Fidel Castro (1926-2016), dirigeant stalinien cubain

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Haï de Trump et de LR, pleuré par Mélenchon et le PCF

Le 25 novembre 2016, un peu plus de deux semaines après l’élection de Trump, Fidel Castro meurt à l’âge de 90 ans. La nature a réussi là où l’impérialisme a échoué, puisqu’il avait échappé à plusieurs centaines de tentatives d’assassinat – les archives de la CIA évoquent le chiffre hallucinant de 638. Il avait transmis le pouvoir en 2006 à son frère Raul, de cinq ans plus jeune que lui.

Pour certains gouvernements qui se sont heurtés à l’impérialisme américain, comme les gouvernements du Venezuela, du Mexique, de Bolivie, de l’Équateur, des Philippines, de Syrie, Castro était une sorte de héros. Pour la bourgeoisie impérialiste, Castro était généralement un monstre, pour avoir exproprié les grands propriétaires fonciers et les capitalistes. Ainsi, le 1er décembre 2016, les sénateurs LR, à l’initiative de Malhuret, ont observé une minute de silence en hommage « aux victimes de Castro » et Trump l’a décrit comme un « dictateur brutal qui a opprimé son propre peuple ».

Le Parti de gauche rassemble en hommage quelques centaines de personnes à Paris devant la statue de Bolivar.

Ce jour-ci a été un jour bien triste… Le sentiment qui nous opprimait alors, de la nouvelle du décès de Fidel nous a amené une fois de plus à penser que c’est dans l’exemple de nos héros que nous puisons sans cesse les leçons et l’énergie dont nous avons besoin pour continuer à ouvrir le chemin que, dans leur temps, à leur place, ils ont d’abord dégagé. (Jean-Luc Mélenchon, 26 novembre 2016)

Le Parti « communiste » français en profite pour affirmer sa confiance dans son successeur.

Ça a été dans le XXe siècle, l’un des dirigeants du mouvement d’émancipation humaine. La révolution qu’il a menée a eu lieu à l’époque de la décolonisation et s’inscrivait dans ce mouvement de restauration de la souveraineté des peuples. C’est ça qui restera dans l’Histoire… [Les frères Castro] sont animés de la même volonté de maintenir la voie du socialisme à Cuba et de le faire en essayant d’approfondir régulièrement les voies démocratiques. (Pierre Laurent, 26 novembre 2016)

1952-1959, un guérilléro nationaliste petit-bourgeois

Fidel Castro n’a jamais été socialiste. Jeune, c’était un nationaliste bourgeois influencé par José Marti, un révolutionnaire cubain du 19e siècle. Après avoir dirigé la Fédération des étudiants, il ouvrit un cabinet d’avocat et adhéra au Parti du peuple cubain, un parti nationaliste fondé quelques années auparavant par l’anticommuniste Eduardo Chibás, peu avant le coup d’État qui porta Batista au pouvoir en 1952.

Face au despotisme et à la soumission à l’impérialisme voisin, Fidel Castro choisit l’insurrection armée. Il dirige le 26 juillet 1953, avec 150 jeunes à l’assaut de la caserne La Moncada (Santiago) qui est un échec cuisant. Il est condamné à 30 ans de prison. Deux ans plus tard, il est amnistié. Exilé, il lance aux côtés de Camilo Cienfuegos, de Raul Castro et de l’Argentin Ernesto Guevara le Movimiento 26 de Julio (M26-7), une organisation nationaliste petite-bourgeoise. Le frère Castro était membre du parti stalinien cubain et « Che » Guevara était influencé par le stalinisme. Convaincus que la guérilla rurale est un moyen de soulever le peuple, 81 militants du M26-7 débarquent du Mexique en 1956.

La conjoncture est favorable car une fraction de la bourgeoisie rejette Batista, les grèves se multiplient pour les salaires, la paysannerie pauvre veut mettre fin à l’oppression des grands propriétaires terriens, la jeunesse se révolte contre la terreur politique (arrestations, emprisonnements, tortures, exécutions) et l’humiliation nationale. Les militants en danger dans les villes rejoignent souvent la guérilla. L’opposition urbaine fournit soins, renseignements, argent et armes à la guérilla rurale. Le parti le plus organisé, malgré de multiples trahisons, est le parti stalinien Partido Socialista Popular (PSP). En 1958, il cesse de coopérer avec le régime et commence à soutenir la guérilla.

