Plateforme du Groupe marxiste internationaliste

La conférence d’avril 2013 des militants du CCI(T) et du GB, au terme d’une année de rapprochement et de travail en commun en France :

  • protocole (avril 2012), assemblée commune (septembre 2012), réunion mensuelle d’une direction provisoire commune, publication d’un bulletin intérieur commun, articles communs dans les bulletins CPFC et RS
  • positions sur le « sommet social » (janvier 2012), sur l’élection présidentielle (mai 2012), sur les élections législatives (mai 2012), l’automobile (septembre 2012), le « pacte social » (novembre 2012), la sidérurgie (décembre 2012), l’immigration (décembre 2012), mariage homosexuel (décembre 2012, janvier 2013), l’accord de flexibilité (janvier 2013), l’enseignement primaire et secondaire (janvier, février 2013), l’enseignement supérieur et la recherche (février 2013)

et internationalement avec le Collectif révolution permanente :

  • sur la révolution au Maghreb (avril 2012, février 2013)
  • sur les grèves en Afrique du Sud (août 2012)
  • sur les élections au Venezuela (octobre 2012)
  • sur l’intervention israélienne à Gaza (novembre 2012)
  • sur l’intervention de notre impérialisme au Mali (janvier 2013)

décide de constituer le Groupe marxiste internationaliste sur les bases suivantes.

 

Notre but est le communisme

Notre but est le communisme, c’est-à-dire un mode de production sans classe sociale et sans inégalité, sans État et sans frontière, articulant un haut niveau de forces productives, grâce à la science et à la technique, avec l’organisation de la production et de la vie sociale par tous les êtres humains, intégrant le souci de l’environnement de l’espèce humaine comme garantie de son avenir. L’abondance matérielle, la contribution de chacune et de chacun à la production en fonction de ses capacités, le temps libéré pour la vie collective et personnelle, la planification consciente sont les conditions de l’égalité réelle et de l’épanouissement des individus.

Le capitalisme jette les bases du communisme

Le capitalisme est un mode de production qui a eu pour mérite historique de créer les conditions de son propre dépassement en direction du mode de production communiste. D’une part, par l’industrie moderne et l’application de la science à la production, la mise en relation de toutes les sociétés autrefois isolées par le marché mondial, l’amélioration des moyens de transport et de communication et le brassage migratoire; d’autre part, par la destruction des rapports sociaux pré-capitalistes, la sape involontaire du patriarcat, l’engendrement d’une classe sociale mondiale potentiellement révolutionnaire en dépit du fétichisme et de l’aliénation dont sont victimes toutes les classes dans le capitalisme, en dépit de la domination économique, politique et idéologique par la bourgeoisie dont sont victimes toutes les autres classes et particulièrement le prolétariat moderne.

Néanmoins, le capitalisme, même à sa période progressiste, quand la bourgeoisie ascendante se heurte aux anciennes classes dominantes, à la monarchie et à la religion, reste une société de classes, reposant sur l’exploitation, le pillage du monde, sur l’appauvrissement et la précarisation des producteurs, l’oppression des nations minoritaires et l’asservissement des peuples vaincus, la soumission des femmes et des jeunes…

Avec le mode de production capitaliste, apparaissent déjà des crises économiques d’un nouveau type, qui sont caractérisées non par la sous-production (de valeurs d’usage), mais par la surproduction (de valeurs d’échange). Les facteurs de crise sont la thésaurisation, la disproportion des différents produits, l’insuffisance des débouchés, la spéculation, la suraccumulation de capital, la hausse de la composition organique du capital… Certaines crises économiques restent cantonnées à un pays ou plusieurs pays, mais les plus graves prennent une dimension mondiale. La cause immédiate qui la déclenche est variable, mais l’accumulation du capital et le taux de profit jouent un rôle central dans leur déclenchement comme dans leur résorption.

L’impasse du capitalisme au stade impérialiste

Depuis plus d’un siècle, le rôle progressiste du mode de production capitaliste est achevé, comme l’ont analysé à ce moment-là Luxemburg (1911), Boukharine (1915), Lénine (1916)… Les modes de production précapitalistes ont été disloqués dans le monde entier. Si les formes archaïques de propriété, d’exploitation et de répartition sont loin d’avoir disparues, elles ont perdu leur cohérence car toutes les formations sociales sont désormais soumises à la domination mondiale des rapports capitalistes de production.

