Extrait de l’édito de RC 1 sur l’intervention militaire au Mali et le dialogue social, 5 juin 2013

L’union nationale autour de l’intervention impérialiste au Mali

De plus, les zones traditionnelles d’influence et de contrôle de l’impérialisme français en Afrique sont sujettes à une forte instabilité politique, sociale, voire militaire et lui sont de plus en plus disputées par les autres impérialismes, d’où l’engagement répété de l’armée française, facilité par l’union nationale.

Les partis d’origine ouvrière qui se rallient à « la France », à la « nation », à la « souveraineté », défendent en réalité le capital français, en l’occurrence Accor, Air France, Air liquide, Areva, Alcatel Lucent, Bolloré, BNP Paribas, Bouygues, Eiffage, Legris, Orange, Sanofi, Total, Vinci… Ainsi, le 22 avril, l’intervention au Mali a été approuvée à l’Assemblée sans aucune voix contre, avec l’appui des votes des députés PS et l’abstention complice du PdG et du PCF, qui en réalité approuvent cette intervention :

La priorité demeure de permettre au Mali de retrouver son intégrité, de se doter d’institutions démocratiques, et de suivre un chemin progressiste. L’intervention militaire n’est évidemment pas de nature à fixer ces étapes-là mais elle est un préalable. Une non-intervention aurait été une lâcheté. (François Asensi, député PCF, L’Humanité, 18 janvier 2013)

Le « réformisme » sans réforme mais avec ses Cahuzac

Durant la période de croissance qui a suivi la deuxième guerre mondiale dans les pays impérialistes, les bureaucraties syndicales et les partis travaillistes, sociaux-démocrates, socialistes, communistes quand ils accédaient au gouvernement, s’attribuaient le mérite des gains arrachés par la classe ouvrière par sa lutte collective et la menace de la révolution sociale.

Aujourd’hui, les bureaucraties syndicales acceptent de discuter des plans de licenciement, des mesures de flexibilité et font passer l’atténuation, parfois imaginaire, des attaques patronales et gouvernementales, pour des victoires. Accessoirement, les directions syndicales appellent sans vergogne « droits nouveaux » les strapontins, bien rétribués, attribués aux bureaucrates dans les organes de cogestion des groupes capitalistes.

Quant aux partis « réformistes » qui accèdent au pouvoir (y compris ceux qui se réclament du communisme comme le KKE grec, le PRC italien, le PCF…), ils sont impuissants devant les licenciements et ils privatisent à tour de bras, subventionnent les capitalistes, renforcent l’armée et la police, persécutent les travailleurs immigrés, baptisent « réformes » leur destruction des acquis sociaux …

Le caractère d’un gouvernement bourgeois n’est pas déterminé par le caractère personnel de ses membres, mais par sa fonction organique dans la société bourgeoise. Le gouvernement de l’État moderne est essentiellement une organisation de domination de classe dont la fonction régulière est une des conditions d’existence pour l’État de classe. Avec l’entrée d’un socialiste dans le gouvernement, la domination de classe continuant à exister, le gouvernement bourgeois ne se transforme pas en un gouvernement socialiste, mais un socialiste se transforme en un ministre bourgeois. (Rosa Luxemburg, Affaire Dreyfus et cas Millerand, juillet 1900)

L’affaire Cahuzac, après celle de Strauss-Khan, montre que le personnel politique du Parti socialiste est pleinement intégré à la bourgeoisie, ses tares et ses magouilles.

Hollande, totalement au service des intérêts de la bourgeoisie, a placé l’an 2 de son quinquennat sous le signe de l’offensive. L’hommage appuyé qu’il vient de rendre à Schröder est significatif : c’est l’offensive contre les travailleurs ! Mais il ne peut faire absolument fi des rapports politiques sans risquer de déclencher une crise politique incontrôlable. La crise pousse Hollande et son gouvernement à approfondir les attaques, mais ils voient les travailleurs les rejeter, les élections approcher et la majorité parlementaire de plus en plus inquiète pour ses fauteuils.

Évidemment, toutes ces contre-réformes sont dictées par les exigences de la bourgeoisie pour préserver ou tenter de restaurer son taux de profit. En ce sens il n’y a strictement aucune différence entre la politique suivie par Sarkozy et celle de Hollande.

Car la classe dominante n’est guère reconnaissante, elle exige toujours plus et toujours plus vite des ses valets « réformistes ».

