C’est la valeur de marché qui règle le rapport entre l’offre et la demande ou qui constitue le centre autour duquel les fluctuations de l’offre et de la demande font varier le prix du marché. (Karl Marx, Le Capital, III, 1864-1875, ch. 10)
La pénurie de masques puis de vaccins
En outre, certains fournisseurs profitent du monopole que leur confère la détention de brevets, du déséquilibre entre offre et demande qui permet temporairement de vendre à un prix de marché plus élevé que la valeur de marché, pour engranger des surprofits.
Lorsque la demande a une intensité telle qu’elle ne se contracte pas lorsque le prix en arrive à être réglé par la valeur des marchandises produites dans les conditions les plus défavorables, ce sont ces dernières qui déterminent la valeur du marché ; ce cas ne se présente que lorsque la demande reste au-dessus. (Karl Marx, idem)
Cela vaut pour les firmes pharmaceutiques qui ont reçu des subventions et pillé la recherche publique pour mettre au point des vaccins contre le covid-19.
Les vaccins de Pfizer et Moderna, qui seront vraisemblablement les premiers autorisés par la FDA (l’agence du médicament des États-Unis), reposent lourdement sur des découvertes qui proviennent de la recherche fondamentale financée par les pouvoirs publics à l’échelle fédérale. (Scientific American, 18 novembre)
D’autres, ou les mêmes, escroquent. Il ne s’agit pas seulement des délinquants professionnels qui ont vendu aux collectivités locales des masques jamais livrés ou promis des vaccins à des individus aussi naïfs qu’inquiets qui ne sont que des contrefaçons.
La fausse piste de l’hydroxychloroquine
Depuis janvier 2020, les multinationales pharmaceutiques sont aux aguets, notamment pour le « repositionnement » d’anciens médicaments censés agir contre le covid-19.
Raoult, professeur à l’université d’Aix-Marseille, devient populaire en défendant dès le début de l’épidémie du covid-19 que la médecine doit « tester-tracer-isoler », contrastant ainsi avec l’attitude du gouvernement Macron-Véran jusqu’au lendemain du premier tour des municipales. Il dérape pourtant en prétendant avoir trouvé un traitement sans aucune base scientifique (un échantillon de 20 patients seulement !). Sa potion magique est une combinaison d’hydroxychloroquine, un antipaludéen, et de l’azithromycine, un antibiotique.
Par ailleurs la vitesse de réaction des Chinois dans la gestion des épidémies a été stupéfiante, en particulier dans son évaluation des molécules anti-infectieuses. Ils ont pu rapidement montrer que la chloroquine, un des médicaments les plus prescrits au monde et les plus simples, est peut-être le meilleur traitement des coronavirus et la meilleure prévention. Ce qui en ferait une des infections respiratoires les plus simples à prévenir et à traiter… Le risque que le coronavirus chinois change les statistiques de mortalité française ou mondiale est nul. (Didier Raoult, Épidémies, vrais dangers et fausses alertes, mars 2020, Laffon, p. 104-105)
Son remède ne vaut pas mieux que son pronostic : en un an, on compte dans le monde 1,8 millions de morts pour 81 millions de malades. Mais, à ce moment-là, Raoult soulève un tel espoir que les chefs du parti fascisant et d’un parti social-chauvin se le disputent.
Didier Raoult est trop mal aimé par les belles personnes pour ne pas éveiller l’intérêt… Je me suis approché avec gourmandise. Et je n’ai pas été déçu. (Jean-Luc Mélenchon, 27 mars)
Je ne comprends pas que le professeur Raoult qui indique que la chloroquine est utile dès les premiers symptômes, précisément pour éviter l’aggravation d’un certain nombre de cas, se retrouve avec une réponse du gouvernement qui lui dit : on va l’utiliser pour les cas très graves. (Marine Le Pen, 30 mars)
Le président de la République en personne vient le rencontrer à Marseille le 9 avril, bien que le gouvernement ait mis le 11 mars en place un conseil scientifique covid-19, alors qu’il disposait déjà de la Haute autorité de santé (2004) et de l’Académie nationale de médecine (1820). Trump (qui préconisait aussi l’eau de javel) et Bolsonaro (qui pensait que c’était une gripette) multiplient les louanges de la chloroquine.
