Pour la défense des retraites, pour la rupture des syndicats avec le gouvernement qui les menace, pour un gouvernement ouvrier

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La France rejoint la zone euro dans la récession

Depuis 2008, il y a eu 53 mois de hausse du chômage pour seulement 9 mois de baisse. De février 2008 à mars 2013, le nombre de chômeurs de catégorie A est passé 1 983 100 à 3 224 600, soit une hausse de 63 %.

Pourtant, Hollande affirme, dans sa conférence de presse du 16 mai : « Nous avons passé le moment le plus difficile ». Il a persisté à assurer que l’objectif d’inverser la courbe du chômage sera tenu d’ici la fin de l’année. C’est de moins en moins vraisemblable au fil des mois. En effet, la France est officiellement à nouveau entrée en récession le 15 mai 2013, après deux trimestres consécutifs de baisse du PIB. Le déficit du commerce extérieur a atteint 67 milliards € en 2012. La France réalise 60 % de ses exportations de biens vers l’Union européenne (et 57 % de ses importations en proviennent). La santé du capitalisme français est donc tributaire de celle de l’Europe, alors que la zone euro vient elle-même d’afficher le sixième trimestre consécutif de baisse de la croissance.

« Ils ne mouraient pas tous, mais tous étaient frappés… ». Certes, l’Allemagne fait figure de rescapée même si sa croissance ralentirait à +0,3 % pour 2013, alors que la Grèce, en récession depuis six ans, s’effondre encore un peu plus, que l’Italie, l’Espagne, le Portugal s’enfoncent eux aussi. Hollande a défendu, comme Sarkozy avant lui, la vieille chimère d’un « gouvernement économique de la zone euro ». La bourgeoisie allemande, un peu moins malade que les autres, en raison de sa supériorité technique et aussi des coups qu’elle a portés à son prolétariat, et soucieuse de payer le moins possible pour les autres, reste de marbre.

De toute façon, l’Union européenne n’est pas un État, mais un attelage de différentes bourgeoisies que la crise rend plus fragile. Les partisans de mesures protectionnistes l’emportent-ils sur une taxation jusqu’à 68 % sur les panneaux solaires chinois, dans la droite ligne de ce que préconisent aussi bien Hollande que Mélenchon et Le Pen ? Aussitôt, la Chine menace de mesures de rétorsion en déclarant par la voix de son ministre du commerce que « provoquer des frictions commerciales avec la Chine, c’est comme attacher un boulet à son propre pied » (Le Figaro, 21 mai 2013), ce que la bourgeoisie allemande entend parfaitement, qui pèse à elle seule la moitié des exportations de l’UE vers la Chine ! Les intérêts divergents des uns et des autres interdisent un véritable gouvernement économique européen.

L’internationalisation des groupes capitalistes français

Au temps du capitalisme en déclin, la tâche d’un gouvernement national est compliquée par l’interdépendance des économies nationales et la transnationalisation des entreprises capitalistes. Doit-il défendre les entreprises capitalistes qui sont en France ? Doit-il défendre les groupes français ? Les deux coïncident de moins en moins.

Par des canaux divers les capitaux d’une sphère nationale se déversent dans une autre, l’interpénétration des capitaux s’accroît, le capital s’internationalise. (Nikolaï Boukharine, L’économie mondiale et l’impérialisme, 1915, ch. 2)

D’un côté, la France a attiré et continue d’attirer des groupes capitalistes étrangers. Fin 2012, d’après la Banque de France, leurs investissements s’élevaient à 779 milliards d’euros. Selon l’Agence française pour les investissements internationaux, leur effectif serait à la même date de 2 millions de salariés.

De l’autre, les groupes capitalistes français sont eux-mêmes à l’étroit dans les frontières exigües de l’hexagone et même de l’UE. Leurs investissements s’élevaient à 1 260 milliards d’euros. Les 2 500 groupes français internationalisés (hors banques) employaient déjà en 2010 plus de salariés hors de France, 4,7 millions, qu’en France même, 4,2 millions. Entre 2009 et 2011, 85 % de l’augmentation du chiffre d’affaires des entreprises du CAC 40 est venue des ventes à l’étranger. En même temps, plus de 60 % de la valeur des actions des entreprises du CAC 40 sont détenues par des étrangers (Bulletin de la Banque de France, mai 2013).

