Troisième déroute électorale en une année du Parti socialiste et du Front de gauche
Le 22 mars, au premier tour des premières élections départementales qui se sont tenues dans tout l’État français sauf à Paris, Lyon, en Guyane et en Guadeloupe, l’abstention s’est élevée à 49,8 % des inscrits ; au second tour, le 29 mars, elle a été majoritaire (plus de 50 % des inscrits). Elle a été massive dans les quartiers populaires des grandes villes. En outre, 3,2 % des électeurs qui se sont déplacés au premier tour ont voté blanc (1,6 % des inscrits) et 1,6 % ont mis dans l’urne un bulletin annulé (0,8 % des inscrits).
Au total, les partis d’origine ouvrière (Parti communiste français, Parti de gauche, Parti socialiste) n’ont obtenu que 7 millions de voix, en comptant large soit 34 % des votes (16 % des inscrits). Le PCF et le PdG ont eu 1,2 million de voix, soit 6 % des suffrages exprimés (3 % des inscrits) ; le PS a eu au premier tour 4,3 millions de voix, soit 21 % des suffrages exprimés (10 % des inscrits), plus une partie de ce que le Ministère classe en « divers gauche ».
Après un échec aux élections municipales de mars 2014 et aux élections européennes de mai 2014, le PS vient de subir une défaite retentissante, surtout à cause de l’abstention massive dans les quartiers populaires, par exemple dans le Nord. Par conséquent, le PS ne dirige plus que 24 départements sur 98, il en a perdu 28.
Le PCF ne dirige plus qu’1 département, il en a perdu 1. Le PCF et ses alliés, une fois de plus, ne profitent pas des reculs du PS. Leur message est inaudible. Selon l’IFOP-Fiducial, 53 % des électeurs qui se classent proches du Front de gauche se seraient abstenus.
Le PCF et le PdG partagent avec le PS le crétinisme parlementaire, la défense du capitalisme français, le renforcement de l’État bourgeois, le « dialogue social » entre « partenaires sociaux » et les interventions militaires… Ainsi, le Front de gauche fait croire que des élections pourraient améliorer la situation des travailleurs. Le PCF, le PdG et les scissions réformistes du NPA ont invoqué à l’appui l’exemple de la Grèce… qui a prouvé immédiatement le contraire.
Les organisations syndicales qui sont dirigées par le Front de gauche avec l’aide de LO et du NPA acceptent de discuter tous les projets du gouvernement. Le PdG a multiplié les binômes avec EELV. Les députés du PCF ont voté la motion de censure déposée par l’UMP et l’UDI le 19 janvier.
Leur principale nuance avec le gouvernement PS-PRG est que le PCF et le PdG réclament plus de protectionnisme et manifestent davantage d’hostilité à l’Union européenne. Terrain douteux sur lequel ils ne peuvent rivaliser avec le FN qui annonce, stupidement mais clairement, qu’il faut se replier sur les frontières françaises, revenir au franc et saborder l’UE. Ni le PdG, ni le PCF n’ont voté contre les expéditions militaires de leur bourgeoisie impérialiste.
Le gouvernement PS-PRG étrangle la Grèce avec son compère allemand CDU-SPD ; ni le PdG, ni le PCF n’exigent l’annulation des créances de l’État français et des banques françaises sur l’État grec.
Les sociaux-patriotes du monde entier pensent qu’ils défendent la patrie. Erreur : ils défendent les intérêts d’une poignée de capitalistes contre une autre. (Lénine, La Guerre et la révolution, 1er juin 1917)
En servant la bourgeoisie française, le PS sape sa base électorale
Selon une étude du 23 mars de l’IFOP et Fiducial, 9 % des électeurs de Mélenchon en 2012 et 8 % de ceux de Hollande auraient voté FN cette fois-ci. L’étude de Harris du 22 mars donne à peu près les mêmes résultats : 8 % des électeurs de Mélenchon auraient voté FN, 7 % de ceux de Hollande.
