Analyse de l’élection présidentielle

L’élection présidentielle des 23 avril et 7 mai s’inscrit dans une crise internationale de la démocratie bourgeoise, annoncée par le recul en 2015 des deux principaux partis en Espagne [voir Révolution communiste n° 15], confirmée en 2016 par :

•     la destitution de la présidente élue au Brésil [voir Révolution communiste n° 16, 19],

  • la présidentielle en Autriche qui a vu l’élimination des deux grands partis [voir Révolution communiste n° 20],
  • le référendum pour la sortie de l’Union européenne en Grande-Bretagne [voir Révolution communiste n° 18, 19],
  • l’élection de Trump aux États-Unis [voir Révolution communiste n° 20].

En 2016, en France, deux nouveaux partis, qui se proclament « mouvement » (comme le FN), dépourvus de toute démocratie interne (comme le FN), sont apparus au service d’un candidat au poste suprême : la République en marche (En marche ! rebaptisé depuis LREM par décision d’un seul homme) de Macron et la France insoumise (LFI) de Mélenchon. Le premier tour du scrutin de 2017 a abouti à la défaite des candidats des deux principaux partis qui ont dominé la vie politique depuis 1978 : LR, l’énième appellation du parti gaulliste RPF-UNR-UDR-RPR-UMP (44,47 % des voix au premier tour en 1969) ; le PS remodelé après la grève générale de mai-juin 1968 et l’échec à la présidentielle de la SFIO en 1969 (5,1 % au premier tour en 1969 ; 25,8 % en 1981).

Élection présidentielle 1er tour 23 avril 2017

Nombre

% des inscrits

% des votants

Inscrits

47 581 118

Abstention

10 577 572

22,23

Votants

37 003 546

77,77

100

Blancs

659 302

1,39

1,78

Nuls

285 431

0,6

0,77

Exprimés

36 058 813

75,78

97,45

Élection présidentielle 1er tour 23 avril

Parti

Candidat

Voix

Part des inscrits

Part des exprimés

LREM

MACRON

8 657 326

18,19

24,01

FN

LE PEN

7 679 493

16,14

21,3

LR

FILLON

7 213 797

15,16

20,01

DLF

DUPONT-AIGNAN

1 695 186

3,56

4,7

LASSALLE

435 365

0,91

1,21

UPR

ASSELINEAU

332 588

0,7

0,92

CHEMINADE

65 598

0,14

0,18

 

Total partis
bourgeois

26 079 353

54,8

72,33

LFI

MÉLENCHON

7 060 885

14,84

19,58

PS

HAMON

2 291 565

4,82

6,36

NPA

POUTOU

394 582

0,83

1,09

LO

ARTHAUD

232 428

0,49

0,64

 

Total mouvement ouvrier

9 97 9460

20,98

27,67

Élection présidentielle 2e tour 7 mai 2017

Nombre

% des inscrits

% des votants

Inscrits

47 568 693

Abstention

12 101 366

25,44%

Votants

35 467 327

74,56%

Blancs

3 021 499

6,35%

8,52%

Nuls

1 064 225

2,24%

3,00%

Exprimés

31 381 603

65,97%

88,48%

Candidats

Nombre voix

% des inscrits

% des exprimés

MACRON

20 743 128

43,61%

66,10%

LE PEN

10 638 475

22,36%

33,90%

Total

31 381 603

65,97%

100%

 

Une indication sur les rapports entre les classes

Une partie significative des travailleurs est exclue par la bourgeoisie de l’élection présidentielle et des élections législatives à cause de son âge (apprentis de moins de 18 ans) ou de sa nationalité (étrangers).

En outre, il y aurait environ 2 millions de personnes remplissant les conditions pour être électeurs, mais qui n’ont pas accompli la formalité, soit 13,4 % des électeurs potentiels (INSEE, Focus n° 80, 6 mars 2017). Les jeunes et les travailleurs peu qualifiés sont particulièrement nombreux à ne pas s’inscrire. Par exemple, 12,4 % des non-diplômés ne se réinscrivent pas quand ils déménagent alors que c’est le cas de seulement 1,7 % de ceux qui ont un diplôme supérieur au bac.

