CoReP sur les causes des guerres mondiales, 23 octobre 2014

Chers camarades,

Veuillez trouver ci-dessous la réponse à votre lettre datée du 20 août

Les relations du Collectif et de sa section française avec VdT

VdT est un regroupement politique français qui a un site, adopte des éditoriaux, organise des réunions mensuelles ouvertes à toute ce qu’elle baptise « extrême-gauche révolutionnaire », sans délimitation théorique ou programmatique. VdT invitait l’ex-CCI(T) à ces réunions mensuelles. À ces occasions, des militants du CCI(T) ont abordé la question du front unique ouvrier avec les militants présents de VdT.

Réciproquement, l’ex-CCI(T), en accord avec l’ex-GB, a invité VdT à la conférence de fusion du CCI(T) et du GB qui a débouché en avril 2013 sur la création du Groupe marxiste internationaliste, section française du Collectif révolution permanente (CoReP). VdT n’est pas venu et n’a même pas répondu à l’invitation.

Comme il est clair dans la plateforme qui l’a fondé, et conformément aux traditions communistes depuis 1847, le GMI est représenté par la conférence de ses militants et, entre deux conférences, par une direction nationale. De même, l’organisation communiste internationale à laquelle il est affilié est animée, entre les rencontres internationales, par un bureau.

VdT a invité le GMI à ses assemblées mensuelles. Des militants du GMI de la région parisienne y ont parfois participé. Leurs contributions ont été, abusivement, présentées à tort comme celles du GMI. Le GMI a même été, encore plus abusivement, présenté en octobre 2013 comme co-organisateur d’une de ces assemblées dépourvues de conclusion pratique, convoquées par VdT, présidées par VdT aux conditions de VdT.

Le bureau international du CoReP, face à la nouvelle agression d’Israël contre la bande de Gaza, a proposé en juillet 2014 aux groupes nationaux en contact avec lui ou ses sections, d’adopter une résolution internationale (d’un format délibéré de deux pages, pour faciliter sa diffusion dans les manifestations de protestation) pour se situer clairement du côté des opprimés tout en affirmant que seule la classe ouvrière serait capable de résoudre cette question démocratique et nationale par la révolution socialiste dans toute la région. Une version française du projet a été communiquée à VdT.

Ce projet a été amendé par RP, la section péruvienne du CoReP, et cosigné par trois autres groupes (un en Russie et deux en Amérique du Sud), qui l’ont fait connaître, à la mesure de leurs moyens, en allemand, anglais, espagnol, français, russe et turc. À cette date, le bureau international du CoReP n’a toujours pas de réponse du groupe français VdT à sa proposition.

À la place soit d’un accord, soit d’amendements, soit de l’explication d’un désaccord global, le bureau international du Collectif révolution permanente a reçu du groupe français un « éditorial de VdT » (signé, comme tous les autres, par Robert Paris). Ce document était disponible seulement en français et destiné visiblement à la France, il était centré sur la menace très proche d’une guerre mondiale dont le « conflit Israël–Palestine » ne serait que les prémices (d’où le titre « d’un monde en guerres vers un monde en guerre »).

Une critique marxiste

Dans le but de regrouper les véritables communistes internationalistes du monde entier sur la base des réponses stratégiques communes face aux grands évènements internationaux, malgré l’absence de réponse de VdT à sa proposition internationale, le bureau a communiqué ce document à ses partenaires et en a présenté une analyse détaillée, le 11 août, en espagnol et en français.

Le bureau avait reproché au groupe français VdT de ne pas daigner répondre à une proposition internationale (partie 1). En outre, il avait relevé cinq erreurs dans « l’éditorial VdT » :

  1. présenter un aspect national marqué, ce qui invalidait sa substitution à une déclaration internationale (partie 2) ;
  2. prétendre que la crise économique du début du 21e siècle se poursuit, alors que l’accumulation mondiale a repris depuis des années, fût-ce de manière provisoire (partie 2) ;
  3. dresser un parallèle fallacieux entre l’État colonisateur, surarmé, agresseur et le peuple colonisé, opprimé, agressé, sous-armé, massacré (partie 3) ;
  4. faire des deux protagonistes l’expression pure et simple de deux camps impérialistes bien délimités, les « puissances occidentales » contre les « BRICS » (partie 3) ;
  5. se tromper sur les rythmes, en estimant qu’un conflit mondial était imminent (partie 4) ;
  6. en tirer des conclusions individuelles et moralistes (résumés dans la formule « à nous de choisir ! »), passablement éloignées des programmes, en tel cas, de toutes les organisations communistes internationales précédentes (partie 5).

Ces cinq critiques n’ont pas la même portée.

La question des délais (V) est évidemment discutable au sein d’une organisation communiste démocratique. Il en est de même de l’analyse de la situation économique mondiale (II).

Par contre, le CoReP ne saurait collaborer avec un groupe national qui, malgré ses remarques fraternelles, se contenterait d’admonestations morales face au danger de guerre mondiale (VI) ou s’obstinerait à mettre sur le même pied le peuple palestinien et la bourgeoisie israélienne (III).