Danone emploie 91 % de ses effectifs à l’étranger, Lafarge 90 %, Schneider Electric 87 %, Alstom 81 %, Total 64 %… Renault a inauguré en 2012 une usine à Tanger pour plus d’1 milliard d’euros d’investissements, destinée à produire des voitures dont les 2/3 doivent être vendues en Europe. Il y bénéficie de nombreux avantages fiscaux (zone franche, etc.) et il paie à l’ouvrier marocain un salaire moyen de 248 euros mensuels. Cette insertion des plus grands groupes du capitalisme français sur le marché international signifie que le choix du protectionnisme ouvert, voire de la sortie de l’euro, est aujourd’hui sans fondement pour la grande bourgeoisie française. On a donc une base industrielle génératrice de plus value qui se rétrécit en France, mais trouve encore à l’extérieur des sources de profit dans les zones qui, malgré la crise mondiale, sont toujours en croissance, même si celle-ci ralentit. Cependant, sur ce terrain là aussi, la concurrence est rude. C’est aussi ce que fait par exemple l’impérialisme allemand, à beaucoup plus grande échelle et sur des productions à plus haute valeur ajoutée. Volkswagen-Audi a vendu 1,4 million de voitures en Chine en 2012, contre 25 000 pour Renault…

L’union nationale autour de l’intervention impérialiste au Mali

De plus, les zones traditionnelles d’influence et de contrôle de l’impérialisme français en Afrique sont sujettes à une forte instabilité politique, sociale, voire militaire et lui sont de plus en plus disputées par les autres impérialismes, d’où l’engagement répété de l’armée française, facilité par l’union nationale.

Les partis d’origine ouvrière qui se rallient à « la France », à la « nation », à la « souveraineté », défendent en réalité le capital français, en l’occurrence Accor, Air France, Air liquide, Areva, Alcatel Lucent, Bolloré, BNP Paribas, Bouygues, Eiffage, Legris, Orange, Sanofi, Total, Vinci… Ainsi, le 22 avril, l’intervention au Mali a été approuvée à l’Assemblée sans aucune voix contre, avec l’appui des votes des députés PS et l’abstention complice du PdG et du PCF, qui en réalité approuvent cette intervention :

La priorité demeure de permettre au Mali de retrouver son intégrité, de se doter d’institutions démocratiques, et de suivre un chemin progressiste. L’intervention militaire n’est évidemment pas de nature à fixer ces étapes-là mais elle est un préalable. Une non-intervention aurait été une lâcheté.

(François Asensi, député PCF, L’Humanité, 18 janvier 2013)

L’impact dévastateur de la crise sur la classe ouvrière et la jeunesse

L’INSEE vient de rendre un rapport sur les revenus et le patrimoine des ménages. Ce rapport donne une image déformée de la société française, car il mélange les salaires avec les revenus du capital ou du patrimoine pour définir un revenu disponible des ménages.

Malgré cela, il montre que la crise capitaliste mondiale n’a pas touché de la même façon l’ensemble de la population. Le niveau de vie des 40 % les plus modestes, soit 24,4 millions de personnes a baissé en 2009 et 2010 alors que celui des 5 derniers déciles (la moitié la plus riche) n’a diminué qu’en 2010. En 2010, la moitié de la population, soit 30,5 millions de personnes, disposaient de moins de 1 610 euros mensuels. Sont considérés comme pauvres les personnes qui perçoivent moins de 60 % de ce montant, soit moins de 964 euros mensuels, ce qui correspond à 8 617 000 personnes (13 % de la population). La moitié d’entre elles vivaient en 2010 avec moins de 781 euros mensuels et la pauvreté atteignait en 2010 20 % des jeunes de moins de 18 ans et 10 % des retraités.

Le chômage de masse fragilise l’ensemble des travailleurs, ceux qui ont un emploi et ceux qui en cherchent un.

Le progrès industriel, qui suit la marche de l’accumulation, non seulement réduit de plus en plus le nombre des ouvriers nécessaires pour mettre en oeuvre une masse croissante de moyens de production, il augmente en même temps la quantité de travail que l’ouvrier individuel doit fournir. A mesure qu’il développe les pouvoirs productifs du travail et fait donc tirer plus de produits de moins de travail, le système capitaliste développe aussi les moyens de tirer plus de travail du salarié, soit en prolongeant sa journée, soit en rendant son labeur plus intense, ou encore d’augmenter en apparence le nombre des travailleurs employés en remplaçant une force supérieure et plus chère par plusieurs forces inférieures et à bon marché, l’homme par la femme, l’adulte par l’adolescent et l’enfant, un Yankee par trois Chinois. Voilà autant de méthodes pour diminuer la demande de travail et en rendre l’offre surabondante, en un mot, pour fabriquer des surnuméraires. L’excès de travail imposé à la fraction de la classe salariée qui se trouve en service actif grossit les rangs de la réserve, et, en augmentant la pression que la concurrence de la dernière exerce sur la première, force celle-ci à subir plus docilement les ordres du capital. (Karl Marx, Le Capital, 1867, livre I, ch. 25)