Désormais, les entreprises atteignent une taille telle qu’elles entretiennent des liens directs et intenses avec leur État bourgeois et qu’elles peuvent s’entendre entre elles pour partager les marchés. Elles deviennent « multinationales » en ce sens qu’elles exploitent les travailleurs de plusieurs pays et vendent au-delà de leur pays d’origine, voire de leur continent d’origine (c’est le cas de la fraction hégémonique de la bourgeoisie française symbolisée par le CAC 40 de la Bourse de Paris). Les grandes entreprises capitalistes prennent une dimension financière même quand elles sont d’origine industrielle ou commerciale (sociétés par actions, cotation en bourse, constitution de groupes et gestion d’un ensemble d’entreprises, placement de la trésorerie, spéculation, liens durables avec des banques et des compagnies d’assurances, fondation au sein des groupes industriels et commerciaux de filiales bancaires et de sociétés de crédit, etc.). Quand le capitalisme entre dans la phase impérialiste, il prend des traits parasitaires et rentiers.

La décadence du capitalisme provient d’une contradiction grandissante entre les forces productives et les rapports de production capitalistes. Survivant grâce aux trahisons des bureaucraties ouvrières, le capitalisme poursuit sa tendance à l’internationalisation et à la socialisation de l’économie de manière inégale, incomplète, difforme et réversible : domination de la plupart des activités économiques par de gigantesques groupes capitalistes transnationaux, prise en charge de la formation et reproduction de la force de travail par l’État (ou des organismes de sécurité sociale à son initiative et sous son contrôle), accords régionaux entre États (UE, ALENA, MERCOSUR, ASEAN…), constitution d’organisations interétatiques à vocation mondiale (FMI, BM, OMC, BRI…).

 

Le capitalisme décadent entrave le développement des forces productives

Le capitalisme de l’époque impérialiste manifeste son caractère réactionnaire par la régression politique et idéologique de la bourgeoisie : multiplication des États nationaux alors qu’elle fut capable d’unifier l’Allemagne, l’Italie ou les États-Unis, cléricalisme et obscurantisme alors qu’elle mena la lutte pour la science et contre la religion, restriction des libertés démocratiques alors qu’elle lutta au nom du gouvernement du peuple contre la monarchie absolue.

Le capitalisme en déclin entrave les forces productives par la subordination au profit, par le maintien de l’État national (particulièrement rétrograde dans un continent émietté comme l’Europe où les frontières se sont multipliées à la fin du 20e siècle), par les opérations de maintien de l’ordre impérialiste (avec ou sans l’aval de l’ONU, dont bon nombre avec la participation de l’armée française), par les rivalités entre les puissances impérialistes (dont font partie désormais la Russie et la Chine) qui ont alimenté les « conflits ethniques » ou « religieux » les plus barbares en Afrique, en Europe (éclatement de la Yougoslavie) et au Proche-Orient. La survie du capitalisme entraîne le gaspillage des forces productives par la mise à l’écart permanente d’une partie significative de la population, la publicité, l’hypertrophie des appareils de surveillance, de répression et d’incarcération, le militarisme, les guerres, les crises économiques, la pollution, le réchauffement climatique, la désertification, l’appauvrissement de la biodiversité…

 

La destruction périodique des forces productives est la condition des périodes d’accumulation du capital

Plus encore qu’à l’époque du capitalisme ascendant, les crises économiques et les conflits entre les bourgeoisies dominantes tendent à prendre un caractère mondial. Mais la crise historique du mode de production capitaliste ne signifie pas qu’aucun pays ne puisse se développer, ni que la croissance économique soit impossible. Par la destruction de capital sous toutes les formes (capital argent, capital constant, capital variable, capital marchandise), les grandes crises économiques mondiales (1873, 1929, 1973, 2008…) et les guerres impérialistes (1914, 1939…) repartagent le monde entre les principales bourgeoisies et créent les conditions des phases de croissance mondiale. Tant qu’il n’aura pas été renversé, l’humanité payera un prix de plus en plus exorbitant à la survie du capitalisme.

La crise de 1929 n’a été surmontée que par les défaites du prolétariat (en Chine, en URSS, en Allemagne, en Espagne…), l’économie d’armement et la préparation de la guerre par l’Allemagne sous Hitler, le Japon sous Hirohito et les États-Unis sous Roosevelt, les destructions colossales dues à la guerre (en Europe et en Asie), puis, après la guerre, l’économie d’armement et la « guerre froide » des États-Unis contre l’État ouvrier et la révolution en Asie ou en Amérique latine.

