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Les conceptions politiques que nous adoptons s’appuient autant sur l’analyse matérialiste, dialectique et scientifique de la réalité sociale que sur les expériences historiques révolutionnaires du prolétariat, c’est-à-dire sur le marxisme. Par conséquent, nous ne croyons à aucune orthodoxie obligatoire mais à la richesse de la pensée rationnelle et libre qui se développe et s’enrichit dans le débat démocratique entre égaux pour parvenir à une compréhension commune de la réalité et à l’unité d’action pour la transformer. Le débat entre égaux passe par un effort individuel de formation.
Au niveau programmatique général, voici les positions qui nous unissent :
Prolétariat et bourgeoisie
L’histoire de toute société jusqu’à nos jours est l’histoire de la lutte de classes antagoniques. Cette lutte de classe n’a pas été abolie par le capitalisme. Dans la phase impérialiste actuelle du capitalisme, les antagonismes de classe ont été simplifiés en deux camps ennemis principaux, le prolétariat et la bourgeoisie. La bourgeoisie possède les moyens de production, de distribution ainsi que la richesse morte accumulée de toute la société ; l’autre classe, le prolétariat, ne possède que sa force de travail, essentielle pour créer cette richesse, la renouveler et l’augmenter.
Par conséquent, la seule classe sociale qui peut renverser le capitalisme est le prolétariat. Celle-ci est constituée sociologiquement par les travailleurs qui ne sont pas propriétaires des moyens de production, les chômeurs et les retraités. La bourgeoisie et le prolétariat s’affrontent dans une lutte de classe permanente.
Classe et parti
La conscience de l’exploitation est nécessaire pour que le prolétariat devienne le protagoniste du changement social. La lutte des classes, l’organisation et la conscience de classe sont trois éléments inséparables qui se nourrissent les uns les autres et mettent la classe ouvrière en position de mener la construction d’une nouvelle société.
Le capitalisme ne peut être renversé que par un mouvement social profond : le prolétariat devenant, après sa victoire, l’élément moteur du processus de disparition des classes. Grâce à l’expérience, à la réflexion et à la théorie, nous savons que l’existence d’organisations politiques révolutionnaires, avec des approches stratégiques et tactiques claires, travaillant au sein des organisations de masse de la classe (syndicats et conseils ouvriers, de manière générique), est décisive dans la lutte pour le changement social. Un parti ne peut pas remplacer la classe ; mais la classe ne peut pas faire face à une tâche aussi consciente, ni individuellement ni collectivement, sans partis ou organisations révolutionnaires. Ceux-ci doivent apporter une compréhension collective en analysant la réalité sociopolitique, établir un programme de lutte et des positions politiques, apprendre de l’expérience immédiate et historique à diriger les luttes partielles vers l’objectif final de la prise du pouvoir par le prolétariat.
Les partis et les organisations de classe doivent avoir une structure et des valeurs qui préfigurent et annoncent celles de la société que nous voulons, mais ils doivent aussi nous permettre de répondre aux exigences de la situation concrète particulière de chaque classe ouvrière face à chaque État bourgeois particulier. Le parti révolutionnaire n’est pas la société future, c’est l’outil de lutte contre la bourgeoisie et son État, ici et maintenant.
Socialisme
La perspective générale de la société future que nous voulons construire : un socialisme basé sur la démocratie ouvrière, sur des conseils ouvriers élus et révocables à tout moment. Une république mondiale des conseils ouvriers qui sera l’opposé du monstre des dictatures nationales staliniennes et populistes qui ont souillé le nom de socialisme tout au long des 20e et 21e siècles.
Démocratie
La démocratie des conseils ouvriers que nous avons comme projet de société devra reposer sur un régime interne véritablement démocratique. Elle devra être dotée des libertés d’expression, de critique, de tendances, de partis, etc., pour le prolétariat, tout en maintenant l’unité d’action de toutes ses composantes indispensable sur le plan économique et dans la lutte contre les classes ennemies. Nous nous réclamons principalement des expériences historiques de la Commune de Paris (1871), du pouvoir des soviets de la Révolution russe (1917) et du pouvoir des comités de la situation révolutionnaire dans l’État espagnol (1936).