Et encore, la crise capitaliste, les attaques patronales et les mesures gouvernementales n’ont pas atteint les mêmes proportions qu’aux États-Unis, sans parler de la Grèce, de l’Espagne ou du Portugal. Aucune catégorie de travailleurs ne saurait être à l’abri de ses statuts, de son ancienneté, de ses qualifications, de son âge, de sa nationalité, de son genre. Le sort fait aux chômeurs, la discrimination des travailleurs immigrés, la précarisation de la jeunesse vulnérabilisent l’ensemble du prolétariat

Au nom de la compétitivité et de l’emploi, les gouvernements bourgeois laissent toujours licencier, exonèrent ou subventionnent les patrons, flexibilisent l’emploi, le salaire et les horaires. Au nom de du déficit public et de la modernisation, les gouvernements bourgeois diminuent toujours la protection sociale, paupérisent les fonctionnaires, soumettent les enseignants. Au nom de l’égalité et de la justice, les gouvernements bourgeois alignent toujours vers le bas. De ce point de vue, le gouvernement français actuel PS-PRG-EELV ne fait pas exception.

Le « réformisme » sans réforme et ses Cahuzac

Durant la période de croissance qui a suivi la deuxième guerre mondiale dans les pays impérialistes, les bureaucraties syndicales et les partis travaillistes, sociaux-démocrates, socialistes, communistes quand ils accédaient au gouvernement, s’attribuaient le mérite des gains arrachés par la classe ouvrière par sa lutte collective et la menace de la révolution sociale.

Aujourd’hui, les bureaucraties syndicales acceptent de discuter des plans de licenciement, des mesures de flexibilité et font passer l’atténuation, parfois imaginaire, des attaques patronales et gouvernementales, pour des victoires. Accessoirement, les directions syndicales appellent sans vergogne « droits nouveaux » les strapontins, bien rétribués, attribués aux bureaucrates dans les organes de cogestion des groupes capitalistes.

Quant aux partis « réformistes » qui gouvernent (y compris ceux qui se réclament du communisme comme le KKE grec, le PRC italien, le PCF…), ils sont impuissants devant les licenciements et ils privatisent à tour de bras, subventionnent les capitalistes, renforcent l’armée et la police, persécutent les travailleurs immigrés, baptisent « réformes » leur destruction des acquis sociaux…

Le caractère d’un gouvernement bourgeois n’est pas déterminé par le caractère personnel de ses membres, mais par sa fonction organique dans la société bourgeoise. Le gouvernement de l’État moderne est essentiellement une organisation de domination de classe dont la fonction régulière est une des conditions d’existence pour l’État de classe. Avec l’entrée d’un socialiste dans le gouvernement, la domination de classe continuant à exister, le gouvernement bourgeois ne se transforme pas en un gouvernement socialiste, mais un socialiste se transforme en un ministre bourgeois. (Rosa Luxemburg, Affaire Dreyfus et cas Millerand, juillet 1900)

L’affaire Cahuzac, après celle de Strauss-Khan, montre que le personnel politique du Parti socialiste est pleinement intégré à la bourgeoisie, ses tares et ses magouilles.

Hollande, totalement au service des intérêts de la bourgeoisie, a placé l’an 2 de son quinquennat sous le signe de l’offensive. L’hommage appuyé qu’il vient de rendre à Schröder est significatif : c’est l’offensive contre les travailleurs ! Mais il ne peut faire absolument fi des rapports politiques sans risquer de déclencher une crise politique incontrôlable. La crise pousse Hollande et son gouvernement à approfondir les attaques, mais ils voient les travailleurs les rejeter, les élections approcher et la majorité parlementaire de plus en plus inquiète pour ses fauteuils.

Évidemment, toutes ces contre-réformes sont dictées par les exigences de la bourgeoisie pour préserver ou tenter de restaurer son taux de profit. En ce sens il n’y a strictement aucune différence entre la politique suivie par Sarkozy et celle de Hollande.

Car la classe dominante n’est guère reconnaissante, elle exige toujours plus et toujours plus vite des ses valets « réformistes ».