La classe ouvrière s’abstient massivement et vote moins pour les partis ouvriers bourgeois. Selon OpinionWay, 60 % des chômeurs se seraient abstenus. Suivant l’IFOP-Fiducial et OpinionWay, la classe ouvrière s’est considérablement abstenue : entre 52 à 55 % des « professions intermédiaires », entre 61 à 64 % des « employés », entre 52 à 55 % des « ouvriers » n’auraient pas voté. Parmi ceux qui ont voté, 25% ont choisi le PS, 7 % le PCF ou apparenté. Parmi les « ouvriers » qui ont voté, 15 % ont choisi le PS (entre 4 et 7 % le PCF ou le PdG). Parmi les « employés » qui ont voté, entre 18 et 22 % l’ont fait pour le PS (entre 6 et 7 % pour le PCF ou le PdG). Parmi les « professions intermédiaires » qui se sont déplacées, entre 25 et 27 % ont voté PS (entre 6 et 10 % ont voté PCF-PdG).
Malgré le nouvel échec et la fracturation grandissante de son parti, le président s’obstine : « Il n’y aura pas de changement, ni de ligne ni de Premier ministre. » (Hollande, Challenges, 12 mars). Le gouvernement a mis en chantier trois projets du même genre que ses précédentes décisions : contre la santé publique, contre les libertés, contre le collège unique.
Depuis des années, le patronat veut en finir avec le contrat à durée indéterminée dont la protection est pourtant bien limitée, pour lui substituer un « contrat unique » que le capitaliste peut rompre quand il le veut. Avec de nouvelles attaques contre les retraites, voilà le contenu de la poursuite du « dialogue social »
Ce que nous voulons à travers la réforme du dialogue social, c’est faciliter les embauches et le maintien dans l’emploi. Le contrat unique pourrait être une formule. (Hollande, Le Parisien, 4 mars 2015)
Le PS, quoique fondé dans le cadre de la 2e Internationale ouvrière, est depuis longtemps bourgeois par sa politique. Élus grâce aux voix des travailleurs en mai et juin 2012, le président de la 5e République et la majorité de députés du PS ont assuré le service de la classe capitaliste. Cette dernière n’a pas profité de la reprise capitaliste mondiale de fin 2009, elle voit avec angoisse ses parts de marché diminuer dans le monde, elle s’émeut de l’ébranlement des grands groupes capitalistes de l’industrie française (Alstom, Areva…), elle s’exaspère que la bourgeoisie allemande prenne les rênes de l’Union européenne.
La bourgeoisie française exige donc, par le Medef, par le corps des hauts fonctionnaires, par les médias bourgeois, par ses partis politiques, que le président PS, la majorité PS, le gouvernement de coalition (d’abord PS-PRG-EELV, puis PS-PRG) réduisent les dépenses sociales (santé, chômage, enseignement…), flexibilisent davantage le temps de travail, les salaires et l’emploi, continuent à réduire les impôts et les cotisations sociales des entreprises.
Le gouvernement accède aux exigences de la bourgeoisie : blocage du salaire des fonctionnaires, pacte de compétitivité, loi ANI, pacte de solidarité, loi Macron, privatisations… Rien ne différencie sa politique de celle qui précède parce qu’elle sert la même minorité d’exploiteurs en expliquant, comme son prédécesseur, que le sort des travailleurs dépendra de la prospérité et de la bonne humeur des capitalistes.
Non seulement il gouverne au compte du grand capital, mais il recule le plus souvent devant les petits patrons et des indépendants structurés par l’UMP et le FN : patrons routiers du Finistère, notaires, pharmaciens, médecins libéraux…
Les clergés chrétiens, musulman, israélite font actuellement pression sur le gouvernement et la majorité couarde pour restreindre les mesures, pourtant très restreintes, qui permettraient de limiter les souffrances inutiles et de choisir sa mort.