Le nombre d’inscrits a crû au même rythme que la population (INSEE, Focus n° 79, 4 mars 2017) : 47,581 millions contre 46,066 en 2012. 37 millions de suffrages ont été exprimés au premier tour contre 36,6 en 2012. Le taux d’abstention a été légèrement supérieur à 2012 avec un chiffre de 21,77 % des inscrits contre 20,52 %. Comme toujours, parmi les inscrits, les jeunes et les travailleurs peu qualifiés s’abstiennent davantage. Enfin, le nombre de votes blancs au premier tour est de 659 997 et celui des nuls est de 289 337.

Parmi les enjeux déterminants de leur vote, 76 % des électeurs de Mélenchon citent « le relèvement des salaires et du pouvoir d’achat », 71 % la « lutte contre le chômage » et 70 % la « lutte contre la précarité » (Ifop, 23 avril). LFI a donc récupéré une partie de l’électorat du PS et du PCF mais pas au point de faire de Mélenchon le président.

Il voyait déjà son portrait sur les murs de toutes les mairies de France. « Je suis prêt pour la qualification » Mélenchon président : il avait tout prévu. Le chef de son gouvernement serait en même temps garde des sceaux. Au-dessous, treize ministres mais aussi des « hauts fonctionnaires en mission », raconte sa conseillère Sophia Chirikou. (M le magazine du Monde, 27 mai)

D’où la paralysie affligeante de Mélenchon arrivé 4e et de l’état-major de LFI le soir du 23 avril, refusant de faire face à la réalité, alors qu’il explique depuis 40 ans (que ce soit au PS, au Front de gauche, au PdG, à LFI) que le salut viendra des urnes et qu’il faut faire confiance à la démocratie bourgeoise.

La force du marxisme, c’est qu’il sait voir la réalité. « Crétinisme parlementaire », dans la bouche d’un marxiste, n’est pas une injure, mais la caractéristique d’un système politique qui substitue, à la réalité sociale des constructions juridiques et morales, un rituel, des phrases décoratives. (Léon Trotsky, 13 juin 1933)

La réalité ? Le résultat a été pire qu’en 1969 (31 %) pour l’ensemble des candidats plus ou moins issus du mouvement ouvrier. Au total, LFI, PS, NPA et LO cumulent moins de 10 millions de votants, moins de 28 % des suffrages exprimés (contre environ 15 millions de voix et 41 % au premier tour en 2012). Parmi les trois catégories de l’INSEE qui correspondent à peu près à la classe ouvrière, les « professions intermédiaires » qui ont voté l’ont fait à 33,4 % pour LFI, le PS, le NPA ou LO ; les « employés » à 32,1 % ; les « ouvriers » à 30,5 % (OpinionWay, 23 avril). Les étudiants et lycéens qui ont voté l’ont fait à 33,7 % pour Mélenchon, Hamon, Poutou et Arthaud (même source).

L’abstention massive du prolétariat

La classe ouvrière ne se borne pas aux « ouvriers » de la nomenclature PCS de l’INSEE. Elle comprend aussi les « employés », la majorité des « professions intermédiaires », une partie des « cadres et professions intellectuelles supérieures » (ceux qui sont dépourvus de toute autorité sur d’autres salariés) et même des « artisans, commerçants et chefs d’entreprises » (ceux des autoentrepreneurs qui sont des travailleurs salariés dissimulés).

Cette classe est idéologiquement et politiquement désorientée. L’effondrement électoral du mouvement ouvrier est le prix à payer de multiples déceptions et trahisons :

  • le rétablissement du capitalisme en Russie et en Chine par les bureaucraties « communistes »,
  • la politique pro-capitaliste durant 5 ans du gouvernement dirigé par le Parti « socialiste »,
  • la collusion avec le gouvernement des bureaucraties syndicales et leur sabotage des luttes,
  • la soumission aux directions syndicales CGT et FO des organisations politiques (« frondeurs » du PS, PCF, PdG, LO, NPA, POID, AL…),
  • la campagne électorale chauvine de Mélenchon (LFI),
  • l’incapacité des organisations centristes (LO, NPA) à avancer une perspective communiste de révolution, de pouvoir des travailleurs et de transition au socialisme.

De fait, l’abstention a été particulièrement massive dès le premier tour chez les jeunes : 28 % des inscrits de 18 à 24 ans et 35 % de 25 à 34 ans ne se sont pas déplacés au premier tour contre 18 % d’abstention chez les 60 à 69 ans et 15 % chez les plus de 70 ans (BVA, 23 avril).

