FU : Motion refusée par le BN de la FSU

Au Bureau national de la FSU du 24 avril 2017, le représentant du courant Front unique a défendu la position Pas une voix pour Le Pen ! Pas une voix pour Macron ! au second tour de l’élection présidentielle.

Intervention

Camarades,

Réunis au lendemain du premier tour des présidentielles, il nous faut faire un constat net et sans faux-semblant. Les candidats de la bourgeoisie ont remporté hier une victoire nette et sans bavure. La simple addition des principaux candidats bourgeois, Macron, Le Pen, Fillon, Dupont-Aignan aboutit à plus de 70% des suffrages exprimés – alors même que la participation n’a pas été significativement plus basse qu’aux élections présidentielles antérieures. Il faut ajouter à cela que si incontestablement des millions de travailleurs et de jeunes ont voté pour Mélenchon, ils l’ont fait au profit d’un candidat qui se présentait lui-même « au-dessus des partis » sur le terrain du patriotisme rassemblant toutes les classes.

Quant au candidat du PS, Hamon, il essuie une cuisante défaite. La première raison tient sans doute dans le fait qu’une bonne partie des dirigeants du PS lui ont consciencieusement savonné la planche, appelant ouvertement à sa défaite au profit de Macron, et parmi eux Valls, Le Drian, et dans le style jésuitique qui est le sien, Hollande lui-même. Mais elle tient aussi au fait que Hamon élu contre le représentant du gouvernement Valls, n’a eu de cesse durant toute sa campagne de faire acclamer ces mêmes Hollande, Cazeneuve, Le Drian, honnis à juste titre par les travailleurs du fait de 5 ans de politique anti-ouvrière.

Au total, le résultat électoral exprime le profond désarroi des travailleurs, écœurés par les 5 ans de gouvernement Hollande et dénués de toute véritable issue politique.

Ce résultat ne laisse en présence que deux candidats, représentant de la bourgeoisie, qui, quelles que soient leurs différences, ont en commun d’être des ennemis résolus de la classe ouvrière, de la jeunesse, de leurs droits.

D’une part, Le Pen, chef d’un parti raciste, qui promet d’interdire l’accès de l’Hôpital aux immigrés et de l’École à leurs enfants, qui félicite ouvertement les flics violeurs de Théo, qui « promet » un budget militaire à 3%, qui fait l’apologie de la colonisation etc.

D’autre part, le banquier Macron qui a annoncé la suppression de 120 000 postes de fonctionnaires, la chasse aux chômeurs pour les priver de leurs indemnités, la « refondation de l’École » qui commence par la nomination des enseignants par les chefs d’établissement, la « libération du travail », c’est à dire la liquidation totale du code du travail, remplacé par la « négociation d’entreprise », c’est-à-dire la loi El Khomri portée à la puissance 10.

Dans ces conditions, nous savons que face à la déferlante qui s’annonce au lendemain des élections, les travailleurs auront un besoin vital que se réalise le Front Uni des organisations syndicales pour repousser ces attaques. Ils auront besoin que les organisations syndicales refusent de prêter la main à ces attaques à travers le « dialogue social ».

Ils ne peuvent le faire qu’en commençant par caractériser la candidate xénophobe Le Pen et le banquier Macron pour ce qu’ils sont : des ennemis des travailleurs.

Ils ne peuvent le faire qu’en en tirant les conclusions – et en appelant les travailleurs à le faire avec eux :

Pas une voix pour Le Pen ! Pas une voix pour Macron !

Camarades,

La question se pose sérieusement quand on voit, au nom du prétendu « moindre mal », Cambadélis, premier secrétaire du PS, Laurent, secrétaire général du PCF appeler à voter Macron.

La question se pose quand bien évidemment Berger de la CFDT – précédé par Notat de sinistre mémoire – appelle à voter Macron.

La question se pose quand on voit Hamon appeler à voter Macron (Mélenchon s’en remettant quant à lui au « vote » électronique de ses partisans – parmi ces derniers, pourtant, Autain s’est déjà prononcée pour Macron).

Rappelons-le : nous avons tous une expérience antérieure. En 2002, au lendemain du premier tour, ce même Bureau National appelait (contre la proposition du seul représentant Front Unique) à voter Chirac. On se rappelle la misérable argumentation qui était alors fournie en faveur de ce vote. « Si Chirac est élu grâce aux voix ‘de gauche’, il n’aura pas les mains libres pour faire une politique réactionnaire ». Quelques mois plus tard nous avions la plus violente offensive contre le Code des pensions de la Fonction Publique : la contre-réforme Chirac-Raffarin-Fillon des retraites !

Quant au vote « pour faire barrage à l’extrême droite » – contre laquelle d’ailleurs Macron n’a pas dit un mot hier soir ! – on sait ce qu’il en est. Nourri par la politique de défense du grand capital successivement menée par Chirac, Sarkozy, Hollande, le Front National n’a cessé de progresser !

Créer les conditions du Front Uni des organisations syndicales contre les offensives anti-ouvrières à venir, je le répète, c’est se prononcer : pas une voix pour Le Pen ! Pas une voix pour Macron ! C’est en appeler aux organisations syndicales ouvrières (CGT, FO), au syndicat étudiant (UNEF) pour qu’ils se prononcent dans le même sens.

Tel est le sens de la motion que je soumets à ce Bureau National. »

Motion

Le Bureau National de la FSU au lendemain du premier tour constate que ne restent en lice que deux candidats clairement ennemis des intérêts des travailleurs, de leurs droits, de leurs organisations : la candidate raciste Le Pen et le banquier Macron.

En conséquence de quoi, le Bureau National de la FSU fait connaître aux travailleurs sa position :

– Pas une voix pour Le Pen ; pas une voix pour Macron.

Il s’adresse immédiatement aux dirigeants nationaux de la CGT, de Force Ouvrière, de l’UNEF pour qu’ils adoptent la même position.

Résultat du vote : 1 pour, 27 contre, 1 abstention, 3 refus de vote