État
L’État capitaliste est le produit de l’évolution des anciennes formes d’État qui protégeaient la société de classes : l’État esclavagiste et l’État féodal. L’État apparaît avec la société de classes, produit de la différenciation sociale au sein du communisme primitif. L’État capitaliste ou simplement l’État actuel est l’organisation dont dispose la bourgeoisie pour garantir que la société fonctionne à son compte. La bourgeoisie contrôle le pouvoir législatif qui vote les lois, le pouvoir exécutif qui gère les ressources et la répression et le pouvoir judiciaire qui réprime les infractions. Tout cela sous prétexte de servir l’intérêt commun. Le monopole de la violence est l’essence de l’État. Les instruments qui garantissent en dernier ressort le maintien de l’ordre bourgeois et les privilèges de la classe dirigeante sont les corps répressifs (policiers et assimilés) ainsi que l’armée. La société que nous voulons créer fera disparaître cette structure oppressive – en même temps que les classes sociales – libérant l’administration des affaires publiques de son caractère d’outil de domination d’une classe sur une autre.
Collectivisme
Le collectivisme est le nom que nos grands-parents – dans une partie significative de l’État espagnol – ont donné à la gestion collective, sous un régime de démocratie ouvrière, des terres, des usines et de toutes sortes d’entreprises bourgeoises expropriées pendant le processus révolutionnaire de 1936-37.
Pour nous, le collectivisme, au sens large, est une structure politico-sociale fondée sur le pouvoir des conseils ouvriers fédérés, qui adopte des lois et prend des décisions gouvernementales sur la base de la démocratie ouvrière. Une structure qui se dote d’un système de planification et de distribution économiques.
Le terme de collectivisme, désigne, au sens strict, un projet de nouvelle organisation de la production qui assurera le fonctionnement économique de la société sur la base de la disparition de la propriété privée des moyens de production. Il fonctionnera grâce au moyen de collectifs de travaux dirigés par les travailleurs eux-mêmes et établira démocratiquement une planification économique et stratégique pour répondre aux besoins réels de la population.
Un système qui inclura des formes de distribution de produits et services allant de la gratuité à la rétribution en fonction de l’efficacité de l’heure moyenne du travail et qui conduira progressivement la société vers un communisme authentique, où chacun recevra selon ses besoins et contribuera selon ses moyens.
Le collectivisme est donc une autre façon d’appeler le socialisme, qui présente l’avantage d’éviter la confusion avec les courants réformistes qui se sont adaptés au capitalisme (social-démocratie, stalinisme et toutes leurs variantes).
Internationalisme
Notre objectif politique, social et économique est universel, tout comme le prolétariat et le capitalisme eux-mêmes. Nous proclamons le principe de l’unité et de la solidarité du prolétariat par-delà les frontières et les intérêts de toute fraction de la bourgeoisie de tout pays. Nous défendons, par conséquent, la nécessité pour l’organisation révolutionnaire internationale de préparer les conditions nécessaires pour coordonner et diriger la révolution à l’échelle mondiale.
Nous revendiquons l’héritage des acquis théoriques et de l’expérience révolutionnaire des internationales ouvrières internationales avant leur disparition (la première) ou leur dégénérescence (toutes les autres).
Notre internationalisme nous encourage à intégrer à notre programme la défense d’une langue internationale neutre (actuellement, l’espéranto) et la renforcer dans tous les groupements locaux, nationaux et internationaux.
Nations et nationalisme
Les nations sont un produit de l’évolution historique. Dans le capitalisme, elles ont été la base de la création d’États, entités du pouvoir de la classe capitaliste autochtone. Ces États ont opprimé et oppriment les nations soumises ou voisines. La lutte contre cette oppression pose un grave problème aux prolétariats de la nation dominante comme de l’opprimée, parce qu’elle peut les opposer et les diviser. La lutte contre l’oppression nationale doit donc être soigneusement inscrite dans une approche générale d’internationalisme prolétarien et d’indépendance de classe à l’égard des deux bourgeoisies.