En réponse, une nouvelle dérobade

Le 20 août, VdT envoie « une réponse de Robert Paris ». Nous supposons que VdT a un fonctionnement collectif et démocratique. Que cette lettre soit endossée par tout le groupe nous apparaît donc un peu surprenant.

Sur la forme. Comment se fait-il qu’aucun/e militant/e n’ait remarqué que cinq paragraphes consécutifs (« Nous avons assisté…devient inévitable ») figurent de manière identique dans deux parties différentes (p. 4-5, p. 8-9) d’une réponse visiblement rédigée un peu hâtivement ?

Quant au fond. Comment des militants rompus depuis des années aux rencontres avec toute « l’extrême-gauche révolutionnaire » française ont pu admettre une « réponse » qui se borne à aux remarques I (en conclusion) et V (tout le reste de la réponse), tout en esquivant la discussion des arguments II, III, IV et VI ?

Le principal problème politique soulevé par la lettre de nos amis et camarades du COREP est celui qui est formulé ainsi : « Pour sa part, l’éditorialiste se lance dans un raccourci mécaniste : le « monde capitaliste » a fait son temps et la révolution monte ; par conséquent, le « monde capitaliste » décide « la guerre » pour l’empêcher… (Une réponse de Robert Paris pour lancer le débat, 20 août, p. 1)

La solution au problème auquel il a choisi de répondre est : « la guerre est un moyen de retarder, d’éviter, d’écraser les potentialités de la révolution » (p. 8). A l’appui, il cite la guerre française de 1870, qui précède la phase impérialiste.

En fait, l’auteur de la « réponse » confond la guerre généralisée et étendue entre les puissances impérialistes qui est l’axe de « l’éditorial » de VdT, avec une guerre locale se déroulant à une époque où le capitalisme jouait encore un rôle relativement progressiste. Ce n’est pas la seule confusion, loin de là.

Impérialisme et actualité de la révolution prolétarienne mondiale

La bourgeoisie de l’époque impérialiste est historiquement menacé par la révolution prolétarienne, parce qu’elle a fait son temps, parce qu’elle a engendré son propre fossoyeur. En ce sens, la phase impérialiste est celle de l’actualité de la révolution socialiste. La guerre mondiale est un phénomène exceptionnel et historiquement récent qui résulte des contradictions insurmontables du capitalisme en déclin. Le nationalisme et le militarisme deviennent des instruments récurrents de la lutte de la bourgeoisie décadente contre le prolétariat.

Le capitalisme repose sur la concurrence des capitaux. Quand le capital, à force de centralisation et de concentration, prend la forme de grands groupes (« monopoles »), la compétition change de nature. Contrairement aux petites entreprises, les groupes nouent des liens étroits avec leur État bourgeois. La rivalité des firmes prend une dimension politique, voire militaire. Les États s’en mêlent de plus en plus, lui conférant une dimension impérialiste pour protéger leurs groupes capitalistes, leur procurer des débouchés et des ressources, garantir leur propriété et leur profit non seulement à l’intérieur mais à l’extérieur.

La politique de conquête que le capital financier mène pour les débouchés, les matières premières, les placements de capitaux, s’appelle l’impérialisme. L’impérialisme sort du capital financier. De même qu’un tigre ne peut se nourrir d’herbe, de même le capital financier ne peut avoir qu’une politique d’accaparement, de pillage, de violence, de guerre. (Nikolaï Boukharine, Evgueni Preobrajensky, ABC du communisme, 1919, Maspero, t. 1, p. 115)

La contradiction entre forces productives et rapports de production capitaliste s’exprime négativement sous forme de guerres et de crises qui détruisent les forces productives, positivement sous forme de la révolution prolétarienne mondiale qui ouvre la possibilité de leur développement vers un mode de production supérieur, celui des producteurs associés.

Que le capitalisme, tant qu’il survit, ne puisse échapper à des crises récurrentes ne signifie pas que la crise économique ne fait que s’approfondir. Que l’impérialisme soit l’époque des guerres et des révolutions ne veut pas dire que la révolution sociale soit possible à tout moment, ni que la guerre prenne forcément une dimension mondiale.

La guerre préventive de la révolution, une exception transformée en règle

Parfois, une guerre locale est déclenchée pour prévenir une révolution. C’est le cas de l’occupation des îles Malouines par l’armée argentine en 1982. Mais c’est plutôt rare et, en ce qui concerne les deux guerres mondiales, la séquence historique est que la guerre précède la révolution.

En histoire, la guerre est souvent la mère de la révolution, précisément parce qu’elle secoue jusque dans leurs fondations des régimes totalement surannés, affaiblit la classe dirigeante, et hâte la montée de l’agitation révolutionnaire dans les classes opprimées. (Lev Trotsky, La Guerre impérialiste et la révolution prolétarienne mondiale, mai 1940, GB, p. 34)

Les conflits sociaux que mentionne le camarade, pour prouver qu’il y avait une situation révolutionnaire avant les deux guerres mondiales, sont copieux. Néanmoins, cet empirisme ne saurait remplacer l’analyse concrète de la situation concrète à la lumière de la théorie marxiste. En effet, il y a toujours des affrontements sociaux, à l’échelle de la planète, à un moment donné comme il y a toujours une guerre en cours.

