Entre les deux, se trouvent des classes intermédiaires, la petite bourgeoisie. La petite bourgeoisie traditionnelle comprend les travailleurs indépendants (professions libérales, exploitants agricoles, artisans, petits commerçants et auto-entrepreneurs) qui vendent directement sur le marché le produit de leur propre travail. La petite bourgeoisie salariée est composée de l’encadrement (à qui le capital donne délégation sur les autres salariés des entreprises), des fonctionnaires (dont le produit du travail n’est pas une marchandise) et des corps de répression. En outre, dans la société, figurent les déclassés et le personnel domestique (qui s’apparente au prolétariat).
La bourgeoisie a joué dans l’histoire un rôle progressiste, notamment en développant l’industrie, la science et les techniques et en accélérant à un rythme foudroyant la productivité du travail humain, en internationalisant l’économie. Le capitalisme est le premier mode de production de l’histoire qui laisse entrevoir la possibilité d’une société d’abondance pour tous. Lors de sa phase ascendante, la bourgeoisie a détruit avec la plus grande résolution les structures économiques, sociales et politiques qui faisaient obstacle à sa progression. Elle jouait un rôle révolutionnaire en renversant les anciennes classes exploiteuses, en mobilisant contre elles la masse du peuple.
Des socialistes utopiques (Saint-Simon…), des anarchistes (Proudhon, Bakounine…), des populistes, des staliniens (Mao, Hô, Guevara, Pol…), des révisionnistes du trotskysme (Bensaïd…) ont prétendu que ce sont d’autres classes qui conduiront à la nouvelle société mais (les technocrates, les artisans, les paysans, les bandits, les étudiants, etc.). Pourtant, la petite bourgeoisie n’a jamais joué un rôle réellement indépendant. Parfois, comme en 1848, elle se sert du prolétariat comme force d’appoint, pour l’abandonner face à la réaction. Lors des crises économiques, les petits-bourgeois peuvent se retrouver ruinés, mais si le prolétariat ne propose pas des mesures énergiques pour les soustraire à la misère, ils peuvent facilement se laisser embrigader par les mouvements les plus réactionnaires et servir d’auxiliaires contre le mouvement ouvrier, les minorités ethniques ou religieuses…
À l’époque du déclin du capitalisme, la classe ouvrière est la seule classe révolutionnaire. Elle peut et doit entraîner dans la révolution les couches inférieures de la petite bourgeoisie semi-exploitée et la majorité de la jeunesse en formation. Ne possédant pas de moyens de production et travaillant souvent sur un mode collaboratif, les prolétaires sont ouverts à la perspective d’abolir la propriété privée des moyens de production et de la remplacer par l’association des producteurs.
Le travail est confronté quotidiennement au capital, par le chômage ou par l’exploitation. Leur condition pousse les travailleurs salariés à se coaliser en syndicats, à faire grève pour améliorer leur salaire et leurs conditions de travail… Ils s’en prennent directement aux profits qui font vivre toute la bourgeoisie. Ils se révèlent les meilleurs combattants de la démocratie abandonnée par la minorité capitaliste. Ce faisant, ils tracent la voie vers l’expropriation des exploiteurs et leur propre pouvoir (Commune de Paris en 1871, soviets russes en 1917…). Un véritable gouvernement ouvrier et paysan ne peut survivre à la réaction qu’en étendant la révolution socialiste aux autres pays.
Pour en finir avec la guerre, la misère et le chômage, pour échapper à l’obscurantisme et au fascisme, pour assurer l’avenir de l’humanité, il n’y a qu’une voie : unir internationalement la classe ouvrière pour en finir avec le capitalisme et aller vers le communisme grâce à la dictature du prolétariat.
Que les classes dirigeantes tremblent à l’idée d’une révolution communiste ! Les prolétaires n’y ont rien à perdre que leurs chaînes. Ils ont un monde à y gagner. (K. Marx & F. Engels, Manifeste du parti communiste, 1848)