseil stratégique).
De cette cogestion et de cette intégration à l’État, découlent l’attachement de toutes les directions syndicales au capitalisme français, à « la nation », à « l’intérêt général », à la « république », leur syndicalisation des policiers, leur acceptation de négocier toutes les attaques contre les travailleurs salariés. La concertation avec le gouvernement et le patronat s’accompagne, pour certaines qui comprennent les travailleurs les plus combatifs (CGT et SUD), de la parodie des « journées d’action » et de la diversion, quand la lutte de classe s’intensifie, des « grèves reconductibles » site par site pour empêcher la véritable jonction des luttes, la grève générale.
La difficulté, pour les masses, de surmonter la collaboration de classe et la dispersion de la combativité tient au bloc qu’opèrent, autour des bureaucraties syndicales, les partis sociaux-impérialistes (PS, LFI, PCF…) et les organisations centristes (LO, NPA, POID, RP, POI…).
Pour autant, les communistes ne désertent pas les syndicats, ne les laissent pas aux mains des agents de la bourgeoisie, et y combattent pour la rupture avec le gouvernement, pour une orientation lutte de classe, pour un fonctionnement démocratique et pour la fusion en une seule confédération sur cette base. En aucun cas, ils ne peuvent limiter leur activité aux réunions de tel ou tel syndicat mais en appellent à tous les travailleurs (assemblées générales, etc.), à chaque fois que c’est possible.
Les élections entre deux présidentielles
Macron consolide sa victoire avec les élections législatives : sur 577 sièges, LREM obtient 313 députés et son allié MoDem 42. Mais les consultations suivantes ne confirment pas le succès du parti du président.
En mai 2019, lors des élections au parlement européen, l’abstention est importante (presque la moitié des inscrits). Les listes RN l’emportent (plus de 23 % des voix), devant celles de la majorité présidentielle (plus de 22 %) et d’EELV (plus de 13 %). LR s’enfonce dans la crise (moins de 9 %).
Les élections municipales se tiennent le 15 mars 2020, au début de la pandémie, avec seulement 44,7 % de participation. Le second tour n’a lieu que le 28 juin. C’est un succès pour EELV et un échec pour LREM. LR et le PS sauvent la mise.
Le 27 septembre, les élections indirectes (ils sont élus par des élus) qui renouvellent la moitié des sénateurs profitent surtout à LR. Le PS et le PCF y sont affaiblis, LREM ne perce pas. EELV peut reconstituer un groupe.
En juin 2021, lors des élections régionales et départementales, l’abstention bat un record (2/3 des inscrits), ce qui pénalise le RN. Elles consacrent la faiblesse de l’implantation de LREM. Une coalition nationaliste bourgeoisie l’emporte haut ma main en Corse.
Au fil des vicissitudes du quinquennat (désignation des listes, gilets jaunes, crise économique et sanitaire…), 29 députés et 5 sénateurs quittent LREM.
Malgré la réussite d’EELV aux élections européennes et municipales, la résistance du PS lors des élections régionales et départementales, leurs candidats ne semblent pas pouvoir prétendre figurer au second tour de la prochaine présidentielle.
La campagne présidentielle
L’actualité politique bascule vers la préparation de l’élection présidentielle du printemps 2022. La nécessité de porter de nouveaux coups à la classe ouvrière obligera le prochain président à renforcer encore l’appareil répressif de l’État. Elle pousse tous les candidats bourgeois à désigner des boucs émissaires, en général les étrangers ou les musulmans. Cela vaut pour ceux que les partis réformistes vantent comme des « républicains » ou des « démocrates », inclus le président-candidat qui se désigne encore comme « progressiste ».
Le Medef a témoigné de sa satisfaction à Macron lors de son université d’été en septembre 2021. Le président sortant table sur la reprise économique et sur l’affaiblissement de LR pour obtenir un deuxième mandat en 2022. Dans les partis politiques bourgeois, Asselineau affirme en avril 2019 sa candidature pour l’UPR, Le Pen en février 2020 pour le RN, Dupont-Aignan en septembre 2020 pour DlF. Se disputent les faveurs de LR, Pécresse, Bertrand, Barnier, Ciotti, Juvin, Payre. Outre que les deux principaux candidats l’avaient quitté pour prendre la tête de régions, un gros problème pour le parti héritier du gaullisme est la concurrence probable du journaliste pétainiste, mysogyne et xénophobe Zemmour. EELV, qui table sur la prise de conscience massive des problèmes de l’environnement, qui espère bénéficier de l’affaiblissement du PS et du rejet de Macron, désigne son candidat lors de primaires en septembre de 2021 (Jadot, mais de peu).