Le Front de gauche et les bureaucraties syndicales sont les béquilles du gouvernement PS-PRG-EELV

Toute l’activité du Front de Gauche consiste à faire respecter le rythme électoral de la 5e République bourgeoise et à faire pression sur le gouvernement bourgeois. Le mot d’ordre de la manifestation nationale du 5 mai était « qu’ils s’en aillent tous ». C’est à l’origine un cri de révolte spontanée des masses argentines en décembre 2001 contre le président du PJ. Son impuissance est prouvée par le fait que le PJ est de nouveau au pouvoir depuis 2003. Repris par des états-majors de partis ouvriers tels que le PCF et le PdG, il est irresponsable, sans la perspective immédiate d’un gouvernement des travailleurs, puisqu’il est aussi bien celui du FN.

Mais la seule solution du PCF et du PdG est à la fois bourgeoisie et lointaine, c’est celle de « VIe République ». Outre qu’elle est une solution de replâtrage de l’État bourgeois, Mélenchon sait bien que cette perspective de VIe République, qui devrait être le fruit d’une assemblée constituante, , apparaît de surcroît très fumeuse. Il a assigné à cette manifestation le rôle plus prosaïque de faire pression sur le gouvernement pour qu’il mène enfin une « politique de gauche », voire qu’il en soit nommé Premier ministre, laissant ceux des manifestants qui pensaient trouver là la voie de la révolution Gros-Jean comme devant.

La classe ouvrière et la jeunesse sont désorientées. La politique des appareils syndicaux, soutenue et relayée par tous les partis réformistes, centristes, arc-boutée sur le « dialogue social », les journées d’action et les actions isolées disperse la combativité et ajoute à la désorientation qu’entrainent les nouvelles trahisons du PS.

La politique poursuivie par tous les appareils syndicaux a conduit à la défaite, pratiquement sans combat, de la loi de flexibilité, tandis que les grèves isolées à Pétroplus, à Florange… n’ont abouti qu’à la fermeture.

A PSA, les dirigeants syndicaux n’ont jamais appelé à la grève totale de tout le secteur automobile quand Renault et tous les équipementiers étaient également touchés, laissant s’épuiser, seuls, les travailleurs d’Aulnay. La direction LO de la CGT d’Aulnay, qui a combattu l’appel à la grève générale et a ainsi totalement participé à l’isolement des travailleurs, a appelé à « suspendre la grève » et à « s’engouffrer dans la brèche de l’accord » comme n’importe quel bureaucrate syndical (Jean-Pierre Mercier, France 3, 18 mai). L’accord entérine la fermeture du site et le plan social.

Dans l’enseignement supérieur, la mobilisation contre la loi Fioraso a fait long feu, la direction PS de l’Unef soutenant le projet de la ministre, et dans le primaire, les mobilisations bien réelles des professeurs des écoles, notamment dans la région parisienne, ont été cadenassées par la direction PCF-PdG-NPA du Snuipp.

Ainsi, chaque défaite encaissée par le prolétariat est un point d’appui immédiat pour la bourgeoisie et le gouvernement. A peine l’accord de flexibilité-ANI est-il conclu que Renault signe avec trois syndicats un accord de compétitivité qui lui fait gagner plus de 500 millions sur le dos des ouvriers. A peine la grève isolée à Aulnay prend-elle fin que PSA annonce la fermeture de son site de Meudon qui concerne 660 salariés.
C’est en s’appuyant sur l’aide que lui apportent les appareils que le gouvernement lance de nouvelles attaques contre les retraites. Son dispositif du « dialogue social » est parfaitement rodé, réunion de « calage » avec les dirigeants syndicaux et patronaux le 22 mai précédant la conférence sociale des 20 et 21 juin prochains, qui doit aboutir pour l’automne à un accord sur une nouvelle dégradation des droits à la retraite. Peu importe que, comme pour l’accord de flexibilité, les dirigeants syndicaux ne signent pas tous, l’essentiel étant que tous participent à cette mascarade pour donner une légitimité à la politique du gouvernement.

Et déjà les appareils se disposent comme ils l’avaient fait pour laisser passer la première réforme de Sarkozy contre les retraites : la CGT prévient qu’il faudra mobiliser pour faire pression sur les « négociations » et prévoit quelques défilés dans le cadre de « la semaine d’action contre l’austérité » organisée par la Confédération européenne des syndicats du 7 au 14 juin. Les dirigeants syndicaux ont déjà programmé la défaite. Ils n’attendent plus que d’en imputer la responsabilité aux travailleurs en les accusant de résignation parce qu’ils n’auront pas voulu les suivre dans leurs journées d’action d’appui et de caution au dialogue social.