Aussi discrédité politiquement fût-il, le PSP avait deux caractéristiques dont Castro allait bénéficier : il était le seul parti politique structuré et une tant soit peu cohérent ; son appareil expérimenté contrôlait la confédération syndicale hautement bureaucratisée. (John Lister, Cuba, radical face of Stalinism, Left View, 1985, p. 29)

Raùl Castro, Ernesto Guevara et Ramiro Valdés favorisent les relations entre M26-7 et PSP. Portés par la montée révolutionnaire, les guérilleros profitent de la décomposition du régime qui est liquidé par une grève générale de 8 jours. Ils accèdent au pouvoir le 8 janvier 1959 alors que Batista a fui le pays avec 40 millions de dollars. L’armée et la police sont remplacées par l’armée rebelle et par une police recrutée parmi les partisans de Castro. Par contre, les appareils administratif et judiciaire sont seulement épurés.

À ce moment, Castro se limite à la saisie des biens de Batista et à une réforme agraire analogue à celle conduite en France au 18e siècle. Le M26-7 met en place un gouvernement bourgeois qui réserve sa première visite officielle aux États-Unis.

J’ai dit de façon claire et définitive que nous ne sommes pas des communistes… Les portes sont ouvertes aux investissements privés qui contribuent au développement de l’industrie à Cuba… Il est absolument impossible que nous fassions des progrès si nous ne nous entendons pas avec les États-Unis. (Fidel Castro, 17 avril 1959) ; La victoire ne nous a été possible que parce que nous avons réuni les Cubains de toutes les classes et de tous les secteurs autour d’une seule et même aspiration. (Fidel Castro, 27 avril 1959)

1960-62, une révolution sociale imprévue

C’est compter sans la mobilisation des travailleurs de villes et des campagnes qui se heurtent à la résistance des capitalistes et des agrariens, tant cubains qu’étasuniens. De son côté, le gouvernement d’Eisenhower (Parti républicain) commence à organiser le blocus économique de Cuba, notamment de la vente du sucre, principale ressource de l’île. La brutalité de la réaction de l’impérialisme américain, les intrigues de la bourgeoisie cubaine liée à lui et celles des contre-révolutionnaires cubains stimulent la révolution cubaine.

La loi de réforme agraire du 17 mai 1959 déclencha les contradictions de classe dans la société cubaine et aggrava l’affrontement avec le gouvernement étasunien, démarquant les camps entre partisans et ennemis de la Révolution. Ces clivages entraînèrent en juin-juillet la sortie du gouvernement du président Urrutia et de plusieurs ministres représentant des positions de droite, tandis que se produisaient des trahisons dans le secteur militaire. (Sergio Guerra Vilaboy & Oscar Loyola Vega, Cuba, une histoire, Ocean Press, 2012, p. 88)

À l’initiative des masses surgirent des milices ouvrières et paysannes, des formes embryonnaires de pouvoir au niveau local, des comités de défense de la révolution, des comités dans les usines. Le M26-7 et le PSP sont réticents, ils imposent que les comités d’usine soient désignés et seulement consultatifs. Reste que, pour résister à l’impérialisme américain, à la bourgeoisie locale et à l’Église catholique, Castro et le M26-7 s’appuient sur la mobilisation spontanée des masses et épurent l’armée, la police, la magistrature. Pour rompre le blocus économique, Fidel Castro et son équipe n’ont eu d’autre recours que de s’adresser l’URSS, un pays qui s’oppose aux États-Unis et dont le capitalisme a été exproprié en 1917.

Mais l’URSS de 1962 n’est pas celle du pouvoir des soviets 1917, elle est dirigée depuis longtemps par une bureaucratie usurpatrice, privilégiée et conservatrice qui, certes, cherche à empêcher la bourgeoisie américaine de l’agresser (« coexistence pacifique ») mais n’a aucune intention de voir les travailleurs diriger Cuba, ce qui pourrait donner des idées à ceux de l’URSS et d’Europe de l’est, ni la révolution s’étendre à toute l’Amérique latine.

Au cours de l’année 1960, l’impérialisme américain accentue sa pression : les directeurs des raffineries, qui sont américaines, refusent de raffiner le pétrole venant d’URSS. Castro, qui avait déjà précédemment nationalisé une partie de la propriété et des avoirs du capital américain à Cuba, nationalise le reste. Le 3 janvier 1961, l’État américain rompt officiellement ses relations avec Cuba. Le gouvernement Kennedy (Parti démocrate) lance le 14 avril 1961 une opération de grande ampleur contre la révolution sociale. D’une part, l’aviation américaine, avec des appareils arborant les couleurs cubaines, bombarde trois aéroports. D’autre part, 1 400 émigrés (armée et police de Batista, jeunes bourgeois), financés, armés, entraînés et transportés par l’armée et les services secrets étatsuniens sont débarqués à la baie des Cochons.