Les chômeurs se seraient abstenus environ à 27 % au premier tour (IPSOS, 23 avril). Selon un institut de sondage, il y aurait autour de 29 % d’abstentionnistes chez les « employés » et les « ouvriers », mais seulement 21 % chez les « cadres et professions intellectuelles supérieures » (IPSOS, 23 avril). Symétriquement, la participation évolue presque linéairement avec le niveau de revenus du foyer : 70 % chez les électeurs dont le niveau de revenu du foyer est inférieur à 1 250 euros par mois, 76 % dans la tranche 1 250 à 2 000 euros, 80 % dans la tranche de 2 000 à 3 000 euros, 84 % au sein des foyers qui disposent d’un revenu mensuel supérieur à 3 000 euros (IPSOS, 23 avril).

L’abstention est prononcée dans les villes populaires dès le premier tour : Montluçon (31,5 %), Annonay (30,5 %), Vénissieux (33,8 %), Vaulx-en-Velin (41,7 %), St Fons (37,9 %), Pierre-Bénite (31,2 %), Grigny (28,5 %), Givors (35,6 %), Firminy (26,3 %), Rive-de-Gier (30 %), Villeneuve St-Georges (27,1 %), Valenton (27,3 %), Aubervilliers (33,6 %), Aulnay-sous-Bois (29,9 % ), Trappes (29,1 %), Les Mureaux (30,4 %)…

Lors du second tour, après la qualification de deux candidats bourgeois, l’abstention a atteint un record pour une présidentielle (25,44 % des inscrits), doublé par un score inédit des blancs et nuls (8,56 % des inscrits). Près de 16 millions d’électeurs ont refusé, à juste titre, de choisir entre le candidat libéral et la candidate fascisante. Parmi les 18-24 ans, l’abstention s’élève au second tour à 34 % ; parmi les « ouvriers » à 32 % ; parmi les « employés » à 30 % (IPSOS, 7 mai).

Trois partis bourgeois au coude-à-coude au
premier tour

Le cumul des voix de tous les partis bourgeois est sans précédent depuis 1958 : plus de 72 %. Mais la division en 3 blocs peu ou prou de même force (LREM, FN et LR) traduit aussi la difficulté de la bourgeoisie nationale à s’entendre [voir Révolution communiste n° 22]. Bien que d’accord sur l’essentiel (défense du capitalisme mondial, de la bourgeoisie française, renforcement de l’appareil répressif), les candidats de la bourgeoisie différaient sur :

  • l’attitude envers les étrangers, la famille traditionnelle et la religion (Fillon s’appuyant sur l’Église catholique hostile à l’avortement et aux homosexuels ; Le Pen dénonçant les musulmans ; Macron affichant une tolérance qui ne s’étend pas aux migrants pauvres),
  • la fraction du capital à privilégier (grand capital pour Macron et Fillon ; petit capital officiellement pour Le Pen),
  • les alliances internationales (maintien de la collaboration avec les bourgeoisies allemande et américaine pour Fillon et Macron ; destruction de l’UE et choix de la Russie pour Le Pen),
  • la politique envers les travailleurs (affrontement résolu et revanchard pour Fillon ; tentative de subordonner aux capitalistes les professions libérales, l’encadrement hiérarchique et les travailleurs qualifiés pour Macron ; tentative de subordonner aux capitalistes les travailleurs indépendants, les chômeurs et les salariés peu qualifiés, division forcenée des travailleurs en désignant comme boucs émissaires les étrangers pour Le Pen).

En fait, les postures des candidats des partis ouvriers bourgeois reflétaient cette division de la classe dominante : Mélenchon se calait largement sur Le Pen (Marseillaise, drapeau tricolore, protectionnisme, étatisme, retour de fait au franc, incitation des immigrants à rester chez eux, alliance avec l’impérialisme russe…) [voir Révolution communiste n° 21] ; Hamon imitait plutôt Macron (aménagement de l’Union européenne favorable à la bourgeoisie française, maintien de l’OTAN, etc.) [voir Révolution communiste n° 21].

Le parti traditionnel de la bourgeoisie française, Les Républicains (LR), a perdu 2 millions de voix par rapport à l’élection présidentielle de 2012 et a vu l’élimination de son candidat Fillon dès le premier tour. LR l’emporte quand même chez les électeurs « qui travaillent à leur compte » avec 26,7 % de leurs voix au premier tour (OpinionWay, 23 avril), devant LREM (25,6 %) et le FN (16,6 %).

