Les bourgeois Fillon, Macron et Le Pen se disputent le poste

Fillon était le candidat préféré du grand capital

Le 2 septembre 2016, les candidats à la primaire des Républicains (LR), le principal parti de la bourgeoisie française, passaient leur examen oral devant le Medef, l’organisation patronale dominée par le grand capital. Ce jour-là, François Fillon l’emporta devant le parterre de patrons.

Durant la campagne de la primaire, Fillon avait fait la leçon à Sarkozy en expliquant que quelqu’un qui avait affaire à la justice ne devait pas être candidat. Ostensiblement catholique, il avait rallié les organisateurs des manifestations contre le mariage homosexuel. Le 27 novembre, les militants et les sympathisants de LR ratifièrent le choix du grand capital en désignant l’ancien Premier ministre de Sarkozy. Son programme était le plus offensif contre ce qui reste des acquis sociaux arrachés par l’armement du peuple en 1944 et la grève générale de 1968 : moins de droits syndicaux, flexibilité du temps de travail et du salaire, précarisation de l’emploi, dégressivité des allocations chômage, augmentation de la TVA de 2 %, fiscalité pour les riches, retraite à 67 ans, suppression de 500 000 postes de fonctionnaires…

Fillon n’est pas spécialement dévoué à l’UE. Comme la plupart des candidats (Le Pen, Hamon, Mélenchon, Dupont-Aignan, Arthaud, Poutou…), il a appelé à voter « Non » au référendum de 2005 sur le projet de constitution européenne.

Au compte de la bourgeoisie française, son meilleur candidat voulait diminuer les dépenses publiques qui profitent plus ou moins aux travailleurs, mais pas celles consacrées à l’appareil répressif de l’État qui protège la propriété privée des moyens de production et la part de marché des groupes capitalistes français dans le monde : armée, police, services secrets, prisons.

L’impudence et la morgue de Fillon se sont retournées contre lui

Avec le soutien du grand capital et de LR, le châtelain qui réclamait des sacrifices aux travailleurs pour sauver « la France » (le capitalisme français) semblait ne pas pouvoir perdre. Mais les révélations par le Canard enchaîné sur les emplois d’assistant parlementaire de sa propre famille sur argent public (au total 900 000 euros !) et d’un emploi aussi peu vraisemblable de son épouse grâce à la complaisance d’un ami capitaliste, Marc Ladreit de Lacharrière, ont tout gâté. Le même Canard Enchaîné avait déjà dévoilé en 2012 ses vacances chez Luca di Montezemolo, le PDG de Ferrari. Le Journal du dimanche a ajouté que Robert Bourgi, un pilier des relations entre bourgeoisie française et africaines, lui offrait deux costumes sur mesure pour 13 000 euros qu’il n’a ni refusés ni déclarés (comme l’y oblige la loi). Comme disait Macron à un militant de la CGT à Sète le 28 mai 2016 : « Vous n’allez pas me faire peur avec votre tee-shirt, la meilleure façon de se payer un costard, c’est de travailler ».

La justice s’est saisie de l’affaire des emplois fictifs puis des cadeaux somptuaires et bientôt des faux fabriqués pour les justifier. Certes, les grands patrons ne lui en veulent pas car ils fraudent eux-mêmes à grande échelle et ils estiment que le chien bien nourri ne mordra pas la main de son maître. Le noyau dur de LR est habitué aux malversations du couple Chirac et aux frasques de l’ostentatoire Sarkozy. Mais le président est élu au suffrage universel. Or, l’affaire est dure à gober pour une partie de son propre électorat.

En démocratie bourgeoise, les règles de droit prétendent s’imposer à tous, la justice dit y veiller et la presse informer librement. Mais pris la main dans le sac, le tartuffe a mis en cause les médias et les juges, à la manière « populiste » d’une vulgaire Le Pen ou d’un grossier Trump. Il a refusé à son propre parti, paniqué devant la perspective d’une défaite inattendue, de céder la place à Alain Juppé, arrivé second à la primaire, ou à François Baroin, poussé dans les coulisses par Sarkozy.

La classe dominante sera donc forcée de se rabattre sur un second choix dont l’élection ouvrira une période d’incertitude.