La période d’accumulation qui a accompagné l’hégémonie américaine d’après-guerre et son sauvetage, avec l’aide de la bureaucratie du Kremlin, du capitalisme en Europe occidentale et au Japon, a permis l’amélioration du niveau de vie de la classe ouvrière dans les centres impérialistes, car elle a reposé sur le mécanisme de la plus-value relative (l’augmentation de la productivité du travail) et l’exploitation des pays dominés. Ces gains ont pu servir pour légitimer le réformisme des partis et des syndicats corrompus par la bourgeoisie impérialiste (sous forme de « rêve américain » ou plus prosaïquement de « grain à moudre »).

Cependant, les concessions aux prolétariats des pays impérialistes pour contenir la révolution et assurer la reproduction des rapports d’exploitation, la survie de l’URSS grâce à l’héroïsme de son prolétariat, l’expropriation du capital en Europe centrale, en Chine, au Vietnam et à Cuba, la renaissance des impérialismes allemand et japonais, la dislocation du système monétaire international fondé sur le dollar, l’énorme accumulation de capitaux et la baisse du taux de profit ont abouti à la crise économique mondiale de 1973. Celle-ci n’a été surmontée que par des attaques victorieuses contre la classe ouvrière dans les pays impérialistes (par exemple, en France, c’est le gouvernement d’Union de la gauche -comprenant le PS et le PCF- qui a fait remonter le taux de profit à partir de 1982) et la défaite gigantesque des producteurs des États ouvriers dégénérés (avec la restauration du capitalisme en Allemagne de l’est en 1989, dans les pays d’Europe centrale, en Russie en 1991, en Chine en 1992… sous la pression de la bourgeoisie mondiale conduite par l’impérialisme américain).

La crise de 2008 n’a été surmontée que par de nouveaux reculs infligés aux prolétariats du Japon, d’Europe occidentale et des États-Unis, par le sauvetage national, pays par pays, des groupes de la finance et de l’automobile par les mêmes gouvernements bourgeois (et les mêmes banques centrales) qui invoquaient auparavant le libéralisme pour justifier les privatisations, le démantèlement des services publics, par la baisse du salaire indirect voire du salaire direct.

Si, dès 2010, le PIB mondial a remonté et si l’intervention publique a empêché l’effondrement du système financier et a limité la récession mondiale, la destruction du capital a été insuffisante pour assurer un redressement net du taux de profit. En outre, l’emprise de la finance et le parasitisme n’ont pas été jugulés mais démultipliés par les prêts gouvernementaux aux banques et les politiques monétaires « accommodantes » des banques centrales, ce qui jouera un rôle dans la prochaine crise mondiale. Déjà, les déficits et les dettes publiques causent l’affaissement de l’Union européenne, le maillon faible des puissances capitalistes, à cause de la contradiction entre d’une part ses accords d’unification partielle (marché unique, euro, mécanisme européen de stabilité…) et d’autre part la rivalité persistante entre les vieux États nationaux, particulièrement entre l’Allemagne, la France et la Grande-Bretagne (concurrence fiscale, diplomaties contradictoires, interventions militaires indépendantes voire opposées…).

 

La soumission des prolétaires au patriotisme les voue à la surexploitation et à la guerre

Les directions actuelles de la classe ouvrière ont toutes en commun de vouloir subordonner les exploités à leurs exploiteurs, quitte à se diviser sur la fraction de la bourgeoisie qu’elles courtisent. En France, bien que tous les réformistes défendent la « citoyenneté » (c’est-à-dire la collaboration de classe), « la nation » (c’est-à-dire leur bourgeoisie) et « la République » (c’est-à-dire l’État bourgeois), le PS mise sur la fraction du capital français le plus mondialisé et européen, tandis que le PCF et le PdG défendent plutôt celle du capital la moins concentrée et la plus nationale.

Or, le prolétariat n’a pas à choisir entre les différentes fractions de la bourgeoisie nationale, ni entre les différentes bourgeoisies nationales, ni entre « keynésianisme » ou « néo-libéralisme ». Aucun changement de forme de l’État bourgeois (comme une « 6e République » en France ou le « bolivarisme » au Venezuela), aucune « politique économique » dans le cadre du capitalisme, pas plus l’austérité budgétaire que la relance inflationniste, n’améliore le sort des salariés.