Les partis ouvriers bourgeois (PS, PCF, LFI) assurent tous aux travailleurs que la solution est dans les urnes. Le fait qu’ils défendent aussi le capitalisme en déclin et « leur » propre bourgeoisie les conduit à des méthodes qui ne sont pas différentes et même à renforcer la police et l’armée. Au-dessus de leur propre parti, Mélenchon déclare sa candidature en novembre 2020 et Hidalgo en septembre 2021. Le candidat du PCF Roussel surenchérit dans la veine sécuritaire, tandis que Hidalgo et Mélenchon pensent, à tort, pouvoir rivaliser avec EELV en renchérissant dans l’écologisme politique, que Mélenchon et Roussel estiment, à tort, affaiblir le RN en redoublant de nationalisme. En particulier, l’attitude des partis sociaux-impérialistes envers les étudiants et travailleurs étrangers est douteuse.
Les épigones français de feue la 4e Internationale présentent 3 candidats : Arthaud (LO), Poutou (NPA) et Kazib (CCR-RP). D’autres composantes sont ralliées à Mélenchon (POI, GR…). Non seulement tous ont en commun de capituler devant les bureaucraties syndicales (qui ne valent pas mieux que les appareils des partis ouvriers bourgeois) mais Arthaud demande plus de moyens pour la police (France Info, 15 septembre).
Pour le front unique sur un programme de transition
Il faut ouvrir au prolétariat, à la jeunesse travailleuse et étudiante, une autre perspective, collectiviste, radicale et internationale. Cela facilitera les victoires partielles qui permettront aux masses de prendre confiance dans leurs propres forces.
Le front unique ouvrier, le bloc des organisations ouvrières de masse reste une tactique pertinente pour faire face à toute attaque, tant économique que politique. Cette tactique est inséparable de la propagande pour un gouvernement ouvrier, pour un gouvernement des travailleurs.
Les communistes ne peuvent pas semer la moindre illusion sur la démocratie bourgeoise. Mais ils ne peuvent se contenter de la dénoncer, ils ont le droit d’en exploiter les contradictions et d’utiliser toute consultation électorale basée sur le suffrage universel pour défendre leur programme, construire leur parti et préparer la révolution.
La taille et l’implantation actuelles des communistes révolutionnaires les empêchent de présenter des candidats à l’occasion de l’élection présidentielle des 10 et 24 avril 2022 ainsi qu’aux élections législatives des 12 et 19 juin 2022. Ils seront donc contraints d’appeler à voter pour les candidats du mouvement ouvrier, au premier tour et éventuellement au second, en tout cas contre toute candidature des représentants politiques de la classe dominante.
Sans attendre l’élection présidentielle, le noyau marxiste doit combattre la cogestion des organisations syndicales dans les groupes capitalistes, leur participation aux négociations des attaques gouvernementales, revendiquer l’échelle mobile des salaires contre l’inflation, la réduction du temps de travail jusqu’à disparition du chômage, l’élection de comités de grève et leur centralisation, l’autodéfense des luttes et des organisations contre la police et les fascistes, la solidarité prolétarienne envers les travailleurs immigrés et les réfugiés, la défense des droits des femmes, l’arrêt des interventions impérialistes et la fermeture des bases militaires à l’étranger, de la défense de l’environnement, de l’expropriation des groupes capitalistes, du pouvoir des travailleurs et des Etats-Unis socialistes d’Europe comme premier pas vers le socialisme mondial.
Le combat des femmes pour l’égalité, pour le droit à l’avortement, contre la violence sexiste est justifié. Les victimes de toute discrimination ethnique, raciste ou religieuse ont le droit de se révolter. La laïcité est à achever, toutes les libertés démocratiques doivent être défendues et accrues. Les actions de la population contre la pollution, des consommateurs contre les escroqueries et les produits dangereux, des locataires pour obtenir un logement décent et la baisse des loyers, des jeunes pour pouvoir se former… sont légitimes.
Pour autant, la transformation de la société, la socialisation et la planification consciente de l’économie, la sauvegarde de l’environnement de l’espèce humaine, l’épanouissement de l’humanité ne peuvent résulter de l’addition improbable de toutes les protestations, même justifiées, et encore moins des réactionnaires (policiers, islamistes, anti-vaccins…). Pour que l’humanité survive et s’épanouisse, la seule force sociale révolutionnaire, la classe ouvrière doit agir pour ses intérêts et aussi se porter à la tête des combats de tous les exploités et de tous opprimés. Le prolétariat ne peut accomplir cette tâche historique qu’au moyen d’un parti de masse.
Le noyau communiste de ce pays continuera à œuvrer au rassemblement des éléments révolutionnaires actuellement dispersés et impuissants dans une organisation communiste internationaliste à l’échelle nationale et internationale, afin de construire une nouvelle internationale communiste et un parti ouvrier révolutionnaire dans l’État français.