La proposition de loi, qui n’autorise ni euthanasie ni suicide assisté mais instaure un droit à une sédation « profonde et continue » jusqu’au décès pour les malades en phase terminale, ainsi que des directives anticipées contraignantes, est loin de faire l’unanimité. Ainsi, cinq représentants des trois grandes religions monothéistes unissent leurs voix pour dire leur opposition à l’emploi de la sédation pour donner la mort. (Le Monde, 9 mars 2015)
La récente fusion du « RSA activité » et de la « prime pour l’emploi » en « prime d’activité » va aggraver la situation des travailleurs les plus pauvres en 2016. L’ancienne allocation était obtenue quand le salaire se situait entre 0,3 et 1,3 smic, la nouvelle sera bornée aux travailleuses et aux travailleurs qui gagnent entre 0,5 et 1,2 smic. En outre, alors que l’ancienne était quasi automatique, les démarches pour la « prime d’activité » sont lourdes. 250 euros maximum seront octroyés après avoir prouvé une recherche d’emploi. Le gouvernement table sur le fait que moins de 60 % des bénéficiaires potentiels en feront la demande. Ainsi, l’allocation sociale concernera 4,5 millions de travailleurs pauvres au lieu de 6 millions.
Le résultat de la capitulation et de la trahison est l’augmentation du chômage et de la précarité des travailleurs salariés, en particulier de ceux qui ne sont pas qualifiés et qui vivent seuls, la création de véritables ghettos sociaux dans certains quartiers où la jeunesse est au chômage à 50 %. Alors, les salariés précaires qui avaient voté en 2012 pour le candidat du PS ne se dérangent plus. Ils ont perdu leurs illusions dans le PS, sans avoir été attirés par la « révolution citoyenne » PCF-PdG et la « révolution fiscale » PCF-PdG-LO.
La politique du président PS et de la majorité parlementaire préparent le retour au pouvoir de l’UMP
En autorisant les licenciements, en cédant systématiquement aux nantis, en diminuant les services publics, le gouvernement PS-PRG affaiblit la classe ouvrière, rejette les indépendants et les cadres dans les bras des démagogues post-gaullistes (UMP) ou post-pétainistes (FN). En expulsant les travailleurs immigrés, en détruisant les camps des Roms, en limitant le droit d’asile, en continuant les contrôles d’identité au faciès, le gouvernement Hollande-Valls favorise la xénophobie et le racisme, divise la classe ouvrière. En proclamant l’union nationale, en appelant au désistement républicain, en étranglant les libertés démocratiques, en renforçant l’appareil répressif, il brouille les frontières de classe et se ridiculise.
Depuis son élection, Hollande attend de la baisse de la valeur de la force de travail et de l’augmentation des profits la reprise économique… et la possibilité de limiter les échecs électoraux, voire d’assurer sa reconduction en 2017.
Les indicateurs économiques qui passent au vert, le moral des ménages et des entrepreneurs qui s’améliore, le pays qui se redresse. (Hollande, Challenges, 12 mars 2015)
Mais la reprise se fait attendre et le chômage continue, jusqu’à présent, à augmenter, entraînant aussi la hausse de « l’insécurité » qui fait le lit du FN (la petite délinquance, pas la grande, plus coûteuse pour la société, type HSBC et Bettencourt, qui n’a rien à voir avec le chômage de masse). Faute de bilan favorable aux travailleurs, le Président, le Premier ministre et les caciques sociaux-démocrates ont agité la menace du FN qui inquiète à juste titre de nombreux travailleurs en rendant les électeurs responsables du succès prévisible du FN.
Nous devons nous rassembler face à l’adversité et la tragédie qui menace le pays, car le FN est en situation d’accéder au pouvoir. (Hollande, Challenges, 12 mars) ; J’ai peur pour mon pays, qu’il se fracasse contre le FN. (Valls, Europe 1-iTélé, 8 mars) ; L’abstention mécaniquement, au lieu de sanctionner la gauche, fait monter la droite et l’extrême-droite… Alors pas d’hésitation, pas de diversion, on vote à gauche. (Filoche, D&S, 14 mars) ; Si l’on ne vote pas au premier tour pour les candidats de gauche de la majorité… il ne faudra pas se plaindre après. (Aubry, La Voix du Nord, 10 mars)
Le PS a appelé à voter UMP dans les duels du second tour là où il était éliminé et a retiré ses binômes dans les triangulaires où il arrivait troisième au premier tour (« rassemblement républicain », supplie Valls). L’ingrate UMP ne lui a pas rendu la pareille (« ni-ni », répond Sarkozy) !