La soumission des producteurs à leurs exploiteurs, l’acceptation de la compétition avec les entreprises concurrentes et les autres pays, au moyen du « dumping fiscal », de la « guerre des monnaies », de la restrictions de l’immigration, de la course sans fin à la compétitivité nationale, du protectionnisme rétrograde (qu’il soit à l’échelle continentale comme le préconise par le PS ou qu’il soit à l’échelle française comme le préconisent le PCF et le PdG) ne sauraient rajeunir le capitalisme et empêcher les crises économiques. Plus que jamais, en temps de crise, les sociaux-traîtres aident les capitalistes et divisent les travailleurs. Ainsi, toute « politique de l’immigration », toute « politique économique » exige des sacrifices de la part des travailleurs, elle divise leurs rangs. La « guerre économique » est le prélude de la guerre tout court.

 

La classe ouvrière est la seule classe révolutionnaire

Il n’y aura pas de crise finale qui emportera le capitalisme sans intervention consciente de l’humanité. Seule la révolution socialiste peut mettre fin à l’impérialisme.

La classe ouvrière est le produit du mode de production capitaliste. Contrairement à ce qu’affirment les partis réformistes pour justifier leur opportunisme, elle ne s’est pas réduite spectaculairement. La classe ouvrière ne se borne pas aux ouvriers de l’industrie manufacturière : elle est composée de tous les travailleurs salariés dont la force de travail est achetée par du capital, indépendamment de leur qualification, de l’objet du travail (matériel ou non) et de la spécialisation du capital qui l’emploie (industrie, commerce, finance…). La classe ouvrière croît numériquement à l’échelle mondiale avec l’accumulation mondiale du capital, même si son extension s’accompagne, à cause de la hausse de la composition organique du capital, d’une armée de réserve mondiale considérable et, à cause de la concentration et de la centralisation du capital, du développement d’une nouvelle petite bourgeoisie (salariée) qui sert à l’encadrement hiérarchique des prolétaires dans l’entreprise capitaliste et dans la fonction publique.

La classe ouvrière est le seul fossoyeur possible du mode de production capitaliste, comme l’ont annoncé dès 1838 le mouvement chartiste en Grande-Bretagne et la révolution de 1848, puis la Commune de 1871 en France, comme l’a confirmé la révolution russe en octobre 1917. En effet, la bourgeoisie avait déjà renoncé à la révolution démocratique en 1848 en Allemagne, s’était révélée incapable d’émanciper les Noirs au sud des États-Unis en 1865 et avait failli dans la révolution russe de 1905. Plus encore, quand le capitalisme entre en déclin, la bourgeoisie devient pleinement réactionnaire.

Désormais, la seule classe révolutionnaire est la classe ouvrière et non les paysans, les déclassés, les étudiants ou les cadres. D’une part, le prolétariat est la seule classe sociale vraiment mondiale au moment où l’État national devient un frein au développement des forces productives. Il a, seul, la capacité de renverser le capitalisme et de construire le socialisme par son nombre, sa place centrale dans la production, sa concentration dans des groupes capitalistes gigantesques, son opposition frontale au capital qui l’exploite. Les autres classes ou couches sociales ne peuvent jouer durablement un rôle indépendant, elles doivent, en dernière analyse, se rallier à l’une des deux classes fondamentales des formations sociales contemporaines : soit la bourgeoisie, soit le prolétariat. C’est pourquoi le parti révolutionnaire n’est pas le « parti des luttes », un mille-feuilles d’anticapitalisme, d’écologisme, de féminisme…

 

Notre stratégie est la révolution permanente

La révolution permanente (systématisée par Trotsky en 1928) est la stratégie qui correspond à la phase impérialiste. Elle part de la lutte des classes mondiale. Elle abandonne le « front unique anti-impérialiste » car elle établit que la révolution, même dans les pays qui n’ont pas connu de révolution démocratique, doit être dirigée par la classe ouvrière en alliance avec la paysannerie laborieuse, les étudiants des villes… Elle ne peut reposer en aucun cas sur la bourgeoisie nationale, pas plus sa fraction cléricale la plus réactionnaire que sa fraction prétendument démocratique. Il s’ensuit qu’il ne peut être question de soutenir électoralement des partis comme l’ANC en Afrique du Sud.