Le gouvernement arme les travailleurs qui écrasent la contre-révolution. Castro utilise pour la première fois le terme de « révolution socialiste ». L’économie est collectivisée, une campagne d’alphabétisation est organisée, l’émancipation des femmes progresse.

Il est impossible de nier catégoriquement par avance la possibilité théorique de ce que, sous l’influence d’une combinaison tout à fait exceptionnelle de circonstances (guerre, défaite, krach financier, offensive révolutionnaire des masses, etc.), des partis petits-bourgeois, y compris les staliniens, puissent aller plus loin qu’ils ne le veulent eux-mêmes dans la voie de la rupture avec la bourgeoisie. (4e Internationale, Programme de transition, 1938, GMI, p. 29)

Mais la révolution sociale de 1960-1962 est confisquée aux travailleurs, ce qui la rend incomplète et vulnérable.

1962-2006, le « lider maximo » de la bureaucratie cubaine

Cuba se calque économiquement et politiquement calquée sur l’URSS. En plus de l’aide économique d’URSS et d’autres États ouvriers dégénérés et de prêts financiers indispensables à une île reliée jusqu’alors à la gigantesque économie capitaliste américaine, des milliers d’experts venus de ces pays encadrent les ministères, les entreprises publiques, la police politique, l’armée nouvelle.

En août 1960, le PSP qui depuis plus de 30 ans calomnie, attaque et assassine les bolcheviks-léninistes, dénonce solennellement à son congrès le « trotskysme », c’est-à-dire la menace de la prise du pouvoir par la classe ouvrière. En avril 1961, Guevara fait écho à ces calomnies. En mai 1961, le petit groupe qui se réclame du trotskysme, et dont les militants ont participé à la révolution, est prohibé. En juillet 1961, le M26-7 et le PSP fusionnent en un parti unique, tous les autres partis étant interdits, qui prendra en 1965 le nom de Partido Comunista de Cuba (PCC). En décembre 1961, Castro se réclame du « marxisme-léninisme ».

Un lien unit ce que représente le castrisme, la bureaucratie du Kremlin et son appareil international : la peur que la révolution prolétarienne qui a emporté le Mouvement du 26 juillet beaucoup plus loin qu’il ne le pensait, n’aille à son terme : la réalisation de la dictature du prolétariat. Dès lors, le Kremlin et son appareil à Cuba ne pouvaient que jouer, à l’intérieur du parti unique, dans la construction de l’appareil d’État, de l’appareil économique, le rôle déterminant. Les méthodes de Castro et de son équipe laissaient le champ libre à l’activité de l’appareil stalinien. Les rapports de type caudilliste, soi-disant directs, entre le « Lider maximo », le « tribun », et la foule, l’absence de fonctionnement officiel d’organismes politiques et étatiques codifiés, laissaient le champ libre à l’appareil contre‑révolutionnaire organisé, centralisé, discipliné du stalinisme. (Stéphane Just, « À propos d’une possibilité théorique et de la lutte pour la dictature du prolétariat », La Vérité, septembre 1979)

Le gouvernement prétend réaliser le socialisme dans une seule île. Une planification est mise en place d’en haut sur le modèle hérité du stalinisme. Une bureaucratie privilégiée se met en place dont les membres sont seuls à pouvoir voyager à l’étranger, qui habite dans des quartiers chics, qui échappe au rationnement des produits de consommation, qui jouit de personnel domestique, de résidences secondaires, etc. Castro lui-même vit dans un luxe inouï. Le parti unique stalinien couvre, comme en URSS, en Chine, en Europe de l’est, le règne de la bureaucratie usurpatrice du pouvoir des travailleurs. Le PCC dirige toutes les autres organisations qui encadrent les masses. La culture est mise au pas. Les homosexuels sont persécutés.