Certains conflits entre États dominés se transforment en guerre civile, les guerres civiles appellent souvent une intervention étrangère, parfois d’un ou plusieurs impérialismes.

Aujourd’hui, tout conflit armé entre États, toute hostilité d’origine externe entraîne ou suscite presque automatiquement un conflit social (une lutte entre les classes) à l’intérieur de l’État. En revanche, il est aussi évident que tout conflit social interne à l’État, surtout quand il culmine dans un heurt violent et armé entraîne souvent une intervention extérieure, de sorte que la guerre civile se double de guerres nationales. (Pierre Naville, La Guerre de tous contre tous, 1977, Galilée, p. 39)

Exemple bien connu des militants révolutionnaires : Napoléon III déclenche la guerre en 1870 contre la Prusse pour empêcher l’unification, progressiste, de l’Allemagne (conflit armé entre États), la révolution éclate sous forme de Commune de Paris en 1871 (conflit social), le gouvernement de Versailles combat la Commune (guerre civile) avec l’aide de la Prusse qui occupe une partie de la France (intervention extérieure).

Autre exemple : Les puissances impérialistes européennes se lancent en 1914 dans une guerre, réactionnaire, pour dominer l’Europe et le monde (conflit armé entre États), la Révolution russe survient en 1917 (conflit social), avec le soutien de tous les impérialismes, une fraction de l’armée tsariste tente de renverser le régime des soviets (guerre civile), les impérialismes allemand, japonais, américain, français… envoient des troupes ou arment la Pologne (interventions extérieures). L’invasion allemande cesse grâce à la révolution allemande, celle de l’armée française s’interrompt à cause de mutineries de la marine en mer Noire et du mécontentement populaire.

La guerre mondiale reste exceptionnelle car les membres des coalitions qui s’y jettent jouent leur existence. À ce titre, il est difficile de percevoir le lien entre « la révolte des pêcheurs de Rivière-au-Renard au Québec » (p. 5) en 1909 et le déclenchement par l’Autriche-Hongrie, poussée par l’Allemagne, de la 1e Guerre mondiale cinq ans plus tard.

Trotsky, lui, ne spécule pas. Pour affirmer que « la guerre est souvent la mère de la révolution », (donc l’inverse de la règle du camarade Paris), il part de l’expérience.

1904-1905, de la guerre locale à la révolution russe

L’affrontement militaire de 1904 entre la Russie et le Japon était inévitable dans la mesure où les deux empires convoitaient la Mandchourie (nord-est de la Chine). Le Parti ouvrier social-démocrate de Russie, section de l’Internationale ouvrière, s’efforce de le retourner contre le régime autocratique.

La guerre révèle avec toujours plus d’éclat et fait apparaître avec toujours plus d’évidence toute la corruption du régime autocratique, toute la criminelle infamie de cette bande de policiers et de courtisans qui gouverne la Russie. Notre peuple souffre de la misère et meurt de faim chez lui, et on l’a précipité dans une guerre ruineuse et insensée pour conquérir de nouvelles terres, des terres d’autrui, où vit une population étrangère, et situées à des milliers de kilomètres. Notre peuple souffre de l’esclavage politique, et on l’a précipité dans une guerre pour asservir de nouveaux peuples. Notre peuple exige une refonte du régime politique intérieur, et on distrait son attention par le fracas des canons à un autre bout du monde. (Vladimir Lénine, Le Premier mai, avril 1904, Œuvres t. 7, ES-Progrès, p. 208-209)

Avec la défaite militaire tsariste, en 1905, la situation se tend en Russie. Des soviets apparaissent.

La guerre russo-japonaise ébranla le tsarisme. Utilisant le mouvement des masses comme un repoussoir, la bourgeoisie libérale alarma la monarchie par son opposition. Les ouvriers s’organisaient indépendamment de la bourgeoisie, s’opposant même à elle, en des soviets (ou conseils) qui naquirent alors pour la première fois. La classe paysanne s’insurgeait sur une immense étendue de territoire, pour la conquête des terres. De même que les paysans, des effectifs révolutionnaires dans l’armée se trouvèrent portés vers les soviets, lesquels, au moment où la poussée de la révolution était la plus forte, disputèrent ouvertement le pouvoir à la monarchie. Cependant, toutes les forces révolutionnaires se manifestaient pour la première fois, elles n’avaient pas d’expérience, elles manquaient d’assurance. Les libéraux se détachèrent ostensiblement de la révolution dès qu’il devint évident qu’il ne suffirait pas d’ébranler le trône, mais qu’il fallait le renverser. (Lev Trotsky, Histoire de la Révolution russe, 1930, Seuil, t. 1, p. 49)

L’aile bolchevik du POSDR mène même une insurrection. Donc, une guerre inter-impérialiste, encore localisée, tend déjà à se transformer en guerre civile grâce à l’intervention du parti révolutionnaire né dans le cadre de la 2e Internationale.

