La crise révolutionnaire de 2010-2011 a été étouffée par l’assemblée constituante. Le parti Nidaa Tounes (NT, Appel de la Tunisie), qui recycle nombre d’anciens partisans de Ben Ali, accède au pouvoir en 2014.
Le gouvernement n’a satisfait aucun des besoins matériels élémentaires de la masse de la population. À cause des attentats djihadistes, le tourisme est en plein marasme. Le gouvernement maintient l’état d’urgence depuis un an. Le taux de chômage est officiellement de 15 % (de 30 % chez les diplômés du supérieur).
Les trafics des listes pour les emplois de la fonction publique exaspèrent. Le 16 janvier 2016, des travailleurs et des étudiants manifestent à Kasserine, dans le sud-ouest, une région paupérisée. Un chômeur meurt électrocuté. Les manifestations contre le chômage s’étendent dans tout le pays et visent souvent des bâtiments officiels. Les travailleurs sans emploi crient : « Emploi, liberté, dignité ! », « L’emploi est un droit, bande de voleurs ! », « Du travail ou une autre révolution ! ». Le gouvernement décrète le 22 janvier un couvre-feu qui n’est pas respecté. Des ouvriers de la construction et des journaliers de Béja rejoignent les manifestations, exigeant des papiers et des conditions de travail normales.
Pour désamorcer la colère, le porte-parole du gouvernement annonce précipitamment la création de 5 000 postes. Des files de postulants se forment devant les mairies. Le lendemain, le gouvernement dément.
Le 21 janvier, le Premier ministre Habib Essid (NT), quitte le forum capitaliste de Davos. Le gouvernement français, lui-même incapable de résoudre la plaie du chômage, tente de voler à son secours.
François Hollande a de son côté annoncé un plan de soutien d’un milliard d’euros sur cinq ans pour aider les régions défavorisées et la jeunesse, en mettant l’accent sur l’emploi. (Les Échos, 22 janvier)
Après une semaine de manifestations, le calme revient. Pour combien de temps ?