Le Parti socialiste et les Républicains qui avaient partagé le pouvoir pourraient être éliminés le 23 avril dès le premier tour du scrutin présidentiel. Les électeurs français pourraient avoir à choisir entre deux candidats insoumis : Marine Le Pen, la chef charismatique du Front national, et Emmanuel Macron, le dirigeant parvenu d’un mouvement libéral, En Marche !, qu’il a fondé voici moins d’un an. Les implications sont difficiles à estimer… (The Economist, 4 mars 2017)

Des deux candidats en tête des sondages, le plus risqué pour le grand capital français représenté par le Medef (et le grand capital étranger dont The Economist et Financial Times sont les porte-paroles) est Marine Le Pen.

La famille Le Pen, riche et fraudeuse

Le Pen de déclare dans les meetings que «Avec moi, celui qui déballera ses cartons à l’Élysée, ce sera le peuple». Pas plus que si c’est Macron ou Fillon : Marine Le Pen a grandi dans la richesse et a même hérité de son parti. Et la famille Le Pen n’est pas plus honnête que la famille Fillon. Le Pen père, ancien tortionnaire de la guerre d’Algérie et ancien député du mouvement poujadiste, a acquis une fortune personnelle à coup de legs et d’héritages, parfois douteux. Le plus important fut celui d’Hubert Lambert, un capitaliste. Le pourfendeur des travailleurs de nationalité étrangère bénéficie rétrospectivement de l’exploitation durant des décennies de milliers de travailleurs d’un capitaliste du ciment, dont une grande partie était des immigrés et où le taux de mortalité était bien plus élevé que dans la police.

Asiatiques après la Première Guerre mondiale, puis Polonais, et après la Seconde Guerre, Espagnols, Italiens, Maghrébins sont entrés dans ce que l’on nommait « le bagne Lambert ». « Dans les années 1960, on dénombrait 17 nationalités différentes » dans les carrières de Cormeilles-en-Parisis (Val-d’Oise) et Vaujours (Seine-Saint-Denis), logés dans les « cités Lambert », qui possédait aussi sa propre coopérative de distribution, selon le modèle en vigueur dans les corons. Logés par l’usine, endettés à l’usine, les travailleurs n’avaient alors qu’à trimer afin d’accumuler les millions dont le chef du Front national a hérité en 1976. La somme reçue par Le Pen  équivalait au salaire qu’un ouvrier de Lambert aurait pu espérer toucher en l’espace de… dix siècles ! (L’Humanité, 12 avril 2013)

Tout en ayant bâti sa carrière sur le nationalisme français, Le Pen père sait dissimuler ses actifs mobiliers à l’étranger.

En plus, père et fille fraudent le fisc quant à la composante immobilière de leur patrimoine qui, par nature, reste en France. Le domaine de Montretout a été déclaré pour 2,5 millions d’euros alors que sur le marché immobilier il vaut 9 millions. Une maison à Rueil-Malmaison a aussi été sous-estimée.

Le vrai projet du FN : apartheid, militarisme et État policier

Le Pen n’est pas moins démagogue que Macron. Pourtant, leur démagogie diffère : Macron tente de rallier les travailleurs qualifiés, la jeunesse étudiante, les cadres et les professions libérales au grand capital, en défendant le capitalisme français dans le cadre de l’Union européenne en tant que seul moyen de peser sur la scène mondiale ; Le Pen divise systématiquement la classe ouvrière sur des clivages nationaux et religieux, elle tente de soumettre les salariés français sans diplôme, les petits paysans, les artisans et les commerçants au petit et au moyen capital qui rêve d’un repli sur les étroites frontières françaises.

Mais la roue de l’histoire ne peut tourner à l’envers : comme le Manifeste du parti communiste l’avait annoncé dès 1847, les économies capitalistes sont devenues plus interdépendantes. La taille de l’économie française est réduite, ce qui a poussé la bourgeoisie française à s’entendre avec sa rivale allemande pour mettre en place l’Union européenne. Le programme électoral de Le Pen prévoit de rompre avec l’Union européenne (engagement 1) et de revenir au franc (engagement 35), d’instaurer des mesures protectionnistes (engagements 35, 36, 37…) et de relancer « la planche à billets » puisque la Banque de France financera directement le budget de l’État (engagement 13). Il est peu probable que ces mesures augmenteraient l’emploi et il est sûr que l’inflation rebondirait.