La classe dominante augmente la pression

Le fameux dialogue social ne donne-t-il pas pourtant toute satisfaction à la bourgeoisie, comme vient encore de le démontrer la mise en place la loi de flexibilité de l’emploi, du temps de travail et du salaire à partir de l’accord négocié par toutes les centrales et signé par la CFDT (ANI) ? La réponse est simple : il en faut toujours plus face la crise et à la concurrence des autres bourgeoisies. Et une fraction de la bourgeoisie française, celle de l’industrie automobile notamment, lorgne vers ce que Fiat a imposé en 2011 en Italie, avec la complicité des appareils syndicaux. Le patron de Fiat a quitté la Confindustria, l’équivalent du Medef, pour avoir les coudées franches pour négocier et conclure directement dans ses usines, sous la menace du chantage à la fermeture, des mesures encore bien plus dures que celles de l’ANI en France, avec, cerise sur le gâteau, l’éviction immédiate des usines des syndicats non signataires, désormais considérés comme non représentatifs !

Sarkozy était le Président aspirant bonaparte qui se faisait fort de rassembler derrière lui toutes les fractions de la bourgeoisie et au-delà. Il a réussi en 2005 mais échoué en 2012, à cause du rejet par une grande partie de la classe ouvrière et de la jeunesse et aussi à cause des dissensions dans la bourgeoisie provoquées par le déclin du capitalisme français, de la prépondérance de l’Allemagne sur l’UE, de l’endettement public croissant.

La crise dans l’UMP, opposant Fillon et Copé, est à la fois la conséquence de cet échec et la poursuite de l’opposition entre les partisans d’une ligne d’affrontement plus violent avec la classe ouvrière et ceux qui estiment que c’est un jeu dangereux qui risque de précipiter une crise révolutionnaire. Elle intègre la question de l’alliance ou non avec le Front National.

Cette division dans le principal parti politique de la bourgeoisie recoupe celle qui se développe au sein même de la principale organisation patronale, le Medef, à l’occasion de la prochaine élection pour sa présidence. L’UIMM, sa principale composante, vient de plébisciter l’un des siens pour le poste, Pierre Gattaz.

C’est néanmoins la ligne dure qu’incarne Pierre Gattaz, défendant un Medef offensif vis-à-vis des pouvoirs publics et des syndicats, qui a été retenue. Ce résultat illustre le ras-le-bol des entrepreneurs. Je ne suis pas certain que cela soit un bon signe pour le dialogue social commente un partisan…. (Les Échos, 18 avril 2013)

La réaction a ont commencé à rameuter ses troupes sous le faux-nez de la défense de la famille, alors que le capitalisme a fait voler en éclats le modèle familial cher aux prêtres et aux fascistes depuis longtemps. Elle l’a fait avec l’aide de l’Église catholique et en partie sous son aile. C’est un galop d’essai, qui a en outre permis le déploiement, de groupuscules fascistes qui ont commencé à agresser physiquement les féministes, les homosexuels, les journalistes, à intimider les responsables du PS et même à occuper, sans réaction militante, le siège nationale du PS.

La classe ouvrière a les moyens d’empêcher de nuire les bandes fascistes qui, demain, s’en prendront physiquement aux grèves, aux manifestations ouvrières, aux immigrés. Mais cela ne passe pas par les urnes…

Le Front de gauche et les bureaucraties syndicales servent de béquilles au gouvernement PS-PRG-EELV

Toute l’activité du Front de gauche consiste à faire respecter le rythme électoral de la 5e République bourgeoise et à faire pression sur le gouvernement bourgeois.

Le mot d’ordre de la manifestation nationale du 5 mai était « qu’ils s’en aillent tous ». C’est à l’origine un cri de révolte spontanée des masses argentines en décembre 2001 contre le président du PJ. Son impuissance est prouvée par le fait que le PJ est de nouveau au pouvoir depuis 2003. Repris par des états-majors de partis ouvriers tels que le PCF et le PdG, sans la perspective immédiate d’un gouvernement des travailleurs, il est irresponsable, puisqu’il est aussi bien celui du FN.

Mais la seule solution du PCF et du PdG est à la fois bourgeoisie et lointaine, c’est celle de « VIe République ». Outre qu’elle est une solution de replâtrage de l’État bourgeois,  Mélenchon sait bien que cette perspective de VIe République, qui devrait être le fruit d’une assemblée constituante, , apparaît de surcroît très fumeuse. Il a assigné à cette manifestation le rôle plus prosaïque de faire pression sur le gouvernement pour qu’il mène enfin une « politique de gauche », voire qu’il en soit nommé Premier ministre, laissant ceux des manifestants qui pensaient trouver là la voie de la révolution Gros-Jean comme devant.

La classe ouvrière et la jeunesse sont désorientées. La politique des appareils syndicaux, soutenue et relayée par tous les partis réformistes, centristes, arc-boutée sur le « dialogue social », les journées d’action et les actions isolées disperse la combativité et ajoute à la désorientation qu’entrainent les nouvelles trahisons du PS.