Lors du premier tour, Emmanuel Macron, candidat du parti qu’il a confectionné à son service (EM!-LREM) est arrivé en tête avec près de 8,5 millions de voix, soit 24 % des suffrages exprimés. Macron l’emporte au premier tour chez les « cadres et professions intellectuelles supérieures » de l’INSEE avec 33 % de leurs votes (OpinonWay, 23 avril), distançant largement François Fillon (20 %), Jean-Luc Mélenchon (19 %) et Marine Le Pen (14 %). Macron l’emporte nettement chez les foyers gagnant plus de 3 000 euros : 36 % au premier tour devant Fillon : 26 % (BVA, 23 avril).

Au 2e tour, Macron a recueilli 20,7 millions de voix, soit 66,1 % des suffrages exprimés même si le « front républicain » a moins dupé qu’en 2002 : 17 % des électeurs du PS se sont abstenus au second tour, 27 % de ceux de LFI (IPSOS, 7 mai).

Cette élection a confirmé que les « fronts républicains » affichés aux élections ne gênent en rien l’implantation du parti fascisant, pas plus que « l’union nationale » de novembre 2015 allant du PCF au FN en passant par le PdG et LR. Le Pen a gagné 1,2 million de voix par rapport au premier tour de 2012 (7,6 millions de voix) puis gagné 3 millions supplémentaires entre les deux tours (10,6 millions de voix).

Le mythe du FN « parti du peuple »

Tous les grands partis bourgeois captent des voix des exploités et semi-exploités. En règle générale, l’idéologie dominante est celle de la classe dominante.

Le Pen, qui a grandi dans la richesse et qui a hérité d’un parti, se targue d’incarner le peuple. La plupart des intellectuels abondent en son sens : les ouvriers et les incultes seraient la base électorale du parti xénophobe. Comme si les travailleurs les plus qualifiés n’étaient pas aussi naïfs, en dépit de leurs diplômes, quand ils votent pour un représentant du grand capital comme Macron…

Le FN a capté une grande partie des votes de la petite-bourgeoisie traditionnelle (artisans, petits paysans, commerçants individuels, moins chez les professions libérales) qui donnaient autrefois leurs bulletins au parti gaulliste. Il y parvient aussi, toujours au détriment de LR, dans les couches idéologiquement arriérées des ouvriers et des employés (souvent des salariés de très petites ou de petites entreprises ou bien des zones rurales). 12,7 % des électeurs qui avaient voté Sarkozy au premier tour de 2012 ont choisi cette fois-ci Le Pen (OpinionWay, 23 avril).

48 % des électeurs « proches de la CFDT » ont voté Macron au premier tour mais 7 % seulement pour Le Pen (Harris, 24 avril). Par contre, 24 % des électeurs « proches de FO » et 15 % des « proches de la CGT » auraient voté au premier tour pour Le Pen alors qu’ils n’étaient que 9 % des CGT en 2012 (Harris, 24 avril). Cependant, 53 % des SUD ont voté Mélenchon (plus 13 % pour Hamon et 3 % pour Poutou) ; 51 % des CGT pour Mélenchon (plus 13 % pour Hamon et 3 % pour Poutou) ; 43 % des FSU et 32 % des FO pour Mélenchon (Harris, 24 avril).

À sa fondation, la base du FN était réduite à la boutique, aux corps de répression, aux anciens colons d’Algérie et aux nostalgiques de Pétain. L’implantation populaire a été facilitée par le nationalisme exacerbé du PCF des années 1970 (campagne « produire français », attaques contre les immigrés), par l’expérience amère des gouvernements avec des ministres PS et PCF des années 1980 et 1990 (dont Mélenchon, ministre de 2000 à 2002).

Le FN l’emporte surtout dans les petites communes. Le « monde rural » a ainsi mis Le Pen en tête avec 23 % des suffrages exprimés, devant Macron : 21 %, Fillon : 19 % et Mélenchon : 18 % (IPSOS, 23 avril). Le constat est proche dans les villes de moins de 20 000 habitants : Le Pen obtient 25 %, Macron 23 %, Mélenchon 20 % et Fillon 17 %.