Le FN, même s’il recycle de nombreux fascistes (« identitaires », GUD), n’attaque pas physiquement, pour l’instant, le mouvement ouvrier et les minorités ethniques ou religieuses. Mais il reprend la démagogie sociale et xénophobe des mouvements fascistes des années 1920-1930. Une fois au pouvoir, les duces et les führers ont respecté la propriété privée, gouverné pour le grand capital de leur pays et évidemment oublié leurs promesses aux paysans et aux ouvriers.

Le slogan le plus repris des meetings du FN est : « On est chez nous ! ». Qui est ce « on » ? Qu’est-ce que « chez nous » ? Les amis des Le Pen, Fillon et Macron vont-ils continuer à « investir » où ils veulent, se déplacer partout en jet privé et en yacht tandis que les plus démunis ne peuvent pas quitter leur village, leur quartier ou, pire, des camps de rétention ?

Le Pen veut des référendums contre l’UE et les étrangers vivant en France (engagements 1, 2, 5), mais les populations « d’outre-mer » n’auront pas, elles, le droit de choisir l’indépendance (engagement 100). Une grande partie du projet de Le Pen est consacrée à retirer des droits aux travailleurs étrangers et aux réfugiés (engagements 26, 27, 28, 31, 38, 55, 58, 65, 66, 69, 92, 117, 142). Les électeurs de Le Pen disent souvent : « on n’a pas essayé ». Pas de leur vivant. Mais la politique nataliste, les privilèges à l’Église catholique, le racisme organisé, la persécution de ceux qui n’avaient pas la nationalité française (et l’instauration du régime policier qui les accompagne obligatoirement) ont déjà été employés par la bourgeoisie française et son État : en France de 1937 à 1944, en Algérie de 1954 à 1961. Les capitalistes français continuèrent à faire des affaires mais les travailleurs et les peuples concernés n’ont pas apprécié cette expérience.

Le projet du parti fascisant affirme protéger les libertés individuelles (engagements 7, 12). Mais il est permis d’en douter car il prévoit la soumission à l’État FN des enseignants (engagements 97, 102), la « fin du laxisme judiciaire » (engagement 17), le renforcement de la police secrète, des « services de renseignement » (engagement 33). D’ailleurs, le 7 mars, Le Pen a visité successivement trois commissariats, cinq jours après des violences policières contre un Français noir à Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis) qu’elle a refusé de condamner.

Marine Le Pen estime qu’il est « inadmissible de clouer au pilori des policiers avant même » le début de l’enquête. (Valeurs actuelles, 8 février 2017)

Le protectionnisme et l’intervention accrue de l’État n’empêchent pas les crises capitalistes et préfigurent la guerre. Les interventions de l’armée française en Afrique de l’ouest et en Asie de l’ouest suscitent de multiples attentats en France. Le Pen veut quitter « le commandement intégré » sans sortir de l’OTAN (engagement 118). Elle propose de porter le budget de l’armée de 1,8 % du PIB à 3 % (engagement 121). La police a réprimé les piquets de grève et les manifestants contre la loi travail, avec la complaisance du FN qui a approuvé chaleureusement les manifestations ultérieures de policiers contre le gouvernement PS-PRG-PE. Le programme électoral annonce la création de 40 000 places de prison (engagement 20), le recrutement de magistrats (engagement 23), de 6 000 douaniers (engagement 24), de 15 000 policiers et gendarmes (engagement 13) et de 50 000 militaires (engagement 121). Le budget, contrairement au programme FN de 2012, n’est pas chiffré. Qui supportera le fardeau de ce monstrueux appareil d’espionnage de la population et de répression, sinon les travailleurs des villes et des campagnes ?

Le Pen, au service des exploiteurs

Il est impossible de satisfaire à la fois les petits patrons et les travailleurs salariés. Le projet officiel de Le Pen s’affirme pour l’égalité salariale hommes-femmes (engagement 9) mais il ne comprend aucune mesure pour l’accueil des jeunes enfants. En pratique, les 20 députés au parlement européen ont voté depuis 2014 contre 8 rapports renforçant les droits des femmes (dont un projet de congé de maternité de 20 semaines dans toute l’UE et un autre pour l’égalité de salaire à compétence égale). La seule oppression des femmes que mentionne le projet électoral du FN est celle « de l’islamisme » (engagement 9), il tait la pression des fanatiques chrétiens contre droit à l’avortement. D’ailleurs, le FN prévoit de persécuter les « fondamentalistes musulmans » mais pas les fondamentalistes chrétiens (engagements 29, 30) et d’élargir encore le financement de l’Église catholique par les fonds publics (engagement 11).

