Pour la libération immédiate et sans poursuite judiciaire de tous les prisonniers politiques et des activistes sociaux (IKC/État espagnol)

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La situation de la classe ouvrière est très grave : le travail qui nous permet tout juste de survivre, le chômage, l’insécurité de l’emploi, le logement inaccessible, sont l’autre face des privilèges des riches, de plus en plus riches, qui ont résolu le problème de la crise capitaliste avec la surexploitation du prolétariat.

Depuis l’approbation de la loi bâillon [dite « de sécurité citoyenne », de mars 2015] et la réforme du Code pénal, les mesures de répression contre ceux qui luttent contre cette situation se sont multipliées : tous les jours, de graves accusations sont portées contre des travailleurs dont le seul crime est d’avoir empêché l’expulsion de familles pauvres de leur logement, d’avoir occupé les terres de propriétaires terriens absents, de défendre des manifestations contre la violence policière, de faire des blagues sur les franquistes ou sur la Vierge Marie sur Internet, de parler en classe du référendum du 1er octobre [sur l’indépendance de la Catalogne, interdit par la monarchie], de brûler des photos du roi ou de chanter des choses que le gouvernement ou l’Église n’aiment pas. Pendant ce temps, le pouvoir détourne l’attention du peuple en amplifiant des faits divers qui sont montés en épingle par les médias.

Cette répression inusitée et croissante est la réponse du gouvernement qui gère les intérêts de la bourgeoisie face à l’importante montée des mobilisations de masse que nous connaissons depuis plus d’un an. Malgré la paix sociale que les bureaucraties collaborationnistes des syndicats majoritaires UGT et CCOO tentent d’imposer, l’augmentation des grèves ouvrières, les mobilisations sociales, les mobilisations de migrants, les manifestations de femmes travailleuses et de retraités, montrent clairement une réactivation de la lutte de la classe ouvrière après tant d’années de dure crise économique.

Tout cela se réfracte aussi dans la crise catalane. Le vendredi 23 mars, le Tribunal Supremo [la Cour suprême, sommet de l’appareil judiciaire], suivant impudemment les instructions du gouvernement du PP, a décidé de poursuivre 25 représentants politiques et sociaux catalans. Inculpés de « crime de rébellion » (passible de 30 ans de prison), le président de la Catalogne, Carles Puigdemont, le vice-président Oriol Junqueras et 7 administrateurs du gouvernement dissous, le président du Parlement dissous, le secrétaire général de l’ERC [Gauche républicaine, parti bourgeois nationaliste] et les dirigeants d’ANC et Omnium Cultural [les principales associations indépendantistes de Catalogne]. Inculpés de « crime d’insubordination » (passible de déchéance et d’amende), 5 membres du gouvernement dissous, cinq membres du conseil d’administration du parlement dissous, les porte-parole de la CUP [Candidature d’unité populaire, parti nationaliste petit-bourgeois], Mireia Boya et Anna Gabriel. En outre, certains d’entre eux sont accusés de délit de détournement de fonds (jusqu’à 8 ans). Leur crime : avoir organisé un référendum le 1er octobre pour que le peuple catalan se prononce démocratiquement sur la création d’une république catalane séparée du royaume d’Espagne.

Le gouvernement minoritaire du PP [Parti populaire, le principal parti bourgeois impérialiste] – le premier parti inculpé par la justice pour corruption, avec plus de 900 affaires – doit d’exister encore à la volonté du PSOE [Parti socialiste ouvrier espagnol, principal parti social-impérialiste] qui, s’il le souhaitait, pourrait, à tout moment, le renverser aux Cortes [parlement] du Royaume d’Espagne. Au contraire, la direction de ce parti le laisse libre de criminaliser le référendum catalan et le mouvement d’indépendance, d’asphyxier financièrement la Catalogne, de réprimer policièrement les imposantes mobilisations des masses, de dissoudre les institutions étatiques autonomes (en application de l’article 155 de la Constitution) et d’opposer son veto à la possibilité d’élire le nouveau président de la Généralité, après les élections forcées du 21 décembre.

Il ne s’agit pas d’avoir ou d’entretenir l’illusion que le mouvement indépendantiste créerait un cadre favorable à la cause ouvrière, mais de comprendre que la réponse répressive de l’État aux aspirations démocratiques catalanes est un élément de la régression politique vers des formes encore plus menaçantes pour les libertés politiques dont nous avons besoin pour lutter pour nos revendications.

Par conséquent, il est temps de riposter et d’arrêter la spirale répressive. Et nous devons le faire en tant que classe ouvrière. Parce que c’est la bourgeoisie espagnole qui attaque et parce que sa fraction catalane le fait aussi quand cela l’arrange. Et parce que, comme on l’a vu tout au long du « processus d’indépendance », la bourgeoisie catalane, bien que victime de la répression de l’État, le reconnaît comme le sien et ne cesse de s’y subordonner. Nous en avons assez de cette expérience interclassiste et de l’impasse dans laquelle les masses désemparées ont été maintenues, alors que leurs dirigeants « indépendantistes » étaient engagés dans des négociations secrètes pour préserver leur propre avenir politique, économique et personnel.

Il faut que toutes les organisations du mouvement ouvrier de l’État espagnol, politiques, syndicales, sociales, de toute nature, convergent dans un mouvement, comme un poing :

Abrogation des réformes des retraites, du travail, du code pénal et de la loi bâillon

Libération immédiate et sans poursuites de tous les prisonniers politiques et combattants sociaux

Arrêt de la répression politique contre les séparatistes dans la communauté catalane.

Retrait immédiat de l’article 155

Droit du peuple catalan à choisir son destin sans ingérence du royaume d’Espagne. Même droit pour tous les peuples qui le souhaitent

À bas le gouvernement Rajoy !

Les conditions sont réunies pour organiser une grève générale pour répondre à ces revendications et mettre fin au gouvernement le plus corrompu et anti-ouvrier qui nous a été accordé par la monarchie héritée de Franco.

Les conditions sont réunies pour mettre fin à la monarchie et ouvrir la voie à un nouveau système de gouvernement des travailleurs, qui répondrait aux besoins réels de la majorité de la population et où chaque peuple serait libre de choisir ses rapports avec les autres.

24 mars 2018

Internaciema Kolektivista Cirklo

[traduction par le GMI, les crochets sont des traducteurs]

http://ikcirklo.org