Le surproduit est le surtravail des producteurs. Ces derniers travaillent plus que ce qui leur est nécessaire pour vivre, que la part des richesses qui leur est laissée. La classe exploiteuse vit du surproduit engendré par le surtravail de la classe productrice.
D’une manière générale, le surtravail, le travail en quantité plus considérable que ne l’exigent les besoins, est inévitable dans toutes les organisations ; mais dans la société capitaliste comme dans l’esclavage il repose sur un antagonisme, sur l’oisiveté d’une partie de la société. (Marx, Le Capital, III, 1864-1875, ch. 48)
Le patriarcat est apparu. La classe exploiteuse a créé l’État pour garantir son appropriation du surproduit de la société. L’État a incorporé les prêtres et les religions ont légitimé la division sociale, l’inégalité dans l’effort productif et la disparité inverse de la répartition des richesses.
C’est toujours dans le rapport immédiat entre le propriétaire des moyens de production et le producteur direct qu’il faut chercher le secret le plus profond, le fondement caché de tout l’édifice social et par conséquent de la forme politique que prend le rapport de souveraineté et de dépendance, bref la forme spécifique que revêt l’État à une période donnée. (Marx, Le Capital, III, 1864-1875, ch. 47)
L’histoire humaine est devenue celle de la lutte des classes.
L’histoire de toute société jusqu’à nos jours n’a été que l’histoire de luttes de classes. Homme libre et esclave, patricien et plébéien, baron et serf, maître de jurande et compagnon, en un mot oppresseurs et opprimés, en opposition constante, ont mené une guerre ininterrompue, tantôt ouverte, tantôt dissimulée, une guerre qui finissait toujours soit par une transformation révolutionnaire de la société tout entière, soit par la destruction des deux classes en lutte. (Marx, Manifeste du parti communiste, 1847)
La réalité de la lutte entre les classes sociales n’est pas une découverte du marxisme. À une période où la classe capitaliste avait à remplir un rôle historique au service du développement des forces productives, contre la superstition et contre la noblesse, certains de ses porte-paroles n’hésitaient pas à employer le terme.
Le troisième grand résultat de l’affranchissement des communes, c’est la lutte des classes, lutte qui remplit l’histoire moderne. L’Europe moderne est née de la lutte des diverses classes de la société. (Guizot, Histoire générale de la civilisation en Europe, 1828)
Cette généralisation historique procède du mode de production capitaliste.
C’est seulement le jour où le produit du surtravail prend la forme de la survaleur, où le propriétaire des moyens de production trouve en face de lui l’ouvrier libre comme objet d’exploitation et où il l’exploite dans le but de produire des marchandises, c’est alors seulement que le moyen de production prend la forme de capital. (Engels, Anti-Dühring, 1876-1877, II, ch. 7)
Le capitalisme domine progressivement la planète, brisant ou soumettant les rapports précapitalistes. Il incorpore la science dans les forces productives, il développe l’industrie, il internationalise l’économie, il crée la classe ouvrière. Mais, une fois cette œuvre accomplie, il se transforme en un frein au progrès.
À un certain stade de leur développement, les forces productives matérielles de la société entrent en contradiction avec les rapports de production existants… De formes de développement des forces productives qu’ils étaient, ces rapports en deviennent des entraves… Alors s’ouvre une époque de révolution sociale. (Marx, Contribution à la critique de l’économie politique, 1859)
Le maintien du capitalisme est désormais une menace pour l’humanité, pour la civilisation humaine. Depuis longtemps, la classe capitaliste n’est plus progressiste. Elle tend à se replier sur des frontières archaïques, à remettre en cause la démocratie, à revenir à la religion.
La lutte des classes devient emblématique des notions dont ceux qui en bénéficient souhaitent camoufler l’existence. Les gouvernements et les partis politiques bourgeois noient la classe ouvrière dans « la nation », « le peuple », voire une immense « classe moyenne » jamais définie.
Une classe moyenne forte est le fondement même d’une économie forte. Notre plan offre une aide réelle à la classe moyenne canadienne et à ceux et celles qui travaillent fort pour en faire partie. (Parti libéral du Canada, Plateforme électorale, 5 octobre 2015)
La plupart des partis bourgeois soumettent politiquement les exploités à l’État des exploiteurs par l’opposition aux étrangers. Les économistes keynésiens opposent « les producteurs » (des capitalistes industriels aux ouvriers en passant par les travailleurs indépendants) à « la finance ». Les « populistes », dont les fascistes, combinent les deux dans un complotisme qui fait de « la finance » quelque chose d’extérieur à la nation… alors que les fascistes sont financés en coulisse par le grand capital de leur pays.
Tous les défenseurs du capitalisme décadent, des réformistes aux fascistes, sèment l’illusion de la solidarité entre les travailleurs et leurs exploiteurs locaux au sein de l’État national.
La tâche historique de la classe ouvrière est de transformer les rapports sociaux par une révolution et d’ouvrir la voie au socialisme international, au contrôle des producteurs sur leur propre activité, à la disparition des classes, au dépérissement de l’État et à l’effacement des frontières.
En se rendant maîtresse de l’ensemble des moyens de production pour les employer socialement selon un plan, la société anéantit l’asservissement antérieur des hommes à leurs propres moyens de production. La société ne peut pas se libérer sans libérer chaque individu. (Engels, Anti-Dühring, 1876-1877, III, ch. 3)
Mais, pour se libérer du capitalisme, il ne suffit pas de reconnaître la lutte des classes, il faut la mener jusqu’au bout, jusqu’au renversement de la bourgeoisie par l’armement des travailleurs, la destruction de l’État bourgeois, l’expropriation, le pouvoir des conseils de travailleurs.
Celui-là seul est un marxiste qui étend la reconnaissance de la lutte des classes jusqu’à la reconnaissance de la dictature du prolétariat. (Lénine, L’État et la révolution, 1917)