Le Pen maintient la référence aux 35 heures. Néanmoins, elle permettrait d’élargir leur contournement (déjà important) par des négociations dans les branches (engagement 63). Elle veut donner la priorité dans l’attribution des logements sociaux aux Français (engagement 142) au lieu de bâtir tous les logements nécessaires.

Le Pen prétend défendre la Sécurité sociale contre son rival Fillon. À regarder de plus près, sur l’essentiel, le FN est d’accord avec LR : attribuer la Sécu au général De Gaulle, dispenser davantage les employeurs de payer pour la Sécu, faire croire qu’elle dépense trop généreusement et que son déficit vient d’escroqueries avec un chiffre invraisemblable à la Trump de « 10 millions de fausses cartes Vitale ».

Il faut s’attaquer aux vrais problèmes. Mettre fin à la fraude sociale, notamment en instaurant la carte vitale biométrique. Supprimer l’aide médicale d’État qui permet aux clandestins de se soigner aux frais des Français… (Marine Le Pen, Marine Présidente, 10 janvier 2017)

De même, Le Pen veut restreindre aux familles de nationalité française les allocations familiales (engagement 55). En réalité, la Sécu et d’autres conquêtes démocratiques et sociales de 1944-1945 sont des concessions arrachées à la bourgeoisie par la menace d’une révolution socialiste à l’échelle de l’Europe et par l’armement du peuple incluant les réfugiés politiques et les travailleurs étrangers persécutés par la 3e République (si chère à Mélenchon et Hamon) et le régime du maréchal Pétain (si cher aux fondateurs du FN). En réalité, l’aide médicale d’État qui permet d’éviter des maladies contagieuses et de préparer au travail salarié ne coûte que 831 millions d’euros. En réalité, la fraude à la Sécu est surtout le fait des patrons qui trichent sur leurs déclarations et qui recourent au travail au noir (en particulier ceux des TPE et PME si chers au FN) : 20 milliards d’euros par an, selon la Cour des comptes. En réalité, le déficit de la Sécu découle avant tout des multiples exonérations accordées par l’État bourgeois aux capitalistes depuis 1993, Hollande n’étant pas en reste.

Au lieu d’augmenter les salaires et d’imposer le paiement des heures supplémentaires au-delà de 35 heures dans la semaine, Le Pen veut exempter de cotisations sociales et d’IRPP les rares heures considérées encore comme supplémentaires (engagement 64). Elle veut encore diminuer les cotisations sociales des patrons que, comme eux, le FN appelle des « charges » (engagements 46, 82) et les impôts des TPE et des PME (engagement 47). En outre, elle propose de promouvoir « l’alternance », c’est-à-dire la surexploitation des jeunes (engagement 107), d’abaisser l’âge de l’apprentissage à 14 ans (pas pour les enfants des chefs du FN, on s’en doute) et de supprimer le collège unique (engagement 81), d’exonérer les plus-values de cession des parts de PME (engagement 47) et de détaxer encore plus les gros héritages (engagement 56). Par contre, les cotisations des salariés ne seraient pas diminuées… et elles profiteraient aux professions libérales et aux autres indépendants (engagement 65).

La candidate « contre le système » est une candidate pour le système capitaliste, son parti divise les travailleurs entre nationaux et étrangers afin que les exploités soient plus exploités et soumis par un État militariste et policier, afin que les exploiteurs restent des exploiteurs et que les possédants soient toujours plus riches. Si elle était élue, les travailleurs indépendants et les petits patrons s’apercevraient qu’ils sont une fois de plus les dupes du grand capital.

Dans les conditions du capitalisme actuel, un gouvernement qui ne soit pas l’agent du capital financier est en général impossible. Si les classes possédantes pouvaient dominer directement, elles n’auraient besoin ni du parlementarisme, ni de la sociale-démocratie, ni du fascisme. (Trotsky, Le Bonapartisme allemand, 1932)

Macron, la roue de secours du grand capital

Macron est le plus jeune candidat (39 ans), il affecte d’être un novice en politique, bien qu’il semble être passé, comme le dirigeant FN Philippot, par le petit parti bourgeois hyper-nationaliste MdC de Chevènement. En tout cas, il a occupé des postes politiques : conseiller de Hollande de 2012 à 2014, membre du gouvernement PS-PRG-PE de 2014 à 2016. En tant que haut cadre de la banque d’affaires française Rothschild & Cie de 2008 à 2012, puis « secrétaire général adjoint à la Présidence de la République » et enfin ministre de l’économie, il a noué des liens avec des grandes entreprises françaises. Probablement, certains de leurs manageurs ont poussé l’ambitieux à se présenter à l’élection.

