Autriche
La formation d’un gouvernement de
coalition entre le SPO et l’OVP

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Une fois de plus, le Parti social-démocrate d’Autriche (Sozialdemokratische Partei Österreichs, SPO) et le Parti populaire autrichien (Österreichische Volkspartei, OVP démocrate-chrétien) ont pu s’unir sur un programme commun de gouvernement. Sauf si, dans les prochaines années, un changement radical se produit par la résistance organisée des ouvriers, des employés, de la jeunesse, cela sera sans doute le dernier gouvernement de coalition avant longtemps. La classe dominante n’aura même plus besoin du parti ouvrier bourgeois SPO et gouvernera par ses représentations directes.
Même sans coalition avec l’OVP, un gouvernement composé seulement de ministres sociaux-démocrates et sous un chancelier fédéral social-démocrate serait un gouvernement bourgeois parce qu’il constituerait le conseil d’administration des affaires communes de la classe dominante. Cette classe est la bourgeoisie, la classe de ceux qui possèdent les usines, l’industrie, les moyens de transport, les banques, donc les moyens de production.
125 ans après la fondation du Parti ouvrier social-démocrate à Hainfeld, le SPO a réussi par sa soumission aux intérêts du capital et l’adoption de tous les vices de l’élite politique bourgeoise (corruption, détachement vis-à-vis de la population travailleuse) à décimer sa propre base ou à la soulever contre lui, à abaisser la conscience de classe, à affaiblir l’importance des syndicats, à réduire à néant les conquêtes de décennies de combats pour les acquis sociaux avec la même brutalité que l’OVP et le Freiheitliche Partei Österreichs (Parti de la liberté d’Autriche, FPO, fascisant).
Le gouvernement de coalition SPO-OVP repose sur un pacte qui est une totale soumission de la direction social-démocrate devant la bourgeoisie. Le resserrement budgétaire doit résulter à 50 % de la fermeture de niches fiscales ou de la lutte contre la fraude fiscale et à 32 % de réduction de dépenses. On ne peut pas compter sur une réelle offensive de la part d’un gouvernement bourgeois pour le recouvrement d’arriérés fiscaux ou la lutte contre le travail au noir. Il faut plutôt s’attendre à des « économies dans l’administration » sous la forme de suppressions de postes dans le secteur de la formation, dans le domaine de la santé ou par des privatisations.
Jusqu’en 2018, les impôts devraient augmenter avec l’impôt sur le chiffre d’affaires mais aussi la diminution des prestations sociales et l’élévation de l’âge légal de départ en retraite. La coalition accentuera clairement la pression sur les chômeurs qui tombent aux mains de l’AMS (Service autrichien de l’emploi). Elle contournera les conventions collectives existantes par le travail précaire. Elle éloignera tout salaire minimum. Au lieu de créer des emplois et des possibilités réelles de qualification pour la jeunesse, on offre des cours absurdes et des palliatifs qui ne servent qu’à embellir les statistiques.
Un signal sans équivoque a été la récente fusion du ministère de la science et de la recherche avec le ministère de l’économie. Ce que nous marxistes disons depuis longtemps, vient d’être prouvé par le gouvernement bourgeois SPO-OVP : dans le système économique capitaliste existant, il n’y a pas de recherche désintéressée, pas de savoir gratuit. La recherche et l’enseignement sont soumis aux intérêts du capital. La crise récurrente du système de formation vient du désintérêt de la classe dominante à élever le niveau de formation des femmes et des hommes dans l’intérêt de toute la société. Elle montre que le capitalisme ne veut pas donner à la masse des travailleurs le savoir par l’enseignement secondaire et supérieur, encore moins l’esprit critique.
Des protestations se sont déjà manifestées : une résistance de lycéens contre le baccalauréat central, des révoltes des employés du service public contre la réduction de personnel, des manifestations contre le nouveau service des professeurs…
Il sera décisif de surmonter la dispersion de ces mouvements contre la politique bourgeoise d’austérité. Il convient de synthétiser les revendications de toutes ces luttes et de les étendre à d’autres couches de la population travailleuse et des chômeurs. Les syndicats doivent soutenir ces revendications !
Fondés en tant qu’associations collectives de défense des intérêts des travailleurs, les syndicats sont moins que jamais inutiles ou insignifiants. C’est à cela que les ouvriers peuvent d’ailleurs reconnaître le caractère mensonger du FPO qui se présente frauduleusement comme « nouveau parti des ouvriers et des sans-grade », tout en souhaitant briser les syndicats et en finir les conventions collectives.
Mais les appareils bureaucratiques, eux, sont superflus. En collaboration avec la direction social-démocrate du SPO, ils parasitent les syndicats. Ils doivent être chassés et la démocratie ouvrière rétablie dans les syndicats, pour des syndicats lutte de classe, indépendants de l’État bourgeois !
Un aspect essentiel de l’unité des travailleurs contre la classe dominante est le rejet de la haine contre les travailleurs immigrés et les demandeurs d’asile. Halte à la campagne contre les demandeurs d’asile ! Soutien aux principales revendications du mouvement des camps de réfugiés : pour le droit des réfugiés à se déplacer librement, à travailler et à se former ! Halte aux expulsions !
Pour pouvoir défendre les conquêtes sociales et culturelles des travailleurs, il faut un programme politique clair et une orientation internationale tout aussi claire. Les attaques auxquelles sont confrontés maintenant les travailleurs autrichiens, sont les mêmes qui ont précipité les travailleurs grecs dans la misère et la pauvreté, réduit le niveau de vie de la population laborieuse en Espagne et au Portugal, les mêmes que Hartz IV et le chômage de masse pour les travailleurs d’Allemagne.
Spontanément, les luttes ne pourront pas développer un programme complet à partir d’elles-mêmes : il faut pour cela une force agissant avec une conscience politique, un parti ouvrier révolutionnaire et une internationale ouvrière révolutionnaire.


14 janvier 2014
Gruppe Klassenkampf (Groupe lutte de classe, section autrichienne du CoReP)