Depuis plus de mois, les travailleurs se battent pour obtenir le retrait du projet de loi travail.
Ce projet de loi s’inscrit dans la politique que mènent depuis 2012 les gouvernements de Hollande. Tous leurs efforts sont tournés vers un objectif : améliorer la situation de la classe capitaliste française, à la fois face à ses concurrents à l’international et face aux travailleurs au niveau national. Quand Valls dit « J’aime l’entreprise », il ne dit pas devant des travailleurs, il le dit devant des patrons, ceux du Medef, mais aussi des patrons britanniques, des patrons allemands.
En 2015, les aides au patronat français se sont élevés à plusieurs dizaines de milliards d’euros. En contrepartie, et en toute logique, le gouvernement s’en prend aux travailleurs. Il encourage les baisses de salaires avec l’ANI, il diminue les pensions retraite, il affaiblit les prud’hommes et élargit le travail le dimanche avec la loi Macron, il gèle le point d’indice des fonctionnaires, il s’en prend aux chômeurs, avec le projet en cours de discussion.
Il attaque les libertés démocratiques, avec l’état d’urgence, avec la loi renseignement. Il s’en prend aux immigrés en expulsant à la pelle, en parquant les réfugiés dans des camps indignes, il s’en prend aux syndicalistes, en condamnant les Goodyear à de la prison ferme pour avoir défendu leurs droits.
Le projet de loi El Khomri est un couronnement de cette politique. Il s’agit de soumettre plus encore les droits des travailleurs au profit des entreprises. Le cœur de cette loi c’est l’inversion de la hiérarchie des normes, la primauté de l’accord d’entreprise sur les conventions collectives et sur le droit du travail. Cela revient à affaiblir sensiblement les droits des salariés, à renforcer le rapport de subordination limité par le code du travail.
Les grands axes de cette loi sont la possibilité de diminuer le salaire direct en limitant la rémunération des heures supplémentaires, de diminuer le salaire indirect en plafonnant les indemnités aux prud’hommes, d’augmenter la durée du travail jusqu’à douze heures par jour, de faciliter les licenciements, d’affaiblir les organisations syndicales avec le referendum d’entreprise.
Le gouvernement justifie cette loi en affirmant qu’une réduction des protections des salariés facilitera l’embauche. Il prétend que la diminution des coûts de licenciement faciliterait l’embauche, que les jeunes et les peu qualifiés trouveront plus facilement un emploi stable, que la grande majorité des embauches se font en CDD.
D’abord, aucune étude empirique sérieuse n’établit de lien entre coûts de licenciement et chômage. On nous dit que le nombre de chômeurs en Espagne a beaucoup diminué au cours des deux dernières années, que ce serait dû à l’accroissement de la flexibilité du droit du travail Ce qu’on ne nous dit pas, c’est que la croissance économique en Espagne depuis deux ans est de 3 %, c’est cela qui a créé de l’emploi, pas la flexibilité.
Ensuite, il n’existe pas de relation entre l’intégration des jeunes et non qualifiés, et le degré de flexibilité du marché du travail. Aux États-Unis comme en France, le rapport entre le taux de chômage des non qualifiés et le taux de chômage moyen est de 1,5, à droit du travail très différents.
Enfin, s’il est vrai que 85 % des embauches se font en CDD, il n’en reste pas moins que depuis 20 ans, 85 à 90 % des emplois sont des CDI. Surtout, quand on sait que 70 % des embauches en CDD se font pour moins d’un mois, on imagine mal qu’un CDD allégé changerait la donne.
Rien dans cette loi ne va aider l’emploi, au contraire elle va donner plus de pouvoir au patronat.
Le gouvernement a peur de ne pas pouvoir faire passer sa loi face au mouvement ; il provoque en imposant le texte sans débat à l’Assemblée nationale (49.3), il provoque en frappant les manifestants. Les travailleurs résistent, les cheminots, les routiers, les ouvriers des raffineries… sont en grève, les manifestations sont massives, malgré des journées d’action à répétition. On sait que ce n’est pas de cette manière qu’on l’emportera, au contraire, cela nous affaiblit. C’est avec la grève générale que nous inverserons le rapport forces, que le gouvernement cédera.