En octobre 1962, devant la menace par Kennedy de guerre nucléaire, Kroutchev retire sans consulter Castro les missiles qu’il avait installés pour protéger Cuba. Rendue méfiante vis-à-vis de la bureaucratie russe, la direction de la bureaucratie cubaine mise, un temps, sur la guérilla paysanne dans le Tiers Monde pour échapper à la contre-révolution à laquelle son puissant voisin impérialiste ne renonce pas. À cette fin, Castro et Guevara lancent la Tricontinentale en 1966, tout en calomniant Trotsky (assassiné par Staline en 1940) pour donner des gages aux bureaucraties russe et chinoise.

La tentative de susciter des révolutions analogues à partir d’une poignée de guérilleros créant un foyer (foco) dans la campagne est esquissée par Guevara, théorisée par l’intellectuel français Debray, cautionnée par les « marxistes » du SUQI. L’État cubain conseille, finance, entraîne des organisations de toute l’Amérique latine qu’il fédère en 1966 sous son autorité et sans aucune démocratie interne sous le nom d’OLAS. Guevara, mal à l’aise avec les privilèges de la bureaucratie cubaine ainsi qu’avec la politique de conciliation de l’URSS envers l’impérialisme américain, se rend en 1965 au Congo-RDC pour aider la guérilla de Kabila. C’est un échec car la nature sociale et politique de ce mouvement n’est guère différente de ses rivaux. En 1966, il lance un « foco » en Bolivie que le parti stalinien PCB laisse isolé. Malgré la bravoure de Guevara et de ses compagnons, les services secrets américains et l’armée bolivienne écrasent la guérilla en 1967 et exécutent Guevara blessé et capturé.

À partir de là, Castro met directement au service de la bureaucratie russe, de plus en plus sclérosée et dépréciée, le prestige immense de la révolution cubaine et de l’héroïque « Che » : approbation de l’intervention en Tchécoslovaquie en 1968, soutien affiché au gouvernement d’UP contre la révolution au Chili en 1971, aide militaire au mouvement nationaliste bourgeois MPLA en Angola en 1974, hébergement de l’assassin de Trotsky en 1974, blocage de la révolution et mise en place par le FSLN castriste d’un gouvernement de coalition avec la bourgeoisie au Nicaragua en 1979 (avec le soutien du SUQI)… En 1989, Arnaldo Ochoa, héros de la Révolution de 1959 et ancien commandant du corps expéditionnaire cubain en Angola, est accusé de corruption et de trafic de drogue, condamné à mort.

L’impérialisme américain a été convaincu que le moindre risque était de laisser opérer la bureaucratie du Kremlin et son appareil à Cuba, pour canaliser, faire refluer la révolution prolétarienne. L’importance de Cuba, du point de vue des intérêts économiques généraux de l’impérialisme, est de quinzième ordre. Ce qui comptait vraiment, c’était l’impact de la révolution cubaine. Le plus important était de la neutraliser politiquement. La bureaucratie du Kremlin, son appareil international, avec la participation de Fidel Castro et de son équipe, malgré les querelles et les crises, y sont parvenus. Aujourd’hui, une solide caste bureaucratique s’y est constituée, unie par une sorte de cordon ombilical à celle de l’URSS… Ultérieurement, d’ailleurs, le prestige de Fidel Castro s’est révélé un instrument précieux contre la révolution prolétarienne en Amérique latine et dans le monde. (Stéphane Just, « À propos d’une possibilité théorique et de la lutte pour la dictature du prolétariat », La Vérité, septembre 1979)

Les défaites de la révolution en Amérique latine auxquelles participent directement la bureaucratie cubaine et Castro, le maintien du blocus américain, le rétablissement, par l’ancienne bureaucratie, du capitalisme en 1991 en Russie isolent Cuba, créant de grandes souffrances pour la population et affaiblissant l’État ouvrier. La « période spéciale » s’ouvre quand le PIB chute de 35 %.

L’impérialisme et l’Église catholique poussent la bureaucratie à restaurer le capitalisme

Si le niveau d’instruction et de santé est sans commune mesure avec l’Amérique latine capitaliste, ce qui est un sous-produit de la révolution sociale cubaine, la privatisation de liberté et de nourriture conduit en 1994 à des émeutes et à une vague d’émigration. À partir de 1998, les échanges de médecins et d’instituteurs cubains contre du pétrole vénézuélien soulagent l’économie planifiée. Mais la crise capitaliste qui étouffe le Venezuela depuis 3 ans a obligé à réduire l’usage de l’électricité et de l’essence à Cuba. S’ajoute à cela que la Chine impérialiste est le principal bailleur du Venezuela (prêts de 50 milliards de dollars en 10 ans) tout comme de Cuba. La Chine est aussi le 2e partenaire commercial de Cuba, devant l’UE qui vient d’y signer un accord commercial.