1914-1917, de la guerre mondiale à la révolution européenne

La bourgeoisie européenne fait le choix de la guerre mondiale en 1914. (p. 4)

Il n’y a pas à proprement parler de « bourgeoisie européenne » et encore moins un centre de décision qui lui permettrait de « faire des choix ». Seul un État permet à une classe dominante d’opérer des choix, en particulier financer et entraîner une armée et parfois l’utiliser dans une guerre. Or, la bourgeoisie est une classe incapable de dépasser sa fracturation en États nationaux. Si la bourgeoisie européenne avait pu unifier l’Europe, la 1e Guerre mondiale n’aurait pas eu lieu.

Un essor industriel profond et longuement mûri a été suivi en 1913 par une crise qui avait le caractère non seulement d’une crise conjoncturelle mais structurelle : les forces productives de l’Europe étouffaient dans le cadre des frontières nationales. (Lev Trotsky, Devant une nouvelle guerre mondiale, août 1937, Œuvres t. 14, ILT, p. 239)

Les « crises conjoncturelles » de 1903, 1908, 1913 sont facilement surmontées par le capitalisme mondial. Il n’a jamais résolu sa « crise structurelle », spécialement en Europe, où les frontières se multiplient.

Incontestablement, au début des années 1910, la classe ouvrière d’Amérique du Nord, d’Europe de l’Ouest et de Russie se mobilise. Cependant, en 1914, le mouvement est largement retombé. Ainsi, aux États-Unis, les réformistes s’emparent en 1913 du Parti socialiste (SP) et en font fuir la plupart des travailleurs salariés qui se réfugient souvent dans le « syndicalisme révolutionnaire » des IWW. La même année, le syndicalisme à traits réactionnaire de l’AFL l’emporte définitivement sur celui des IWW.

Pendant que les réformistes scissionnaient le SP, les IWW dirigés par les syndicalistes étendirent leur tentatives d’organisation chez les ouvriers industriels. Des grèves importantes ont lieu en 1913 dans les industries de l’automobile, du pneumatique et de la soie… À la fin, toutes sont défaites. Les possibilités des IWW de repartir sur une nouvelle base sont freinées, de plus, par la dépression économique qui commence. (Farrell Dobbs, Revolutionary continuity, the early years : 1848-1917, 1980, Monad, p. 117-118)

L’exception est la Russie où il faudra vraiment la 1re Guerre mondiale pour mettre fin à la combativité ouvrière.

Mais l’Italie, particulièrement touchée par les grèves, n’entre pas en guerre en 1914, alors qu’elle aurait dû, selon la « réponse VdT ». L’empire tsariste n’est pas celui qui initie le conflit mondial, ce qui aurait dû être le cas, suivant la thèse de Robert Paris. Les deux États qui la déclenchent en 1914, l’Autriche-Hongrie et l’Allemagne, sont relativement épargnés par cette vague de luttes ouvrières.

En Autriche-Hongrie, le Parti ouvrier social-démocrate SDAP est officiellement marxiste et manifeste une belle vitalité depuis la fin du 19e siècle. En mars 1913, il décommande au dernier moment la grève générale qu’il avait prévue. Le pouvoir exécutif a donc les mains libres.

En Allemagne, le Parti social-démocrate d’Allemagne (SPD) remporte une grande victoire électorale en 1912, mais mettre un bulletin dans une urne ne trempe pas les travailleurs comme les grèves et l’affrontement avec la police ou l’armée. En outre, le SPD subit des revers à toutes les élections partielles de 1913 et le tirage des quotidiens du parti recule. En janvier 1913, le gouvernement augmente la conscription, ce qui porte l’effectif à 800 000 hommes, malgré le vote des députés du SPD au parlement. Par contre, en août 1913, le pouvoir monarchiste et militariste obtient les voix du SPD pour de nouveaux impôts destinés à financer les dépenses militaires. Le congrès d’Iéna du SPD, en septembre 1913, avalise ce vote et repousse aussi la grève générale proposée par Rosa Luxemburg (qui ne constitue pas de fraction organisée pour autant). Le pouvoir exécutif peut s’engager sur la voie de la guerre mondiale sans trop de crainte.

La guerre de 1914 présente partout en Europe pour la bourgeoisie l’avantage d’écraser le mouvement ouvrier révolutionnaire, de subordonner la plupart des partis et les syndicats de masse. Néanmoins, l’entrée dans le conflit ne résulte pas d’un complot entre les puissances impérialistes (« la bourgeoisie européenne » qui ferait « des choix »). Tout au contraire, leur rivalité est non maîtrisée et non maîtrisable. Les bourgeoisies allemande, autrichienne, britannique, française, russe… se sautent à la gorge.

Les travailleurs des villes et des campagnes européennes, ainsi que les peuples colonisés, en font les frais. La révolution surgit en Russie, en Allemagne, en Hongrie, en Bulgarie, en Italie… et tous les empires coloniaux sont ébranlés. La séquence sera identique pour la suivante, sans l’ombre d’une révolution dans aucun des pays belligérants en 1939.