La politique poursuivie par tous les appareils syndicaux a conduit à la défaite, pratiquement sans combat, de la loi de flexibilité, tandis que les grèves isolées à Pétroplus, à Florange… n’ont abouti qu’à la fermeture.

A PSA, les dirigeants syndicaux n’ont jamais appelé à la grève totale de tout PSA, de tout le secteur automobile quand Renault et tous les équipementiers étaient également touchés, laissant s’épuiser, seuls, les travailleurs d’Aulnay. La direction LO de la CGT d’Aulnay, qui a combattu l’appel à la grève générale et a ainsi totalement participé à l’isolement des travailleurs, a appelé à « suspendre la grève » et à « s’engouffrer dans la brèche de l’accord » comme n’importe quel bureaucrate syndical (Jean-Pierre Mercier, France 3, 18 mai). L’accord entérine la fermeture du site et le plan social.

Dans l’enseignement supérieur, la mobilisation contre la loi Fioraso a fait long feu, la direction PS de l’Unef soutenant le projet de la ministre, et dans le primaire, les mobilisations bien réelles des professeurs des écoles, notamment dans la région parisienne, ont été cadenassées par la direction PCF-PdG-NPA du Snuipp-Fsu.

Ainsi, chaque défaite encaissée par le prolétariat est un point d’appui immédiat pour la bourgeoisie et le gouvernement. A peine l’accord de flexibilité-ANI est-il conclu que Renault signe avec trois syndicats un accord de compétitivité qui lui fait gagner plus de 500 millions sur le dos des ouvriers. À peine la grève isolée à Aulnay prend-elle fin que PSA annonce la fermeture de son site de Meudon qui concerne 660 salariés.

C’est en s’appuyant sur l’aide que lui apportent les appareils que le gouvernement lance de nouvelles attaques contre les retraites. Son dispositif du « dialogue social » est parfaitement rodé, réunion de « calage » avec les dirigeants syndicaux et patronaux le 22 mai précédant la conférence sociale des 20 et 21 juin prochains, qui doit aboutir pour l’automne à un accord sur une nouvelle dégradation des droits à la retraite. Peu importe que, comme pour l’accord de flexibilité, les dirigeants syndicaux ne signent pas tous, l’essentiel étant que tous participent à cette mascarade pour donner une légitimité à la politique du gouvernement.

Et déjà les appareils se disposent comme ils l’avaient fait pour laisser passer la première réforme de Sarkozy contre les retraites : la CGT prévient qu’il faudra mobiliser pour faire pression sur les « négociations » et prévoit quelques défilés dans le cadre de « la semaine d’action contre l’austérité » organisée par la Confédération européenne des syndicats du 7 au 14 juin. Les dirigeants syndicaux ont déjà programmé la défaite. Ils n’attendent plus que d’en imputer la responsabilité aux travailleurs en les accusant de résignation parce qu’ils n’auront pas voulu les suivre dans leurs journées d’action d’appui et de caution au dialogue social.

Sur quelle orientation combattre ?

Le parlementarisme est utopique. Nous ne pouvons ni compter sur les parlementaires du PS, du PdG et du PCF pour prendre des mesures contre le capital, et encore moins sur une future et hypothétique assemblée constituante pour la 6e République bourgeoise.

Les travailleurs doivent exiger sans attendre que les directions syndicales cessent leur collaboration avec le gouvernement et le patronat, quittent immédiatement le Conseil d’orientation des retraites, refusent de participer à la conférence sociale des 20 et 21 juin et appellent à son boycott, forment un front de classe pour défendre les revendications simples de tous les travailleurs : retour à la retraite à 60 ans et 55 ans pour les travaux pénibles, retour aux 37,5 annuités pour tous et prise en compte des périodes de chômage ou de stage, calcul de la pension sur les 6 meilleurs mois et indexation des pensions sur les salaires !

Seule la lutte de classe résolue donnera un coup d’arrêt aux attaques incessantes et sans fin, tout en ouvrant une perspective socialiste. Les revendications des travailleurs et de la jeunesse sont totalement incompatibles avec le maintien du gouvernement Hollande qui se dresse contre eux. Ces revendications se heurtent de plein fouet au capitalisme, aux partis de la bourgeoisie qui se disposent pour affronter directement la classe ouvrière. Elles appellent à la mobilisation et à l’organisation pour un gouvernement ouvrier, sous contrôle des travailleurs et de la jeunesse, qui mette en œuvre les solutions ouvrières pour en finir avec le capitalisme et sa crise, bref, à une révolution sociale, à la république des travailleurs.

24 mai 2013