Au premier tour des élections départementales, les partis bourgeois ont totalisé 13,4 millions de voix, 61 % des suffrages exprimés (29 % des électeurs inscrits). L’UMP, l’UDI et le MoDem ont, ensemble, eu 9,2 millions de voix, soit 46 % des suffrages exprimés (22 % des inscrits). En termes de sièges, la coalition UMP-UDI-MoDem est la gagnante de cette consultation puisqu’elle a 1 032 conseillers départementaux et dirige 65 conseils départementaux sur 98 au lieu de 40. Tel est le résultat de la politique pro-capitaliste qui fait le jeu de l’UMP et du FN.
La trahison des travailleurs par le PS ouvre la voie au parti fascisant
Tant que l’Union européenne réussissait à la grande majorité de la bourgeoisie française, tant que l’emploi restait à peu près préservé, tant que la masse des travailleurs s’illusionnait sur la capacité de leurs partis « réformistes » à changer la société par le vote, il n’y avait guère de place pour le FN fondé en 1972 par une coalition de vétérans de la milice et des SS, d’anciens OAS et d’étudiants néo-nazis. Avec le retour du chômage de masse à partir de la crise capitaliste mondiale de 1973 et les déceptions provoquées par l’Union de la gauche à partir de 1982 (l’année où le gouvernement PS-PCF-PSU-PRG a décidé le blocage des salaires), le parti xénophobe a commencé son ascension électorale et les groupes nazis ont repris leurs exactions contre les Arabes et les militants ouvriers.
Les élections municipales ont déjà permis au FN de s’ancrer. Aux départementales, avec l’aide d’un prêt par une banque russe, l’amie de Poutine a capté d’anciens électeurs de l’UMP et aussi d’anciens abstentionnistes : beaucoup de petits patrons et de travailleurs indépendants incapables de faire face à la concurrence du grand capital, des chômeurs rejetés par le capitalisme. Elle y est parvenue en déviant le mécontentent contre l’étranger : la finance internationale, l’Union européenne et surtout les travailleurs étrangers ou les musulmans du pays. Avec ses succès, le parti préfasciste commence à débaucher quelques cadres des autres partis bourgeois, ceux que Valls, Cambadélis, Mélenchon et Laurent baptisent « formations républicaines » : MoDem, UDI, UMP, DLF, MRC…
Il y avait 3 858 candidats fascisants ou racistes. Le FN a présenté des binômes dans plus de 93 % des circonscriptions. À lui seul, il a recueilli au premier tour 5,1 millions de voix, soit 26 % (12 % des inscrits), plus que le PS.
Selon l’IFOP, 11 % des électeurs de l’UMP aux élections européennes en 2014 ont voté FN aux départementales. Entre 17 (selon Harris) et 18 % (selon l’IFOP) des électeurs de Sarkozy en 2012 ont voté cette fois-ci FN. Si l’UMP l’emporte encore nettement dans les « professions libérales et cadres supérieurs », le FN fait désormais jeu égal avec l’UMP chez les « artisans, commerçants et chefs d’entreprise » (entre 28 et 32 % pour le FN, entre 29 et 39 % pour l’UMP-UDI).
Une partie de la classe ouvrière a toujours voté pour les partis bourgeois. Mais il y a probablement un passage de l’UMP vers le FN. 12 % des chômeurs auraient voté FN (31 % des votants) ; 8,4 % pour l’UMP (21 % des votants). Entre 21 et 23,5 % des « ouvriers » ont voté FN (47 % à 49 % parmi ceux qui ont voté) ; entre 13,2 et 13,7 % des « employés » ont voté FN (34 à 38 % de ceux qui ont voté) ; entre 8,5 et 12 % des « professions intermédiaires » (19 à 25 % de ceux qui ont voté).