Le seul obstacle à la 2e Guerre mondiale : la révolution

Trotsky ne parle-t-il pas de « révolution française » en 1936 ?, triomphe le camarade Paris (p. 1). L’embarras vient que les montées révolutionnaires, comme les crises économiques conjoncturelles, ne sont éternelles que chez les « gauchistes » des années 1920 (les semi-anarchistes Gorter, Pannokoek, Rühle, Korsch…) et leurs stériles héritiers des années 2010.

Au début des années 1930, la dépression économique (dont la récession mondiale de 2007-2009 ne donne qu’une faible idée) et la menace du fascisme (dont le FN français contemporain ne donne qu’une faible idée) poussent à nouveau, y compris aux États-Unis, les masses vers l’action et, en conséquence, les partis de la 2e Internationale vers la gauche. Mais la bureaucratie de l’URSS et l’appareil stalinien international ripostent par les fronts populaires, si bien que le mouvement reflue partout. L’occasion, la dernière pour empêcher la guerre mondiale, est passée.

Le seul obstacle à la guerre est la peur que les classes possédantes ont de la révolution. Tant que l’Internationale Communiste est restée fidèle aux principes de la révolution prolétarienne, elle représentait avec l’Armée rouge avec laquelle elle était liée, le premier facteur de paix. En prostituant le Komintern et en le transformant en agence de l’impérialisme, en décapitant et en paralysant le pouvoir militaire des soviets, Staline a complètement délié les mains à Hitler, comme à ses adversaires et poussé l’Europe vers la guerre. (Lev Trotsky, Une leçon toute fraîche, le caractère de la guerre qui vient, octobre 1938, Œuvres t. 19, ILT, p. 70)

Les années 1938-1939 ne sont plus les années 1934-1937, celles des « vagues d’occupation d’usine » et même de l’armement du peuple en Espagne. Ce sont celles du désarmement des travailleurs, de la terreur dans l’usine, des camps en France pour les réfugiés.

L’emprisonnement des ouvriers et des paysans, l’ouverture des lignes de front aux fascistes par les officiers « républicains », telle est l’histoire de l’Espagne loyaliste de novembre 1937 à mai 1938. (Felix Morrow, Révolution et contre-révolution en Espagne, 1938, La Brèche, p. 231).

En France, les conquêtes de 1936 sont annulées par le gouvernement du Parti radical dès novembre 1938 et la grève générale de riposte échoue. C’est le début d’une contre-révolution bourgeoise qui triomphe en 1940.

En novembre 1938, une série de décrets lois institue des mesures de contrainte contre les travailleurs : semaine de travail de 6 jours, suppression des majorations pour les 250 premières heures supplémentaires… « étalement » des congés payés, mesures vexatoires contre les travailleurs étrangers… Une répression sévère s’abat sur le mouvement ouvrier. (Jacques Danos, Marcel Gibelin, Juin 36, 1952, Maspero, t. 2, p. 156-157)

En 1939, Victor Serge publie un roman au titre significatif : S’il est minuit dans le siècle.

La « réponse » ne tient aucun compte de l’enchaînement des événements, des retournements de situation, du rythme de l’histoire. La défaite en France, en Espagne, en Autriche, est consommée en 1938, s’ajoutant aux précédentes en Italie, en Russie, en Allemagne, en Chine… Elle ouvre la voie à la guerre mondiale. Il faudra attendre 1943 pour que la classe ouvrière assure la victoire à Stalingrad et renverse Mussolini.

Que l’Inde commence à se soulever à la veille du conflit armé entre puissances impérialistes (p. 4), ce qui était perçu par la 4e Internationale, n’invalide pas le reflux général du prolétariat mondial en 1939-1940. Surtout, cela ne prouve pas la thèse du camarade Paris : En quoi la situation révolutionnaire en Inde conduit-elle la bourgeoisie allemande à ouvrir la guerre mondiale en 1939 ? Hitler cherche-t-il à empêcher la révolution en Inde quand il envahit la Tchécoslovaquie et la Pologne ?

Une interprétation ébouriffante du programme de 1938

Il faut un certain aplomb pour attribuer à la 4e Internationale la thèse de « l’éditorial » d’une situation révolutionnaire en 1938-1939 que seule la guerre mondiale pouvait étouffer.

La « réponse » n’étudie ni l’histoire réelle du 20e siècle, ni les positions réelles de la 4e Internationale. En particulier, il n’y avait pas de situation révolutionnaire en 1938-1939 dans l’Allemagne nazie et, pour la 4e Internationale, les défaites de classes ouvrières décisives, résultant des trahisons de la sociale-démocratie, du travaillisme, du stalinisme, de l’anarchisme ouvrent la voie à la 2e Guerre mondiale.

La 4e Internationale, fondée en septembre 1938, est confiante dans la révolution prolétarienne. Donc, la situation était révolutionnaire, prétend le camarade Paris. Preuves supplémentaires, « le programme de transition se donne pour objectif : les soviets » et préconise la « propagande pour les comités d’usine » (p. 2).