La réalisation des tâches démocratiques dans les pays arriérés requiert une direction prolétarienne qui ne pourra se borner aux tâches démocratiques mais revêtira un aspect socialiste par la mise en cause de la propriété privée. À plus forte raison, il ne saurait y avoir d’alliance avec la bourgeoisie dans les pays impérialistes, même si certaines tâches démocratiques n’ont pas été accomplies par la bourgeoisie ou ont été annulées par le fascisme ou la dictature militaire.

Le mot d’ordre d’Assemblée constituante peut certes rencontrer un large écho quand les masses qui ont été privées de tous les droits démocratiques, électoraux ou d’organisation, jettent à bas la dictature et cherchent par quoi la remplacer. Mais le mouvement vers l’Assemblée constituante, qui est avant tout initié par les fractions bourgeoises, petites bourgeoises et les appareils contre-révolutionnaires cherchant à reconstruire l’État bourgeois disloqué, ne peut être utilisé tactiquement par le parti révolutionnaire que pour défendre ouvertement la ligne des conseils ouvriers, de la prise du pouvoir et du gouvernement ouvrier. Sinon, l’Assemblée constituante se transforme inévitablement, comme en Italie et en France en 1944, comme en Tunisie en 2011 et en Libye en 2012, en un instrument pour empêcher l’apparition de soviets et pour reconstruire l’État bourgeois.

S’il faut résumer notre programme, c’est la dictature du prolétariat.

 

Toute revendication transitoire mène à une conclusion : la conquête du pouvoir

Les sociaux-patriotes (en France, le PS, le PdG, le PCF, les directions de FO, de la CGT, de l’UNSA, de la FSU…), en défendant « l’intérêt national » et en présentant l’État comme un arbitre au-dessus des classes, désarment le prolétariat face aux restructurations des groupes capitalistes (qui n’ont rien de spécifiquement boursier), ce qui les conduit fatalement à accepter de négocier la flexibilité pour les uns et les licenciements pour les autres.

La lutte pour le communisme nécessite d’avancer des revendications transitoires reliant les luttes quotidiennes à la révolution socialiste. Ces mots d’ordre doivent donc poser la question du contrôle ouvrier sur la production, de l’expropriation des grands capitalistes sans indemnité ni rachat, du gouvernement des travailleurs. Dans notre perspective, la lutte pour l’emploi, pour le logement, pour la santé, pour la formation, contre la répression de l’État bourgeois et des bandes patronales et fascistes qui lui sont liées, passe par l’auto-organisation des travailleurs, des jeunes sur les lieux de travail, de formation et de vie. Les soviets ou conseils recourront aux méthodes de la révolution prolétarienne : grève générale, piquets de grève, contrôle ouvrier et populaire sur la production et la répartition, désarmement de la contre-révolution, manifestations de masse, insurrection… pour instaurer le pouvoir des travailleurs sous la direction du parti ouvrier révolutionnaire.

Mais les mots d’ordre démocratiques et même les mots d’ordre transitoires deviennent une mystification réformiste s’ils sont présentés, comme le font ouvertement LO, le NPA et le POI en France, comme possibles dans le cadre du capitalisme.

En conséquence de la stratégie de la révolution permanente, les communistes s’opposent à tout gouvernement bourgeois, fût-il composé uniquement de partis ouvriers bourgeois, et à la collaboration de classes, en particulier sous la forme du front populaire qui, quel que soit le nom qu’il prend, est toujours un bloc politique des partis ouvriers avec la bourgeoisie sur le terrain des rapports d’exploitation et de l’État bourgeois. À la collaboration de classe, au gouvernement bourgeois, nous opposons la perspective d’un gouvernement ouvrier, comme appellation populaire de la dictature du prolétariat.

En France, l’OCI et le PCI ont révisé le programme au nom de « l’indépendance des syndicats » transformée par Lambert en indépendance vis-à-vis des partis politiques, du « front unique » transformé par Lambert en stratégie, du « gouvernement ouvrier » transformé par Lambert en gouvernement des partis ouvriers bourgeois.

Le gouvernement ouvrier n’est en aucun cas un gouvernement de sociaux-traîtres à la tête de l’État bourgeois La tactique du front unique ouvrier et l’adresse aux partis ouvriers bourgeois : « rompez avec la bourgeoisie, prenez le pouvoir » ne sont pas parlementaires, elles ne découlent pas d’une majorité dans une assemblée bourgeoise. Le front unique s’adresse aux organisations de masse des travailleurs pour lutter contre les capitalistes, leur État, leurs bandes armées, même si c’est, au départ, de manière défensive ou pour des revendications démocratiques ou économiques élémentaires. La lutte de classe menée sous la forme du front unique débouche, en pratique, vers la lutte révolutionnaire et l’affaiblissement des bureaucraties qui ne peuvent l’assumer jusqu’au bout. La forme suprême du front unique ouvrier est donc le conseil, le soviet.