Au second tour, le FN était présent dans 834 duels (sur 1 641) et dans 273 triangulaires (sur 278). Le FN ne dirige aucun département mais a 62 conseillers départementaux au lieu d’1.
Le discours contre les « assistés » (les chômeurs, pas les anciens présidents), les étrangers (les pauvres, pas les capitalistes) sont désormais la norme des partis bourgeois, tant « républicains » que préfascistes. La montée électorale d’un parti xénophobe qui divise entre eux les travailleurs et les jeunes en formation pour mieux les soumettre au capital ne doit pas être prise à la légère. Elle s’ajoute aux manifestations contre les homosexuels, aux attaques fascistes contre les Arabes et les Juifs, contre les locaux PS et LGBT, contre les militants antifascistes.
Ce n’est pas la fuite en avant du PS dans les bras du patronat et de l’état-major, ni celle du PCF et du PdG dans le chauvinisme et le recrutement de policiers et de militaires qui peuvent protéger les travailleurs. Il faut avancer vers l’autodéfense des luttes et des organisations ouvrières, vers l’empêchement dans les quartiers et les entreprises de toute propagande raciste. Pour extirper le risque du fascisme, il faut avancer vers le socialisme.
Le résultat de l’union nationale : le militarisme et l’étranglement des libertés
Sarkozy, qui n’a jamais craint le ridicule, arborait pour courir devant les caméras des vêtements au logo de la police américaine tueuse de Noirs. Hollande, lui, puise dans l’exemple de Bush de 2001 pour livrer la population à l’espionnage des services secrets.
Le 7 janvier, des centaines de milliers de jeunes et de travailleurs protestèrent spontanément contre le massacre de type fasciste à Charlie Hebdo, pour défendre les libertés démocratiques. Puis l’État bourgeois qui alimente le djihadisme a utilisé les deux attentats pour, au contraire, restreindre les libertés et militariser la société, tout cela au nom de Charlie Hebdo qui était radicalement antimilitariste !
Les organisations créées historiquement par la classe ouvrière, loin de démonter l’escroquerie, l’ont menée à bien (PS) ou s’y sont associées (PCF, PdG, CGT, FO, FSU, UNSA…). Les rares qui n’y ont pas succombé ont camouflé la trahison des précédentes (LO, NPA).
Le 11 janvier, après avoir invité Le Pen à l’Élysée, le gouvernement Hollande-Valls qui occupe le Mali et qui bombarde l’Irak, qui matraque les réfugiés syriens et irakiens à Calais, a proclamé « l’union nationale » avec le Medef et l’UMP, qu’il a même étendue au colonisateur israélien et massacreur d’Arabes Netanyahou, ainsi qu’à un certain nombre d’autres tyrans.
Les élèves et les enseignants qui se rebiffaient contre « l’union nationale » ont été sanctionnés par l’appareil de l’État bourgeois. Par exemple, Jean-François Chazerans, professeur de philosophie du lycée Victor Hugo de Poitiers et militant de Droit au logement, a organisé un débat dans une classe de terminale sur les attentats. Il a été arrêté par la police après délation d’un parent d’élève, mis en garde à vue par la police pendant 8 heures pour « apologie du terrorisme », suspendu par le Recteur, sanctionné le 27 mars par un envoi à 70 kilomètres comme remplaçant à Thouars.
La caporalisation de l’école est approfondie par le gouvernement PS-PRG, avec 11 mesures présentées le 22 janvier par la ministre de l’Éducation nationale. Il est prévu dès la rentrée 2015 pour recruter les enseignants d’« évaluer la capacité des candidats à faire partager les valeurs de la République ». Le ministère veut aussi livrer l’école aux « citoyens volontaires » pour parler des « valeurs de la République ». Il est acté que 1 000 formateurs arriveront dans les établissements pour organiser un « parcours citoyen » du cours préparatoire à la classe terminale qui passera par la célébration du drapeau et de La Marseillaise. Il y aura plus d’argent pour les établissements publics d’insertion de la Défense (Epide) pour encadrer plus de jeunes en échec scolaire au moyen d’une formation « d’inspiration militaire ».
