Retrait de l’accord contre les travailleurs du spectacle !

Le patronat et le gouvernement jugent que les travailleurs inemployés par le capitalisme français perçoivent trop d’allocations. Pourtant, plus de la moitié d’entre eux ne sont pas indemnisés (50,3 % d’après Pôle emploi) et pour ceux qui le sont, la moitié d’entre eux touchent moins de 1 020 euros ; par ailleurs, le budget de la culture baisse d’un milliard et les collectivités territoriales, recevant moins de dotations de l’État, coupent aussi dans la culture.

Sur les 250 000 intermittents (techniciens, ouvriers et artistes), un peu plus de 100 000 perçoivent des indemnités, pour lesquelles ils doivent justifier de 507 heures travaillées (en réalité beaucoup plus en tenant compte du travail de préparation, qui est l’essentiel de l’activité) sur les 10 derniers mois, ce qui s’explique par la spécificité de leur activité (« un revenu continu pour un emploi discontinu »).

Après l’accord de 2003 qui avait déjà entamé le droit du travail pour les travailleurs intermittents du spectacle, en mars 2014, trois syndicats (FO, CFDT, CFTC) sur cinq ont signé avec toutes les organisations patronales (MEDEF, CGPME, UPA), un accord, entré en vigueur le 1er juillet, qui prévoit 800 millions d’euros de coupes : pour tous les chômeurs, une baisse du taux de remplacement (de 57,4 à 57 %) ; pour les intérimaires, une baisse des indemnités pour activité réduite à hauteur de 20 % ; pour les intermittents, un rallongement du délai d’indemnisation jusqu’à 40 jours contre 4 actuellement et une hausse de 2 points des cotisations.

Il s’agit pour le patronat, avec les complicités des directions syndicales qui ont participé aux négociations, qu’elles aient signé ou non, d’économiser sur l’art et les activités créatrices comme avec toute activité non pourvoyeuse de plus-value, et de transformer les travailleurs de la culture en sous-prolétariat. Le gouvernement est satisfait, via le ministre des finances Sapin qui « salue la responsabilité dont ont fait preuve les partenaires sociaux gestionnaires de l’assurance chômage » (22 mars), tout comme le représentant de FO – « on a fait du chemin » (22 mars) –, alors qu’un dirigeant de la CGT-Spectacle reproche au gouvernement de n’« engager aucune discussion autour de leurs propositions » (Marc Slyper, Libération, 20 mars).

Les travailleurs du spectacle ont engagé le combat : la grève sous les formes particulières qui correspond à leurs métiers, des occupations (notamment des locaux du PS à Montpellier, d’antennes locales du ministère du travail, de l’Opéra Bastille…), des annulations de spectacles – la saison des festivals a démarré le 18 avril.

Alors que le gouvernement tente en vain de désamorcer le mouvement en nommant un médiateur chargé d’un « dialogue avec l’ensemble des parties concernées » (L’Humanité, 8 juin), la direction CGT lui accorde sa confiance en lui demandant de ne pas agréer l’accord et d’ouvrir de nouvelles négociations. Jamais elle ne se prononce pour le retrait. Elle tente de détourner la lutte des travailleurs en appelant à une « journée d’action » le 16 juin puis le 4 juillet, à décider spectacle par spectacle.

Elle accorde également sa confiance à la justice bourgeoise en portant plainte auprès du tribunal de grande instance pour « déloyauté, manque de sérieux des négociations » (L’Humanité, 11 juin) contre les six organisations signataires, et elle tient à poursuivre sa collaboration avec le patronat : « agir en justice c’est maintenant la seule façon de changer la donne du dialogue social » (Éric Aubin, secrétaire du bureau confédéral de la CGT en charge de l’assurance chômage, L’Humanité, 11 juin). Le 11 juillet, sans surprise, le tribunal annonce son refus de suspendre l’accord, ce à quoi la direction de la CGT-Spectacle « s’attendait » ! (Denis Gravouil, La Tribune, 11 juillet).

Le 16 juin, plusieurs milliers de manifestants dans plusieurs villes de France. Ils ont raison !

Les travailleurs du spectacle sont confrontés au même problème que ceux de la SNCF. Certaines représentations ont été annulées pour raison de grève. Pour gagner, ils doivent s’organiser et imposer à ceux qui parlent en leur nom la grève générale jusqu’au retrait de l’attaque contre leurs droits. La ministre de la culture Aurélie Filipetti a cherché à faire refluer les luttes en affirmant que le délai d’indemnisation « ne s’appliquera pas » (Libération, 20 juin). En réalité il sera financé par l’État, ce qui en réalité préfigure une sortie du régime d’assurance-chômage pour les intermittents du spectacle.

Assez de double jeu : dirigeants syndicaux, exigez le retrait de l’accord ! Pour le maintien du statut des intermittents ! Retrait de l’accord de 2003 ! Boycottez les mises au point des attaques contre les travailleurs ! Medef hors de l’Unedic !

11 juillet 2014
Groupe marxiste internationaliste
groupemarxiste.info