(Version espagnole / versión española)
Les grandes luttes d’exploités sont de retour. Une série de syndicats d’entreprise combatifs, quelques provinces et régions, les prolétariats agricole et minier, les secteurs jeunes radicalisés, ont affronté le patronat et l’Etat, ouvrant ainsi une nouvelle période de montée révolutionnaire. Dans le même temps, le président Humala et son Partido Nacionalista Peruano (Parti nationaliste péruvien) ont continué à massacrer les militants ouvriers et populaires, comme l’avaient fait tous ses prédécesseurs.
La protection scandaleuse que le gouvernement accorde à ses maîtres a connu son apogée à Islay, où règne la Southern Copper du second multimillionnaire du Mexique. Tout le pays est vendu et continuellement pillé. Ainsi le gouvernement continue de faire des cadeaux aux plus grands intérêts capitalistes, en se couchant, par exemple, devant l’Organisation pour la coopération et le développement économique et devant l’impérialisme chinois. Dans l’OCDE, les bourgeoisies impérialistes des États-Unis, de l’Union Européenne, du Canada, du Japon, de l’Australie, s’associent aux classes dominantes des pays les plus faibles de l’Europe et de quelques pays pauvres pour piller les peuples. C’est là où l’humalisme cherche à entraîner le Pérou, avec la complicité des autres partis du Congreso (Congrès, le parlement). Celui-ci a d’ailleurs accordé au gouvernement de légiférer en faveur des multinationales, des banques et de la bourgeoisie agro-exportatrice, au risque de perdre tout son prestige comme avant lui Toledo et Garcia.
La Red et la lutte des classes
Dans le processus de remontée des luttes, le rôle de la Red Solidaria de Trabajadores – Peru (Réseau solidaire des travailleurs – Pérou), qui coordonne et mobilise des syndicats sur une ligne de classe antibureaucratique, a été essentiel. Les syndicats qui en font partie s’engagent avec la même fermeté au travers de manifestations de soutien mutuel contre les abus de chaque patron et contre les lois anti-ouvrières. Il est cependant nécessaire, face aux attaques des patrons et des partis bourgeois, de passer des revendications défensives à la lutte pour des conquêtes essentielles pour la classe. L’abrogation de certaines lois extrêmement défavorables est urgente, mais cela seul ne nous permet pas de nous grouper autour d’exigences centrales à caractère anticapitaliste. Il est essentiel d’inclure dans une plateforme de classe, un ensemble de points clés, de portée historique.
Il est également crucial de progresser sur les méthodes de lutte. De dépasser la seule participation solidaire aux piquets de défense de chaque syndicat et aux mobilisations unitaires, pour passer à des actions radicales unifiées de tous les syndicats membres, actions dans lesquelles les travailleurs doivent décider des voies et moyens de forcer le patronat et l’État à faire des concessions immédiates importantes. La grève illimitée est la méthode naturelle du syndicalisme de classe, son adoption est toujours un exemple pour les masses, mais elle doit être accompagnée d’autres mesures efficaces qui permettent de vaincre à court terme, avant que la grève ne commence à user les travailleurs.
Un autre point vital est celui du fonctionnement organisationnel. Un organisme de masses est solide et puissant quand les organismes de base qui le constituent sont en contact permanent et que des assemblées communes sont régulièrement organisées, afin de garantir la plus grande participation possible et la démocratie syndicale la plus authentique. Par ailleurs, en toute circonstance il faut s’ouvrir et maintenir les réseaux pour recevoir la solidarité des organisations ouvrières de base non membres de la Red et des organisations populaires en général, comme avec les efforts pour créer le « Front unitaire de lutte » qui devrait s’étendre et être consolidé. Toute l’histoire de notre mouvement de masses démontre que les assemblées ouvrières doivent avoir leur prolongation dans des assemblées populaires de la zone. Et en relation avec l’origine d’emblée nationale de la Red, la situation nationale de reprise du mouvement des masses rend indispensable le développement de ses liens et de son organisation à un niveau supérieur, à un niveau national.
L’émergence des luttes et la CGTP
La nouvelle situation est née sans participation de la direction de la CGTP, dont l’appareil bureaucratique, loin d’ouvrir une voie à la combativité prolétarienne, l’a abandonnée à son sort, en démissionnant de sa responsabilité. Il faut se souvenir de quelle façon, toute l’année passée, la bureaucratie a alterné un immobilisme favorable au gouvernement avec la seule exigence inutile de démission du ministre des Finances. Comme si le problème des masses travailleuses n’était pas le système capitaliste et l’État de la bourgeoisie, mais un officiel subalterne. Tout de suite, comme c’est devenu une habitude, elle a appelé à une grève nationale de 24 heures, sachant fort bien qu’un seul jour de grève ne peut pas arracher de conquête significative, tout en essayant d’apparaître comme une direction conséquente, alors qu’elle se comportait de la façon la plus servile vis-à-vis de la classe dominante et de ses gouvernements.
Pour couronner sa pratique habituelle de sabotage, non seulement la bureaucratie déserte les luttes, mais elle les calomnie et les agresse, en particulier la Red. La majorité des syndicats qui constituent la Red sont membres de la CGTP et les autres le seraient, si cette confédération n’était pas confisquée par la clique du Partido Comunista Peruano (Parti communiste péruvien) et de Patria Roja (Parti communiste du Pérou-Patrie Rouge). De plus, cette bureaucratie calomnie les structures de base en les accusant d’essayer de créer une autre centrale, alors que c’est elle-même qui repousse les travailleurs de la CGTP. En fait, la bureaucratie syndicale reproche à la Red d’être dévouée, combative, conséquente.
Le mouvement des opprimés a besoin d’une méthode qui soit à la hauteur de l’affrontement historique avec la classe bourgeoise. Cette méthode ne sera jamais les paralysies brèves et occasionnelles. Les peuples ont appris par leur propre expérience que c’est la grève illimitée. C’est seulement par la grève générale illimitée que nous pourrons enfoncer un coin dans la politique du gouvernement, que nous pourrons lui porter des coups sévères, que nous pourrons le chasser et progresser dans la lutte pour un État des travailleurs. La CGTP a le devoir d’organiser un tel mouvement, mais sa direction est une adversaire du combat de classe des masses. Elle a aussi le devoir d’appeler à former un véritable commandement unitaire du mouvement ouvrier et populaire, élu par les assemblées, et d’appeler à créer un organisme de pouvoir comme une assemblée populaire nationale. Mais les organisations de notre classe devront assumer les tâches que leur direction officielle refuse et leur dénie. C’est pour cet objectif que nous nous adressons aux masses avec notre revue communiste. Lucha Marxista (Lutte marxiste) est depuis 15 ans dans les rues aux côtés du peuple travailleur.
• Pour une grève générale illimitée !
• Dehors le gouvernement et le Congrès !
• Pour un gouvernement ouvrier, paysan et populaire !
28 juin 2015
Revolución Permanente [Révolution permanente]