En janvier, le gouvernement Hollande-Valls a fait voter, dans l’élan, la continuation des bombardements de l’Irak (sans opposition des « frondeurs » PS, ni du Front de gauche). Depuis, il a envoyé le porte-avion Charles de Gaulle dans le Golfe arabo-persique. Avec Vigipirate, il utilise l’armée comme force de police intérieure, 10 000 militaires quadrillant désormais les villes. L’armée impérialiste, composée depuis Chirac de mercenaires bien payés, échappe aux coupes budgétaires.
M. Hollande avait déjà annoncé, lors de ses vœux aux armées le 21 janvier, qu’il épargnerait 7 500 postes. Le ministre et le chef d’état-major en ont obtenu 11 000 de plus mercredi. (Le Monde, 13 mars 2015)
Le 19 mars, le Conseil des ministres a adopté un projet de loi « sur le renseignement » pour plus d’espionnage, plus de police politique. L’État bourgeois français veut une surveillance de masse de sa propre population, sans le dire, exactement comme son homologue américain.
La DGSI et la DGSE pourraient surveiller dans sept domaines : défense nationale, intérêt de la politique étrangère, intérêt économique ou scientifique majeur, prévention du terrorisme, prévention de la criminalité organisée, prévention de la prolifération des armes de destruction massive, prévention des violences collectives portant gravement atteinte à la paix publique.
Les personnes visées par le projet seraient plus nombreuses : tout l’entourage des suspects, toute personne pouvant présenter une menace.
Les moyens d’espionnage seraient multipliés : des logiciels espions chez les fournisseurs d’accès à internet, des appareils de géolocalisation, des capteurs de proximité pour téléphone mobile… afin d’intercepter les conversations téléphoniques, les données, localiser les personnes, capter les courriels.
Des précautions antérieures seraient supprimées : les professions protégées (avocats, médecins, journalistes) ne le sont plus ; le contrôle antérieur et postérieur est réduit.
Les 16 lois déjà adoptées par l’État français en 20 ans n’ont pas protégé l’équipe de Charlie Hebdo, ni les Juifs qui faisaient leurs emplettes. Par contre, si ce projet était adopté, les services secrets auraient les mains libres bien au-delà du terrorisme réactionnaire : il leur suffirait d’invoquer « l’exécution des engagements internationaux » ou« la prévention des violences collectives » pour espionner les militants et les organisations ouvrières.
Sans perspective révolutionnaire, on ne vaincra ni le chômage, ni le FN
À juste titre, les professeurs du lycée Paul-Éluard de Saint-Denis ont refusé de recevoir le 22 mars les sénateurs UMP et PRG qui venaient enquêter sur les résistances aux « valeurs républicaines », c’est-à-dire à l’imposition de la minute de silence par l’État bourgeois aux lycéens en janvier.
À juste titre, l’assemblée générale commune des travailleurs de Radio-France a décidé le 18 mars la grève générale contre leur employeur, en fait l’État, jusqu’au retrait du projet de licenciement de 300 personnes. Le premier ministre, qui est membre d’un parti qui s’appelle « socialiste », ne prend pas parti contre les licenciements, mais contre la grève.
Il faut que cette grève s’arrête. Il faut que le dialogue social reparte sur de bonnes bases. (Valls, iTélé, 27 mars)
Pour mettre un terme aux reculs et aux défaites auxquels conduisent la collaboration de classe menée par le PS au gouvernement et les directions syndicales, leur « dialogue social » et leurs « journées d’action » impuissantes, il faut la grève générale à l’échelle de tout le pays, il faut un gouvernement ouvrier, un gouvernement qui s’appuie sur la lutte des travailleurs et qui soit sous leur contrôle.