La fondation de Raoult
Le groupe Sanofi était un partenaire de l’institut hospitalier Méditerranée infection.
L’hydroxychloroquine, en France, c’est Sanofi. Il n’en existe pas de générique. Le numéro un français de la pharmacie –partenaire financier par le passé de l’IHU– dispose depuis 2004 de l’autorisation de mise sur le marché de son médicament. (L’Usine nouvelle, 28 mai)
Méditerranée infection est en fait capitaliste. Juridiquement, l’IHU dispose d’un statut de « fondation » qui permet d’associer « privé » et « public », comme toujours au détriment de l’argent public et à l’avantage du profit. Il a parmi ses fondateurs le Service de santé des armées et les laboratoires Mérieux. Les membres du conseil d’administration de l’IHU comptent l’ancienne ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche de Hollande, Fioaraso (PS), l’ancien ministre de la santé de Chirac, Douste-Blazy (LR), le président actuel de la Région PACA, Renaud Muselier (LR). L’IHU détient 5 % du capital de plusieurs entreprises du médicament.
La dernière-née, Techno-Jouvence… Raoult en détient plus de 23 %. S’il investit, dit-il, « c’est que c’est sérieux ». Avant d’ajouter, amusé : « Il est possible que ça me rapporte de l’argent un jour ». (Paris Match, 7 novembre)
L’escroquerie du Remdesivir
L’Union européenne est victime d’une arnaque gigantesque de la part du groupe Gilead à l’automne. L’entreprise américaine est bien connue pour ses traitements contre le sida et surtout l’hépatite C dont le prix s’élevait à 84 000 dollars (70 000 euros). En mars 2020, elle relance l’antiviral Remdesivir qui a déjà fait la preuve de son inefficacité contre l’épidémie du virus Ébola en 2018.
Fin juillet 2020, la Commission européenne commande, pour l’UE, 30 000 traitements (1 traitement = 6 doses) de Remdesivir pour 63 millions d’euros, soit 2 100 euros par traitement. Le coût de fabrication d’une dose est estimé à 0,94 euro. En octobre, elle passe commande de 500 000 traitements. À ce moment-là, Gilead sait que son médicament est inefficace contre le virus Sras-Cov-2. Il vend une marchandise… qui n’a pas de valeur d’usage. Il est payé par l’impôt, supporté essentiellement par les travailleurs.
Les escroqueries des grandes entreprises alimentent la méfiance envers la science et les sites complotistes.
Les besoins de la population sont incompatibles avec le maintien capitalisme
Fin mai, faute d’essais probants, Véran gèle l’usage de la chloroquine en France, Raoult proteste et Méditerranée infection poursuit dans l’illégalité. Les États-Unis retirent, durant l’été, la chloroquine des médicaments conseillés. Enfin, l’Organisation mondiale de la santé déconseille la plupart des médicaments « repositionnés » après deux essais cliniques à grande échelle.
Les résultats préliminaires de l’essai clinique Solidarity, coordonné par l’Organisation mondiale de la santé, indiquent que les schémas thérapeutiques à base de remdesivir, d’hydroxychloroquine, de lopinavir/ritonavir et d’interféron semblent avoir peu ou pas d’effet sur la mortalité à 28 jours ou sur l’évolution de la maladie chez les patients hospitalisés. (OMS, Communiqué de presse, 15 octobre)
Qui croit que les chercheurs travailleraient moins bien si c’était pour la santé de l’humanité au lieu des dividendes des actionnaires et des rémunérations mirobolantes des manageurs des « labos » capitalistes ?
Pour mettre à la disposition de toute la population mondiale les vaccins (ceux contre le covid-19 et les autres) et les traitements, il faut concerter la recherche à l’échelle mondiale, supprimer les brevets de médicaments et de vaccins, exproprier les groupes pharmaceutiques et d’équipements médicaux !