Autrement dit, la 4e Internationale se donnait pour but la révolution. Belle découverte ! À quoi aurait-elle servi, sinon ? Trotsky n’a jamais eu l’intention de fonder un cercle de débat pour invalides politiques. D’ailleurs, l’objectif du programme de 1938, L’Agonie du capitalisme et les tâches de la 4e Internationale, n’est pas les soviets, c’est la révolution socialiste mondiale, par le moyen des soviets et par la construction d’une nouvelle internationale pour résoudre la crise de direction du prolétariat (sans laquelle les soviets seront impuissants à prendre le pouvoir).

Au passage, envisager les soviets contre le front unique ouvrier, comme les gauchistes qui esquivent la lutte contre les bureaucraties ouvrières, est absurde. Les soviets sont la forme suprême du front unique.

Comme il ne peut y avoir de soviets strictement communistes, car ils ne seraient utiles à personne, le rejet des accords et des actions communes avec les autres partis de la classe ouvrière ne signifie rien d’autre que le rejet des soviets. (Lev Trotsky, La Révolution allemande et la bureaucratie stalinienne, janvier 1932, Comment vaincre le fascisme, Buchet-Chastel, p. 153)

Comme devrait le savoir le camarade Paris, qui n’est pas né de la dernière couvée, le programme de 1938 n’est pas une analyse de la conjoncture, mais une perspective pour toute une époque, basée sur les leçons de la période passée.

Les défaites tragiques subies par le prolétariat mondial durant une longue série d’années ont poussé les organisations officielles à un conservatisme encore plus grand et ont conduit en même temps les « révolutionnaires » petits-bourgeois déçus à rechercher des « voies nouvelles ». (Lev Trotsky, L’Agonie du capitalisme et les tâches de la 4e Internationale, septembre 1938, GB, p. 37)

La conférence qui l’a adopté a aussi voté un texte plus circonstancié, sur la conjoncture. Ce manifeste rate visiblement la situation révolutionnaire de 1938 que Robert Paris invente pour les besoins de sa propre cause.

Nous sommes placés devant les horreurs d’une nouvelle guerre impérialiste mondiale… La grande tragédie du prolétariat réside aujourd’hui dans le fait que des freins paralysants l’empêchent de réaliser sa mission émancipatrice… grâce auxquels les partis traditionnels du travail, la 2e et la 3e Internationales, lui ont lié pieds et poings… Ni l’une ni l’autre n’ont été capables d’organiser la résistance au fascisme, en Allemagne ou en Autriche. Même en Espagne, où le prolétariat a montré sa capacité de lutter effectivement contre la bête fasciste… (Manifeste aux travailleurs du monde entier, septembre 1938, Les Congrès de la 4e Internationale, La Brèche, t. 1, p. 206)

La 4e Internationale mise sur la révolution sociale pour empêcher la guerre mondiale (l’hypothèse la moins probable) ou pour transformer la guerre mondiale en révolution (le cas le plus vraisemblable).

Le succès du parti révolutionnaire dans la prochaine période dépendra, avant tout, de sa politique dans la question de la guerre. (L’Agonie du capitalisme et les tâches de la 4e Internationale, septembre 1938, GB, p. 20)

Déduire de l’adoption d’un programme révolutionnaire international que la situation est immédiatement révolutionnaire dans chaque pays, c’est ne pas comprendre l’ABC du marxisme. Les régimes totalitaires ne peuvent supprimer les contradictions de classes, mais il n’y a aucune situation révolutionnaire en 1939-1940 dans les puissances capitalistes qui déclenchent la 2e Guerre mondiale, Allemagne nazie, Japon impérial et militariste, Italie fasciste.

Dans un moment aigu de reflux des masses et de réaction, en mai 1940, la 4e Internationale adopte un manifeste, La Guerre impérialiste et la révolution prolétarienne mondiale, qui ne renonce aucunement à préparer la révolution, au contraire. La conjoncture mondiale n’est en rien révolutionnaire, mais le manifeste de 1940 affirme la validité du programme de 1938 car la guerre mondiale se changera en son contraire, créera les conditions de la révolution.

La guerre accélère énormément le développement politique… Le programme de la IV° Internationale de revendications transitoires, qui semblait si «irréel » à des hommes politiques à courte vue, va révéler sa pleine signification dans le procès de mobilisation des masses pour la conquête du pouvoir d’État. (La Guerre impérialiste et la révolution prolétarienne mondiale, mai 1940, GB, p. 39)

Le but de toute guerre inter-impérialiste

Ce n’est quand même pas la bourgeoisie canadienne qui a déclenché la 1e Guerre mondiale pour écraser les travailleurs indépendants du Saint Laurent, mais la bourgeoisie allemande étouffant dans ses frontières pour se faire une place plus grande au détriment de ses rivales britannique et française.