Les ouvriers n’ont pas de patrie. On ne peut leur ravir ce qu’ils n’ont pas… Le prolétariat de chaque pays doit en premier lieu conquérir le pouvoir politique, s’ériger en classe dirigeante de la nation. (Marx, Manifeste du parti communiste, décembre 1847)
Pour contrer le FN, pour interdire le retour au pouvoir de Sarkozy et de l’UMP, les travailleurs et la jeunesse doivent s’en prendre au capitalisme. Pour cela, il leur faut un instrument. Les travailleurs seront toujours trahis tant qu’il n’existe pas une alternative au PS, au PdG et au PCF, réformistes en paroles, sociaux-impérialistes dans les faits.
La dispersion actuelle des révolutionnaires prolétariens dans le monde et dans ce pays les voue partout à l’impuissance : il faut les regrouper sur le cadavre des sectes et du centrisme qui refusent de combattre les agents de la bourgeoisie au sein du mouvement ouvrier. La jeunesse révolutionnaire doit pouvoir trouver une organisation communiste internationaliste qui construit une internationale ouvrière et qui publie un journal communiste pour tout le pays.
L’objectif immédiat ne peut pas être d’appeler toutes les forces à se lancer dès maintenant à l’attaque, mais d’appeler à mettre sur pied une organisation révolutionnaire capable de rassembler toutes les forces et d’être le dirigeant non seulement en titre, mais réel, du mouvement, c’est-à-dire une organisation toujours prête à soutenir chaque protestation et chaque explosion, en les mettant à profit pour accroître et endurcir une armée apte à livrer le combat décisif. (Lénine, Par où commencer ? Mai 1901)
Dotée d’une organisation nationale, sur les lieux de travail, d’études et de vie, dans les assemblées générales, au sein des syndicats de salariés, dans les partis ouvriers existants, l’avant-garde pourra combattre les bureaucraties syndicales corrompues, exiger qu’elles rompent toute négociation des plans du gouvernement, préparer la grève générale pour arracher les revendications ouvrières, démanteler l’État bourgeois, dresser contre lui les organes de la lutte du type Commune de Paris de 1871 et soviets de 1917.
- • Annulation de toutes les sanctions contre les élèves et les enseignants qui ont défié la caporalisation étatique de l’école ! Abrogation de la loi Chirac de 2004 contre le voile des lycéennes et de la circulaire Chatel de 2012 contre le voile des mères d’élèves ! Indépendance pédagogique des enseignants et respect des élèves !
- Retrait du projet Valls d’espionnage généralisé ! Fin des manœuvres militaires dans les villes ! Autodéfense des luttes ouvrières, des manifestations, des locaux, des quartiers populaires !
- Annulation de la dette publique ! Abrogation de la loi Macron ! Retrait du projet de loi Touraine contre la santé publique ! Rétablissement de la retraite pleine et entière après 37,5 annuités ! Rattrapage du pouvoir d’achat perdu des salaires, des pensions, des prestations sociales ! Augmentation des salaires de tous les salariés ! Du travail pour tous en partageant le travail disponible sans perte de salaire !
- Aucun revenu de député, de maire ou de permanent syndical au-dessus du salaire d’un travailleur qualifié ! Sortie des représentants syndicaux des conseils d’administration des groupes capitalistes ! Boycott du Conseil d’orientation des retraites ! Expulsion des patrons des caisses de sécurité sociale qui gèrent des parts de notre salaire !
- Véritable droit à l’avortement ! Liberté de choisir librement sa mort ! Aucune subvention à aucune religion, à aucun clergé, aux écoles aux mains des obscurantistes ! Expulsion des prêtres de toutes les obédiences du Comité national d’éthique !
- Annulation des créances des banques françaises et de l’État français sur la Grèce ! Mêmes droits pour tous les travailleurs ! Droit de circuler pour les étudiants et les travailleurs !
- Arrêt immédiat des interventions militaires à l’étranger ! Fermeture des bases militaires à l’étranger ! Sortie de l’OTAN ! Milice populaire sous contrôle syndical au lieu de l’armée de mercenaires professionnels !
- Gouvernement des travailleurs ! Expropriation des banques et des autres grands groupes capitalistes ! États-Unis socialistes d’Europe et Fédération socialiste de la Méditerranée !
29 mars 2015