Dans les villes de plus de 100 000 habitants, Le Pen passe en quatrième position, derrière Macron, Fillon et Mélenchon. À Paris, Macron obtient 29 % des suffrages exprimés, Fillon 25 %, Mélenchon 19 % et Le Pen 14 %. À Lille, Mélenchon est premier avec 27 001 voix et 29,9 % des suffrages exprimés, nettement devant Le Pen (12 481 voix). Dans les quartiers populaires de la ville, le FN réalise entre 11,4 % et 20 %, contre 36 % à 45 % à LFI (La Voix du Nord, 24 avril). Par contre, les scores FN sont élevés dans les petites villes paupérisées du Nord, souvent d’anciens bastions PS : 40 % à Denain, 31,2 % à Maubeuge…

Mélenchon fait aussi bien que Le Pen (24 %) chez les électeurs dont le foyer gagne moins de 1 500 euros par mois (BVA, 23 avril). Chez les chômeurs qui ont voté, LFI l’emporte sur le FN : 31 % contre 26 % (IPSOS, 23 avril) ; de même chez les jeunes de 18 à 24 ans : 30 % pour LFI contre 21 % pour le FN.

Loin d’être « le » parti des ouvriers qui aurait pris la place du PCF des années 1940-1950, le FN reste, malgré une progression préoccupante, minoritaire dans la classe ouvrière comme le montrent quelques calculs à partir des votes et des sondages du premier tour.

Sachant que les chômeurs sont à 11 % de nationalité étrangère (INSEE, Tableaux de l’économie française, mars 2017), si on admet que les chômeurs français et majeurs sont 13 % à ne pas être inscrits (une sous-estimation car ils s’inscrivent moins que la moyenne des citoyens français), qu’ils ont voté blanc ou nul à raison de 2 % des inscrits (une sous-estimation) et que les chômeurs inscrits se sont abstenus à 27 %, sachant que Le Pen a obtenu 26 % des suffrages exprimés des chômeurs qui se sont exprimés, environ 14 % des chômeurs ont voté FN :

(89/100)*(87/100)*(71/100)*(26/100) = 14,2/100

De même, sachant que les « ouvriers » sont à plus de 10 % étrangers (INSEE), si on admet que les « ouvriers » français et majeurs sont 13 % à ne pas être inscrits, qu’ils ont voté blanc ou nul à 2  % (mêmes remarques que pour les chômeurs) et qu’ils se sont abstenus à 29 %, sachant que Le Pen a obtenu 37 % de leurs suffrages exprimés, moins de 16 % des ouvriers ont voté FN.

(90/100)*(87/100)*(69/100)*(29/100) = 15,6/100

Enfin, sachant que les « employés » sont à plus de 6 % de nationalité étrangère et en admettant, comme le disent les instituts de sondage qu’ils se sont abstenus à 29 %, qu’ils ont voté blanc ou nul à 2 % et que ceux qui ont voté pour un candidat l’ont fait à 32 % pour Le Pen, à peine 18 % des employés ont voté FN.

(94/100)*(87/100)*(69/100)*(32/100) = 18/100

Autour de 15 % au total, c’est trop. Néanmoins, on est loin d’une classe ouvrière ayant sombré massivement dans la xénophobie.

Conclusion

Pour contrer les partis bourgeois FN, LR et LREM, pour unir la classe ouvrière, il ne suffit pas de revendiquer la hausse des salaires et la baisse du temps de travail (Mélenchon, Hamon, Poutou, Arthaud), ni même l’interdiction des licenciements et « la réquisition » (Poutou, Arthaud). Les meilleurs slogans économiques, séparés de l’action politique du prolétariat, relèvent de « l’économisme », abêtissant, illusoire et impuissant.

Pour imposer de telles mesures, il faudra un gouvernement ouvrier reposant sur des conseils populaires et l’armement du peuple, capable de mener un plan de grands travaux socialement utiles. Il faudra un parti ouvrier révolutionnaire.

L’émancipation de la classe productive est celle de tous les êtres humains sans distinction de sexe, ni de race. Les producteurs ne sauraient être libres qu’autant qu’ils seront en possession des moyens de production (terres, usines, navires, banques, crédits, etc.)… L’appropriation collective ne peut sortir que de l’action révolutionnaire de la classe productive – ou prolétariat – organisée en parti politique distinct. (Programme du Parti ouvrier, 1880)

27 mai 2017