Apparu bien plus tard que les puissances occidentales, le capitalisme allemand a construit l’industrie la plus avancée et la plus dynamique du continent européen, mais il a été pris de vitesse dans le premier partage du monde. « Nous repartagerons », proclamaient en 1914 les impérialistes. Ils se trompaient. L’aristocratie mondiale s’unit contre eux et l’emporta. Aujourd’hui, Hitler souhaite répéter l’expérience de 1914 à une échelle plus grandiose. Il ne peut faire autrement. Le capitalisme allemand étouffe dans les limites de ses frontières… Transformer l’Allemagne unifiée en base pour la domination européenne, transformer l’Europe unifiée en une base en vue de la domination mondiale, par conséquent pour isoler, affaiblir et soumettre l’Amérique — telle est la tâche qui est demeurée inchangée pour Hitler. Cet objectif est, pour lui, la justification du régime totalitaire qui a supprimé d’une main de fer les contradictions de classes en Allemagne. (Lev Trotsky, Hitler et Staline, étoiles jumelles, décembre 1939, Œuvres t. 22, ILT, p. 175)

Quand la 2e Guerre mondiale éclate, comme il l’avait envisagé dès 1933, le fondateur de l’Armée rouge et de la 4e Internationale l’attribue clairement aux contradictions au sein de la bourgeoisie mondiale.

La guerre actuelle que ses participants ont commencé à préparer avant même la signature du traité de Versailles a surgi des contradictions inter-impérialistes. (Lev Trotsky, Guerre impérialiste, classe ouvrière et nations opprimées, septembre 1939, Œuvres t. 21, ILT, p. 393-394)

Un conflit mondial est, par définition, une lutte entre des bourgeoisies impérialistes pour s’assurer la suprématie mondiale. Dans le commentaire du programme du Parti communiste russe rédigé durant la guerre civile, le camarade Paris ne trouvera aucune trace de la thèse de la prévention directe de la révolution.

Tous les États impérialistes se sont attaqués d’abord aux petits peuples coloniaux; tous ont conçu le dessein de se livrer au pillage du monde entier et de le soumettre au capital financier de leur propre pays. La guerre devait fatalement se transformer en une guerre mondiale. Le globe entier étant alors découpé en morceaux et partagé entre les « grandes puissances » et toutes les puissances étant unies entre elles par une économie mondiale commune, il était inévitable que la guerre embrassât presque tous les continents. (Nikolaï Boukharine, Evgueni Preobrajensky, ABC du communisme, 1919, Maspero, t. 1, p. 115)

L’histoire est manipulée par la « réponse VdT », sans aucun respect des faits ni des documents, pour la conformer de force au schéma préconçu de « l’édito VdT ». Le pire est cependant l’inconséquence des deux textes.

L’Internationale et la guerre mondiale

En 1914, la 2e Internationale trahit. Toutefois, certains de ses partis (en Russie, en Bulgarie, en Pologne…) s’opposent fermement à la guerre mondiale ; l’un d’entre eux, le Parti bolchevik, trace une voie : transformer la guerre inter-impérialiste en guerre civile, détruire ainsi l’État bourgeois, délimiter les internationalistes des sociaux-patriotes et des centristes, les regrouper dans une nouvelle internationale. À cette fin, le PB constitue en 1915 un petit regroupement, la Gauche de Zimmerwald.

Les conséquences que Lénine tira de cette catastrophe [le brusque tournant des sections de l’Internationale vers le social-patriotisme] furent nettes et catégoriques : il fallait construire une nouvelle Internationale, tel fut le programme de Lénine dès les premiers jours de la guerre. La nouvelle internationale, épurée de l’opportunisme, devait devenir une organisation pour la guerre civile contre l’impérialisme. (Lev Trotsky, Le Congrès de liquidation de l’Internationale communiste, août 1935, Œuvres t. 6, EDI, p. 158)

En 1939, au moins, il y avait une petite internationale, avec une influence réduite sur la classe ouvrière, mais avec une stratégie claire (la révolution permanente, la révolution politique), un programme international défini (le programme de 1938, le manifeste de 1940…) et un drapeau.

Or, la question de l’imminence de la guerre mondiale a joué un rôle dans la destruction de la 4e Internationale au début des années 1950. Sa direction a, en effet, transformé la possibilité (bien réelle) d’un nouveau conflit mondial en annonce de son éclatement à court terme, pronostic qui s’est révélé faux et qui a servi de couverture à l’adaptation, qui avait commencé dès 1949, à la bureaucratie contre-révolutionnaire des États ouvriers dégénérés et aux partis ouvriers bourgeois issus de la dissolution du Komintern stalinisé.

Accessoirement, un autre divination d’immédiate guerre mondiale a ridiculisé une des sectes que la 4e Internationale appelait à combattre dans son programme de 1938, la GC (aujourd’hui rebaptisée CCI), quand son gourou a fui l’Europe et son prolétariat qui allaient, selon lui, être désintégrés par les armes atomiques. Il s’est donc réfugié au Venezuela en 1952, juste avant la grève générale de la fonction publique en France et la révolution politique de Hongrie en 1953.

À cause de la destruction politique de la 4e Internationale en 1952-1953 (et de l’incapacité à la reconstruire des sections qui avaient alors résisté à la révision du programme), il n’y a présentement aucun centre international bolchevik-léniniste, ni même de parti révolutionnaire et internationaliste issu des internationales précédentes et ayant la confiance d’une partie de la classe ouvrière de son pays.

Face au militarisme et aux guerres, que faire ?