Le nationalisme est particulièrement dangereux dans les nations dominantes qui s’en servent pour obtenir un soutien interclassiste à leur politique expansionniste, prédatrice et de défense de leurs privilèges. Mais il est aussi particulièrement trompeur et contraire aux intérêts du prolétariat de la nation opprimée, car c’est l’idéologie avec laquelle la bourgeoisie cherche à constituer un front interclassiste, qui finit toujours au compte des objectifs politiques de la bourgeoisie de la nation conquise ou de la nation dominante, ou des deux, mais jamais au profit du prolétariat ou des autres classes laborieuses.
Indépendance de classe
Les expériences historiques montrent que toutes les approches interclassistes à quelque niveau que ce soit mènent à la renonciation aux objectifs de la classe ouvrière et, par conséquent, au maintien de l’ordre bourgeois. La classe qui doit faire la révolution et construire la nouvelle société est le prolétariat entraînant à sa suite les autres classes laborieuses et les secteurs sociaux opprimés. Nous ne devons jamais oublier que la bourgeoisie, du fait de sa position économique et sociale, est toujours l’ennemie du prolétariat. Dans les questions générales qui peuvent concerner « toute la société » (par exemple, l’oppression des cultures nationales, des femmes, le racisme, la destruction de la planète…) il y a toujours deux réponses de classe différentes et elles sont opposées.
L’indépendance de classe a comme complément obligé la défense de l’indépendance de toutes les organisations ouvrières vis-à-vis de l’État ou de toute entité liée aux intérêts du capital, notamment les institutions religieuses. Dans le cas contraire, le mouvement est intégré à l’État bourgeois. Par l’intermédiaire de ses cadres, de son financement, de son idéologie elle-même, etc., la bourgeoisie récupère le mouvement et annihile sa capacité à lutter. Ce principe de base a été historiquement vérifié de nombreuses fois.
Programme et praxis
L’intervention d’un groupe dans son propre environnement immédiat (le territoire de l’État bourgeois auquel il s’affronte) est conditionnée par des circonstances locales et historiques spécifiques. La praxis correcte d’une organisation politique prolétarienne doit partir de l’analyse dialectique de ces conditions (économiques, politiques, sociales, luttes et relations entre classes, etc.). Cette analyse effectuée, le programme intégrera des propositions cohérentes qui, partant de la conscience et des besoins immédiats/actuels de la classe ouvrière, aideront les masses à trouver le chemin entre leurs revendications et le programme de la révolution socialiste qu’elles auront à réaliser lorsqu’elles conquerront le pouvoir.
Les grands axes de ces propositions incluront : la répartition du travail par la réduction du temps de travail sans perte de salaire, jusqu’à la disparition du chômage ; l’expropriation sous contrôle ouvrier des éléments stratégiques du fonctionnement de l’économie capitaliste ; la suppression de toute législation répressive et de limitation des droits démocratiques des travailleurs et des peuples, la dissolution des corps répressifs…
Notre praxis programmatique défendra les formes de lutte et d’organisation qui permettent le contrôle démocratique de la classe sur son propre mouvement et servent à contrecarrer l’action des organisations bourgeoises ou des complices politiques et syndicaux de celles-ci, qui trompent, divisent et paralysent constamment.
Ces formes de lutte et d’organisation sont essentiellement : le renforcement de l’organisation des luttes par des assemblées souveraines de tous les travailleurs, qui élisent des délégués révocables pour contrôler toutes les négociations et démanteler l’emprise des bureaucraties syndicales réactionnaires ; les comités d’usine unitaires qui exercent le contrôle ouvrier ; la coordination internationale des luttes ; le soutien aux initiatives collectivistes, etc.
En résumé, nous sommes déterminés à construire une nouvelle organisation révolutionnaire dans laquelle l’unité de la théorie et de la pratique nous permettra d’élaborer un programme d’action national et international.
Groupons-nous et, demain, l’internationale sera le genre humain !