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En Europe, les gouvernements et les médias commémorent, au nom de la démocratie, la fin de la 2e Guerre mondiale. Outre les jeunes travailleurs sous l’uniforme morts par millions, la population civile en avait payé le prix : bombardements, déplacements et migrations forcés, viols, détention en camps, extermination ethnique…
La barbarie n’a pas disparu avec la victoire de l’Armée rouge sur le régime nazi. En avril 2015, il y a 38 millions de personnes déplacées dans leur propre pays. Il y a plus de 14 millions de réfugiés, ayant quitté leur pays pour des raisons de guerre ou de persécution. En 20 ans, 30 000 personnes sont mortes dans la mer Méditerranée en tentant de rejoindre les côtes européennes. Le 23 avril, 800 personnes sont mortes d’un seul naufrage. 600 000 personnes sont emprisonnées, sans avoir commis le moindre délit, dans des « camps de rétention pour migrants ». Les gouvernements bourgeois européens « démocratiques » de Merkel, Hollande, Cameron, Renzi, Rajoy… appliquent le programme des Pegida, du FN, du BNP, de l’UKIP, du FPO, des PS (Vrais Finlandais), du Jobbik, de l’XA (Aube dorée), du PVV, des SD… : l’apartheid et le génocide des Arabes et des Noirs.
La responsabilité n’est pas seulement celle des crapules capitalistes qui gèrent le trafic clandestin. Elle est avant tout celle des respectables bourgeoisies européennes qui ferment les frontières de leur État. Chacune établit ses règles : par exemple, l’État français s’est engagé à accueillir 500 réfugiés syriens, alors que la Jordanie en accueille 620 000, le Liban 1,15 million, la Turquie 1,7 million. Quand les bourgeoisies démocratiques européennes collaborent, elles ne le font pas pour secourir les réfugiés, mais pour les refouler à travers le dispositif Frontex. Les autres grandes puissances (États-Unis, Chine, Japon, Russie…) restreignent aussi l’accès de leur territoire aux pauvres. Ainsi, 10 000 migrants d’Amérique latine sont morts depuis 20 ans en tentant de passer la frontière entre le Mexique et les États-Unis. 6 000 migrants De Birmanie et du Bangladesh errent actuellement dans le golfe du Bengale. Par contre, sans parler des capitaux, les plus riches circulent, eux, librement à travers toute la planète en yacht et en jet privé.
Le système impérialiste mondial, c’est-à-dire les groupes capitalistes mondiaux et les États qui servent les intérêts des capitalistes de leur pays (États-Unis, Chine, Allemagne, Japon, France, Grande-Bretagne, Russie…), maintient la plus grande partie du monde dans la misère. Les États impérialistes, non seulement testent leurs moyens de destruction sur les populations d’Afrique et d’Asie, mais en vendent à tous les États bourgeois, jusqu’aux plus despotiques et islamistes, comme l’illustre le voyage de Hollande à Ryad les 4 et 5 mai.
Parfois, les grandes puissances et leur ONU imposent des blocus (hier à l’Irak, aujourd’hui à l’Iran) au détriment des populations. Les États impérialistes interviennent militairement dans les pays dominés (Irak, Libye, Syrie, Ukraine, Mali…). Des puissances régionales (Arabie saoudite, Iran, Israël…) qui sont liées à certains d’entre eux prennent part à des guerres dans d’autres pays (Syrie, Irak, Yémen…), voire colonisent (Palestine). Enfin, les bandes islamo-fascistes encouragées au départ par les États-Unis, Israël, la Turquie et les monarchies du Golfe s’en prennent au mouvement ouvrier, aux femmes, aux minorités religieuses et nationales…
Depuis son apparition, l’espèce humaine s’est toujours déplacée. Tous nos ancêtres viennent d’Afrique de l’est. Le pays le plus avancé du monde par l’économie, la science et la technique, les Etats-Unis, est issu de multiples migrations, récentes à l’échelle historique. Mais le capitalisme décadent est incapable de surmonter l’obstacle au progrès que constituent les frontières nationales, singulièrement en Europe, et la majorité de chaque bourgeoisie nationale choisit aujourd’hui de diviser les travailleurs par la nationalité. Tous les partis bourgeois du monde entretiennent le nationalisme rétrograde et cultivent la xénophobie. Le libéralisme ne s’applique que contre les services publics, que contre les travailleurs ; par contre, la majorité de l’humanité n’a pas le droit de franchir les frontières des pays dominants et de jouir de l’égalité juridique.
Seule la classe ouvrière est aujourd’hui progressiste. Seule elle peut rompre avec le capitalisme en déclin, pour qui il y a trop d’êtres humains en regard des perspectives de profit, seule elle peut assurer le développement des pays dominés, satisfaire tous les besoins de base par la collectivisation des moyens de production et la planification par les producteurs, ménager l’environnement de l’espèce humaine.
Les travailleurs migrants font partie de la classe ouvrière au même titre que sa composante nationale d’origine, leur lutte est la même. En effet, la tâche d’unir la classe ouvrière et de relever le drapeau de la solidarité internationale est rendue plus difficile par la capitulation des organisations actuelles des travailleurs (syndicats et partis) devant leur propre bourgeoisie. Syriza a accompli un pas en avant en transformant les camps de rétention grecs en centre d’accueil. Au contraire, le PCF, le PdG, DL, le PTB, LO, le SPEW, IU, le CPB… refusent de se prononcer pour l’ouverture des frontières. Pire, le PS français, le PS belge, le SPD, le LP, le SPO, le PSOE… sont prêts à davantage de restriction à la circulation des êtres humains. Il faut, pour mener à bien l’expropriation de la minorité capitaliste qui conduit de nouveau le monde à la barbarie, construire l’internationale ouvrière et un parti révolutionnaire dans chaque pays. Or, le devoir des organisations ouvrières, en particulier des syndicats de salariés et d’étudiants, est de se prononcer pour :
- Aucun bombardement des ports libyens ! Arrêt des bombardements impérialistes de la Syrie et de l’Irak !
- Liberté pour les travailleurs et les étudiants de tous les pays de voyager, de travailler et d’étudier dans tous les pays ! Abrogation de toutes les lois xénophobes contre les migrants ! Mêmes droits pour tous les travailleuses et travailleurs !
- Dissolution de Frontex ! Fermeture des camps de rétention ! Libération de tous les prisonniers sans crime et sans délit !