Ni « l’éditorial VdT », ni la « réponse VdT » ne semblent prendre au sérieux leurs propres analyses. Leurs conclusions sont impuissantes, désarmantes pour l’avant-garde. Le CoReP l’a déjà montré, sans que VdT daigne répondre, pour l’éditorial. La réponse à la critique du CoReP se conclut par une pirouette.

Nous n’admettons pas le diktat : ou vous adhérez à notre regroupement international ou vous n’êtes qu’une secte nationaliste ! (p. 10)

Ni le CoReP, ni le GMI n’a exigé une adhésion immédiate. Tout au contraire, le CoReP fait des propositions à toute une série de groupes de différents pays qui se réclament de la révolution, afin d’examiner les possibilités de regrouper les forces vraiment communistes à partir de convergences face aux grands événements mondiaux. Ainsi, le GKK a rejoint le CoReP après plus d’un an de discussion et de travail en commun. Ainsi, le CCI(T) et le GB ont fusionné après une année de débat et de pratique conjoints. Que propose de mieux VdT comme méthode pour construire une internationale ouvrière de combat basée sur la théorie marxiste ?

Le risque de la guerre inter-impérialiste est inscrit dans les contradictions du capitalisme décadent. Dès la fin des années 1940, ce potentiel est ranimé dès lors que la bourgeoisie hégémonique a remis en selle les rivales qu’elle avait écrasées à la fin de la 2e Guerre mondiale, pour faire face à la révolution qui a surgi de la guerre. D’autres compétitrices ont surgi quand, sous la pression de cette même bourgeoisie américaine, la bureaucratie parasitaire d’URSS a rétabli le capitalisme en Russie au début des années 1990, suivie rapidement par celle de la RPC qui, elle, s’est gardée du pluralisme politique.

L’impérialisme russe est réapparu et l’impérialisme chinois a émergé. Ils tendent à s’appuyer l’un l’autre contre les vieilles puissances impérialistes, au premier chef la bourgeoisie américaine. Contre tous les autres, les impérialismes japonais et allemand réaffirment leur rôle international et renouent avec le militarisme. Les impérialismes français et britannique poursuivent leur déclin historique, tout en jouant encore un rôle international disproportionné à leur base démographique et économique.

La marine chinoise défie les flottes américaine et japonaise en mer de Chine. Certaines guerres locales ont déjà opposé indirectement des puissances impérialistes, y compris en Europe : Allemagne contre France et Grande-Bretagne en Yougoslavie, impérialismes occidentaux contre Russie en Serbie, États-Unis contre Russie en Géorgie, impérialismes occidentaux contre Russie en Ukraine… La prochaine crise économique mondiale va aggraver les tensions entre puissances impérialistes, sans que la configuration des alliances soit définitive.

Si la menace de guerre mondiale est si proche, selon VdT, toute travailleuse consciente, tout travailleur conscient attend de sa part une réponse à ces questions :

  • Dans tous les pays impérialistes, n’est-il pas urgent de créer un parti contre la « défense de la patrie », pour combattre les bureaucraties syndicales corrompues et les partis sociaux-patriotes qui veulent enchaîner les travailleurs au bellicisme de leur propre bourgeoisie ?
  • Les organisations communistes existantes, dans les États concernés, ne doivent-elles pas se préparer dès maintenant à passer à la clandestinité ?
  • Comment empêcher la guerre mondiale ou la retourner contre la bourgeoise criminelle, sinon par la révolution ?
  • Comment prôner le « défaitisme révolutionnaire », mener la révolution socialiste, sinon avec un parti ?
  • Comment reconstruire un parti communiste mondial, sinon en regroupant sur le programme, sans attendre, les communistes épars dans le monde et dans chaque pays ?

L’impérialisme américain est en déclin, mais il reste le seul à envergure véritablement mondiale ; son écrasante supériorité militaire diffère encore tout défi frontal à son encontre. Il est probable que la classe ouvrière chinoise va bousculer la dictature du parti unique de la bourgeoisie et donc perturber la marche au militarisme. Que la guerre mondiale ne soit pas imminente est attesté par la survie de l’ONU, la suppression de la conscription dans plusieurs pays impérialistes, la diminution du budget militaire de plusieurs États impérialistes, l’accord global de toutes les puissances impérialistes contre Daech en Irak et en Syrie, etc.

Cela laisse un délai au prolétariat mondial pour prévenir la prochaine guerre mondiale qui pourrait être fatale à l’humanité, vu la multiplication des armes nucléaires et biologiques. Pour cela et pour éradiquer définitivement l’impérialisme, il lui faut un programme international, une stratégie, un parti mondial. Les militants de VdT doivent prendre leur place dans ce combat.

La lutte contre la guerre présuppose un instrument révolutionnaire de lutte, c’est-à-dire un parti. Il n’existe pas, ni à l’échelle nationale, ni à l’échelle internationale. Un parti révolutionnaire doit être construit. (Lev Trotsky, La Guerre et la 4e Internationale, juin 1934, Œuvres t. 4, EDI, p. 83)

Fraternellement,

Bureau international du Collectif révolution permanente