L’État chinois pousse à la restauration capitaliste au compte de ses groupes capitalistes. D’ailleurs, la bureaucratie, comme ses homologues roumaine, hongroise, allemande, russe, chinoise, vietnamienne auparavant, est de plus tentée par la possibilité de léguer à ses enfants les entreprises une fois privatisées. Les papes, accueillis avec complaisance par les frères Castro, visitent dans l’île en 1998 et en 2012. L’Église catholique joue un grand rôle, comme en Europe de l’est à la fin du 20e siècle, dans les relations entre la bourgeoisie impérialiste et la bureaucratie aux abois.

Les États-Unis ont renoué les relations diplomatiques avec Cuba fin 2014. Mais le blocus persiste. Le même Obama (Parti démocrate) renouvèle les sanctions contre Cuba le 11 septembre 2015, comme le prouvent les très lourdes amendes infligées à des banques et à des institutions financières ayant des relations avec Cuba, et la traque des transactions financières internationale de Cuba. D’après un rapport de Cuba sur la Résolution 70/5 de l’Assemblée générale des Nations Unies, intitulé « Nécessité de lever le blocus économique, commercial et financier appliqué à Cuba par les États-Unis d’Amérique » (juin 2016), les préjudices économiques causés au peuple cubain par l’embargo établi en 1961 s’élèvent, à prix constants, à plus de 750 milliards de dollars. Les Nations unies ont d’ailleurs voté 24 résolutions – la première en 1992 – visant à mettre fin à l’embargo, sans aucun impact, prouvant l’hypocrisie de cette caverne de brigands, dont les décisions ne sont mises en œuvre que lorsqu’elles siéent aux impérialismes dominants et à leurs alliés.

Contrairement à la caste des dirigeants politiques, militaires, policiers et économiques, la grande masse des Cubains, surtout ceux qui n’ont pas de famille dans la diaspora cubaine, vit dans la pauvreté avec un salaire moyen de 740 pesos par mois (soit 24 dollars). La passation de pouvoir à Raul Castro a été l’occasion pour des fractions de la bureaucratie en particulier de l’armée, de faire des affaires dans l’import-export, dans le tourisme, l’alcool ou le tabac. Des mesures favorisent le marché : possibilité de travail indépendant, de louer la terre pour 20 ans. Aujourd’hui, 500 000 personnes travaillent à leur compte dans le secteur non agricole (restauration, hébergement, transport…), contre 150 000 en 2011. En intégrant l’agriculture, le secteur privé comptait 1,1 million d’actifs en 2014 (sur environ 5 millions). La bureaucratie crée des « zones franches » capitalistes. En 2014, une loi autorise que les co-entreprises avec des capitaux étrangers ne soient plus détenues à 51 % par le « partenaire » cubain. Les impôts sur ces bénéfices sont passés de 30 à 15 % et il n’y en a plus sur la main-d’œuvre. Toutefois, les investissements ne sont pas au rendez-vous. Cuba a connu une stagnation de son PIB en 2016 et la récession est prévue pour 2017.

En 2011, le 6e congrès du PCC, au nom de l’« actualisation du socialisme », veut privatiser davantage. Toutefois, le 7e congrès, en avril 2016, prend acte du fait que seules 21 % des recommandations ont été appliquées, en raison notamment de la résistance ouvrière contre les licenciements, mais aussi d’une partie de la bureaucratie menacée.

La menace de rétablissement du capitalisme par des secteurs décisifs de la bureaucratie se précise, qui aurait pour conséquences la généralisation de la précarisation et de l’exploitation des producteurs, la régression de Cuba en un satellite soumis à l’impérialisme. La défense des conquêtes de la révolution passe par le renversement de la bureaucratie avide et l’extension de la révolution aux Antilles, à l’Amérique latine, à l’Amérique du Nord. Pour cela, il faut aux travailleurs un instrument débarrassé du stalinisme-castrisme, un parti antibureaucratique, anti-impérialiste et internationaliste prolétarien.

  • Défense de l’État ouvrier cubain !
  • Suppression de tout blocus !
  • Fermeture de la base de Guantanamo !
  • Révolution politique !
  • Pour une fédération socialiste des Caraïbes et les États-Unis socialistes d’Amérique !