GMI lettre au GR, 22 janvier 2015

groupe marxiste internationaliste
section française du collectif révolution permanente

Date : 22 janvier 2015

Pour : AL, ARS, CR, FA, GCPOR, gR, GR, GLC, GSI, LTF, LO, OCL, OCML-VP, NPA, PCOF, POI, VdT…

Copie : Claire, CCR4, Militant, Prométhée…

Objet : Déclaration commune contre l’union nationale

Chers camarades,

Nous avons bien reçu votre courriel du 21 janvier qui répond à notre proposition du 11.

Nous proposons d ajouter à la fin de votre texte qu il faut une mobilisation des travailleurs pour imposer à la majorité PS FDG l arrêt des frappes en Irak et le retrait des troupes du Moyen Orient et le retrait de la loi Cazeneuve et d enlever la protection des mosquées et synagogues car ce ne sont pas nos mots d ordre.

N’ont accusé réception que vous, Militant et VdT. Votre groupe est le seul à avoir proposé des amendements.

Concernant votre premier amendement

  1. Nous sommes tout à fait d’accord pour ajouter l’arrêt des frappes en Irak et l’abrogation de la loi Cazeneuve.
  2. Cependant, votre amendement présente l’inconvénient d’oublier les syndicats.
  3. En outre, nous proposons de ne pas nous adresser au « Front de gauche », parce que c’est un mini-front populaire (entre le PCF, le PdG, des fractions du NPA et le groupe gaulliste République et socialisme issu du MRC), mini-front populaire qui en prépare un plus vaste, destiné à préserver le capitalisme français et l’État bourgeois.
  4. Fidèles à l’orientation de l’IC et de la QI d’écarter toute interprétation démocratique bourgeoise du front unique ouvrier [annexe 1], nous repoussons toute formulation qui partirait du calcul du nombre de députés des partis sociaux-impérialistes à l’Assemblée nationale. D’autant que, comme l’ont montré les dernières consultations électorales bourgeoises, les partis réformistes sont loin d’être majoritaires dans le pays selon leurs critères, ceux de la démocratie bourgeoise. Jamais la 3e Internationale ni la 4e n’ont fait découler le mot d’ordre de gouvernement ouvrier d’une combinaison parlementaire. Nous vous proposons d’exiger de toutes les organisations ouvrières (partis et syndicats) de rompre, sans aucune référence à la composition de l’Assemblée nationale.

Concernant votre second amendement

  1. La vision du projet, il est vrai implicite (mais nous avions confectionné rapidement une déclaration à diffuser immédiatement sous forme d’un tract imprimé au recto), est que la population, si elle s’armait, ce qui est une revendication démocratique [voir annexe 2], pourrait défendre les lieux de culte des religions minoritaires, cibles d’attaques fascistes. La revendication de l’armement est d’ailleurs l’alternative présente des communistes au renforcement de l’appareil répressif de l’État bourgeois qui s’opère sous nos yeux au nom des attentats. Sinon, notre position est seulement négative, sans proposition aux masses.
  2. Nous sommes prêts à supprimer cette phrase pour faciliter le début de travail en commun du GR et du Groupe marxiste internationaliste.
  3. Mais si votre objection tenait au danger de faire croire à la neutralité de la police bourgeoise, nous pourrions préciser dans les mots d’ordre : « armement des travailleurs et de la population pour se défendre contre toutes les bandes fascistes ».

Autres remarques sur le projet

  1. Nous suggérons de remplacer l’expression « union nationale » par les termes employés par le gouvernement bourgeois : « unité nationale ».
  2. Nous vous proposons de garder la date de conception du projet, pour ne pas être contraints de le réécrire pour tenir compte de la décade qui vient de s’écouler.

En cas d’accord sur cette événement politique, dont la portée dépasse les frontières de la France, nous devrions examiner de manière responsable les possibilités de renouer le débat et de poursuivre le travail en commun.

Avec notre salut communiste internationaliste,

Direction nationale du Groupe marxiste internationaliste

Annexe 1

Le gouvernement ouvrier (éventuellement le gouvernement paysan) devra partout être employé comme un mot d’ordre de propagande général. Mais, comme mot d’ordre de politique actuelle, le gouvernement ouvrier présente la plus grande importance dans les pays où la situation de la société bourgeoise est particulièrement peu sûre, où le rapport des forces entre les partis ouvriers et la bourgeoisie met la solution de la question du gouvernement ouvrier à l’ordre du jour comme une nécessité politique.
IC, Thèses sur la tactique, 1922

Le mot d’ordre du gouvernement ouvrier en France n’est pas un mot d’ordre de combinaisons parlementaires : c’est le mot d’ordre d’un mouvement massif du prolétariat, se libérant complètement des combinaisons parlementaires avec la bourgeoisie, s’opposant lui-même à la bourgeoisie et opposant l’idée de son propre gouvernement à toutes les combinaisons gouvernementales bourgeoises. De la sorte, cette formule algébrique est, dans son essence, profondément révolutionnaire.
Trotsky, Le Gouvernement ouvrier en France, 1922

Il n’existe aucune issue sur la voie parlementaire.
Trotsky, La France à un tournant, 1936

Les bolcheviks-léninistes rejetèrent résolument le mot d’ordre de « gouvernement ouvrier et paysan » dans son interprétation démocratique-bourgeoise. Ils affirmèrent et ils affirment que, si le parti du prolétariat renonce à sortir des cadres de la démocratie bourgeoise, son alliance avec la paysannerie aboutira simplement à soutenir le capital, comme ce fut le cas des mencheviks et des socialistes-révolutionnaires en 1917, comme ce fut le cas du parti communiste chinois en 1925-1927, comme cela se passe maintenant avec les Fronts populaires d’Espagne, de France et d’autres pays.
QI, Programme, 1938

Annexe 2

Tout d’abord et avant tout, il importe que chaque homme du peuple bon pour le service soit doté d’une arme et qu’il conserve celle-ci à son domicile.
Luxemburg, L’Armée du peuple, 1911

Nous devons associer la lutte révolutionnaire contre le capitalisme à un programme et à une tactique révolutionnaire pour l’ensemble des revendications démocratiques : république, milice…
Lénine, Le prolétariat révolutionnaire et le droit des nations, 1915

Ce ne sont ni des serrures, ni des murs qui séparent les armes du prolétariat, mais l’habitude de la soumission, l’hypnose de la domination de classe, le poison du nationalisme. Il suffit de détruire ces murs psychologiques et aucun mur de pierre ne résistera. Il suffit que le prolétariat veuille des armes et il les trouvera. La tâche du parti révolutionnaire est d’éveiller en lui cette volonté et de faciliter sa réalisation.
Trotsky, Objections et réponses : la milice du peuple, 1934