Affirmant qu’il ne serait pas à droite, pas à gauche, il s’est bien gardé de préciser qu’il avait néanmoins reçu un important mais discret appui logistique, celui de l’un des clubs patronaux les plus influents, l’Institut Montaigne, créé en 2000 par Claude Bébéar, l’un des parrains du capitalisme français et figure tutélaire du groupe d’assurances Axa. Ce qui explique sans doute que le patron des patrons, Pierre Gattaz, ait chaleureusement applaudi la création de ce mouvement. (Médiapart, 7 avril 2016)

Le 19 août 2016, Macron s’afficha avec Philippe de Villiers, ancien ministre de Chirac, auteur complotiste, fondateur d’un petit parti xénophobe et islamophobe (MpF) en voie de ralliement au FN. Macron a obtenu depuis le soutien d’Alain Madelin (ancien fasciste, ancien ministre de Chirac), de François Bayrou (Modem) et de plusieurs personnages de la droite du PS. Il parle généralement pour ne rien dire, mais il a fini par publier un programme qui, tout en se situant en deçà des plans annoncés de Fillon, est bourgeois de part en part. Les dépenses sociales doivent diminuer :

Je vise d’abord 25 milliards d’économies sur la sphère sociale. Cela passe par 15 milliards sur l’assurance-maladie, avec une progression des dépenses contenue à 2,3 % par an… Ensuite je réaliserai 10 milliards d’euros d’économies sur l’assurance-chômage grâce aux réformes structurelles… Quand vous perdez votre emploi, vous êtes indemnisé, un bilan de compétences est fait et les prestations seront strictement conditionnées à vos efforts de recherche, avec un contrôle drastique. (Les Échos, 23 février 2017)

Les travailleurs de la fonction publique ne seront pas épargnés :

Le statut des fonctionnaires sera modernisé… Il est possible de ne pas renouveler 120 000 postes de fonctionnaires. (Les Échos, 23 février 2017)

Les patrons seront privilégiés :

La transformation du crédit d’impôt compétitivité emploi en allègement pérenne de cotisation s’opérera dès 2018, et représentera 6 points de charges en moins au niveau du SMIC jusqu’à 2,5 SMIC. Par ailleurs, le taux de l’impôt sur les sociétés sera ramené de 33,3 % à 25 %, sur le quinquennat… (Les Échos, 23 février 2017)

Remplacer la 5e République bourgeoise par la 2e République des travailleurs

Ce ne sont pas les traits bonapartistes de la 5e République et encore moins l’appareil répressif de l’État qui sont déstabilisés par la « politique sécuritaire » de Sarkozy et Hollande, qui sont remis en cause par les « populismes » mais ce qui reste du parlementarisme, de l’autonomie des juges, de la liberté de la presse. L’usure de la démocratie bourgeoise se traduit par les attaques de nantis comme Le Pen, Macron ou Fillon contre « le système », une thématique inventée par les groupes fascistes allemands des années 1920. La montée internationale du protectionnisme, du militarisme, de la xénophobie, du racisme, du cléricalisme… prépare des régimes despotiques et la diminution des libertés dont les travailleurs ont besoin pour discuter, s’organiser, lutter.

Face à cette menace grandissante, la classe ouvrière ne peut pas se contenter d’une « 6e République » bourgeoise (Hamon, Mélenchon), ni de slogans impuissants : « nos vies, pas leurs profits » (Poutou) ou « faire entendre le camp des travailleurs » (Arthaud). Aux États bourgeois hypertrophiés, à la xénophobie et au militarisme montants, il faut opposer l’exigence d’une démocratie réelle, c’est-à-dire l’abolition de l’État bourgeois et son remplacement par une République des travailleurs du type Commune de Paris (1871) ou pouvoir des soviets de Russie (1917), transition vers une société communiste débarrassée de toute inégalité sociale et donc de tout État.

21 mars 2017