Pourtant, d’après la science économique bourgeoise, le capitalisme ne génère pas de crise. Pour la variante néo-classique, le jeu du marché aboutit à la meilleure situation possible. Par exemple, il n’y a pas de chômeurs, seulement des individus qui choisissent le loisir plutôt que le travail. S’il y a malgré tout une crise, c’est que les marchés (des produits, du travail, des capitaux…) sont perturbés par des « chocs exogènes » : en général, une intervention jugée nocive de l’État, surtout quand celui-ci fait des concessions à la classe ouvrière.
La variante keynésienne de la science économique bourgeoise est un peu plus réaliste (ou prudente) puisqu’elle reconnaît qu’il peut y avoir du chômage involontaire. Mais le capitalisme n’est pas non plus en cause. La crise serait causée par l’avidité et l’imprudence des banquiers ou encore par une erreur de politique économique. Si les pouvoirs publics contrôlent l’activité financière (afin qu’elle ne perturbe pas « l’économie réelle ») et s’ils soutiennent la demande de marchandises (par le déficit budgétaire et par un crédit illimité aux banques privées), la crise est surmontée, voire évitée.
En réalité, depuis que le capitalisme est apparu, il ne se développe et ne survit que par une succession ininterrompue de phases d’expansion pendant lesquelles la production de marchandises augmente, les entreprises font du profit et le chômage diminue, et des moments où la production s’effondre, des marchandises demeurent invendues, des entreprises disparaissent, des équipements restent inutilisés, le chômage augmente brutalement. Si la plupart des crises restent limitées à un pays ou à un groupe de pays capitalistes, d’autres sont mondiales : 1836, 1857, 1873, 1929, 1973, 2007.
Dans le capitalisme, le but de la production est de créer et de s’approprier de la survaleur, de rapporter du profit. La classe capitaliste avance du capital pour se procurer les marchandises nécessaires (moyens de production vendus par d’autres capitalistes et force de travail du prolétariat) ; puis elle fait travailler les collectifs de travail, avec les équipements, pour créer de nouvelles marchandises ; enfin elle vend celles-ci pour plus d’argent, le surcroît représentant le surtravail, la partie du travail qui n’a pas été payée aux producteurs.
Les salariés tentent de résister et les capitalistes sont en compétition. Pour faire face à la lutte de classe et à la concurrence, les entreprises introduisent de nouvelles techniques, si bien que la composition du capital change : proportionnellement, il y a davantage de machines et moins de travailleuses ou de travailleurs. Or, c’est le travail qui seul crée de la valeur.
Tant qu’elles gagnent de l’argent, les entreprises capitalistes tendent chacune à investir et à embaucher de plus en plus ; elles y sont encouragées par le crédit facilement accordé par les banques. La période d’expansion génère inéluctablement la suraccumulation de capital et la spéculation. Il finit par y avoir trop de capital par rapport à la plus-value ou survaleur, la rentabilité baisse. La bulle spéculative éclate. Des marchandises ne trouvent plus preneur, même si les besoins sont loin d’être comblés. De nombreux débiteurs ne peuvent plus rembourser leur créancier. Des entreprises disparaissent. Les survivantes cessent d’investir, licencient, baissent les salaires. Ces décisions individuelles contribuent à aggraver les problèmes de débouchés.
Les crises prennent des formes différentes mais sont inévitables. Aucune crise économique, même d’envergure mondiale, ne suffit à faire disparaître le capitalisme. Si celui-ci n’est pas renversé, la crise rétablit temporairement les conditions de la croissance au détriment de certains capitalistes et de l’ensemble des salariés. Les faillites font disparaître une partie du capital et débouchent sur un nouvel équilibre entre activités tandis que la pression du chômage fait baisser la valeur de la force de travail, si bien que le taux de profit augmente à nouveau. Les guerres jouent le même rôle que les crises, de façon encore plus coûteuse pour l’humanité.
La concurrence aboutit à la constitution de grands groupes capitalistes dont la propriété passe par la vente et l’achat d’actions, ce qui confère un caractère financier prononcé à tout le capitalisme, y compris l’industrie et les services non financiers. Depuis le 20e siècle, les grandes entreprises s’appuient sur leur État. Mais les tentatives nationales du gouvernement et de la banque centrale de les sauver de la crise ne font que reporter le problème de la suraccumulation mondiale du capital, que préparer une crise plus grave. Le point culminant de l’intervention étatique est la guerre qui vise des pays dominés ou d’autres bourgeoisies impérialistes.
Seule une révolution menée par la classe ouvrière peut mettre fin aux crises, aux guerres et au chômage, en supprimant le capitalisme et en jetant les bases du socialisme-communisme mondial.