Cette tactique est toujours subordonnée à la révolution socialiste qui nécessite le renversement violent de l’ordre existant sous la direction du parti ouvrier révolutionnaire.

 

Pour la destruction de l’État bourgeois, pour la dictature du prolétariat

À l’époque du capitalisme en déclin et de l’hypertrophie de l’appareil répressif de l’État bourgeois, la transition au socialisme ne peut s’ouvrir que par la prise du pouvoir par le prolétariat, par l’armement du peuple, par l’insurrection, par la destruction de l’État bourgeois.

Les élections ne peuvent défaire la bourgeoisie. Les travailleurs ne peuvent se fier à l’État bourgeois (stratégie trompeuse du PS, du PdG, du PCF), ils ne peuvent se contenter d’effrayer la bourgeoisie pour améliorer leur sort tout en restant exploités au sein du mode de production capitaliste (stratégie illusoire de LO et du NPA qui n’est qu’une variante du réformisme précédent). Ils doivent arracher le pouvoir à la bourgeoisie (stratégie de l’Internationale communiste et de la 4e Internationale). Tant que la bourgeoisie conserve son État, elle conserve sa liberté d’agir, de comploter et de réprimer, elle limite la portée des conquêtes sociales, les détourne avant de les abolir une par une à la première occasion. En outre, si la bourgeoisie se sent menacée, elle recourt à des coups militaro-policiers comme en France en 1940 et en 1958, voire au fascisme.

Par conséquent, le prolétariat ne saurait en appeler à l’État bourgeois contre les racistes et les fascistes. Dans le cadre du capitalisme en déclin faire confiance à l’appareil répressif de l’État bourgeois est une révision du programme révolutionnaire et une trahison du prolétariat qui s’y heurte et s’y heurtera plus encore s’il tente de s’émanciper. Or, LO a soutenu en 2001 les mouvements de policiers et de gendarmes dirigés par le RPR (aujourd’hui UMP) et le FN contre le gouvernement à participation PCF et PS. Puis LO a appelé en 2005 et 2008 à renforcer la « police de proximité ».

Les tribunaux, les différentes polices, la gendarmerie, l’armée et les services secrets garantissent les rapports capitalistes d’exploitation, sont utilisés quotidiennement contre les grèves, contre les manifestations de travailleurs et de jeunes (le GIGN et le GIPN, constitués officiellement contre le grand banditisme, ont déjà été utilisés contre des postiers et des marins en grève), contre les peuples opprimés dans les frontières actuelles (le GIGN a liquidé des militants kanaks sur ordre de Mitterrand en 1985), contre les pays dominés, contre l’avant-garde ouvrière organisée.

En réalité, la classe ouvrière et ses alliées ont la force de bâillonner les racistes et d’écraser le fascisme dans l’œuf sur les lieux de travail et dans la rue. Les masses ont besoin de piquets de grève, de milices ouvrières, de gardes rouges pour se défendre et remporter l’insurrection qui mettra à bas l’État bourgeois.

À la 5e République, nous opposons non une 6e République bourgeoise, mais la République ouvrière et socialiste sur le modèle de la Commune de Paris de 1871 et du congrès panrusse des soviets de 1917. La prise du pouvoir instaure l’État à bon marché, où chaque élu ou élue ne touche pas plus qu’un ouvrier qualifié. Le pouvoir des conseils est celui de l’immense majorité, où tout(e) élu(e) sera révocable à tout instant. L’État ouvrier est ainsi un État qui commence à dépérir. Si les conseils dirigent l’économie et si la révolution prolétarienne s’étend au reste du monde, la dictature du prolétariat se dissout dans le mode de production socialiste-communiste.

 

La scission du mouvement ouvrier par les « réformistes »

Pour qu’il puisse accomplir ses tâches historiques, alors qu’il est une classe subalterne et exploitée, le prolétariat doit disposer de son parti. Le lien entre théorie communiste et classe ouvrière qui avait été établi par les efforts patients de la Ligue des communistes (1847-1852), de la fraction marxiste de l’Association internationale des travailleurs (1864-1872), des partis « collectivistes » et « sociaux-démocrates » de l’Internationale ouvrière (1889-1914), de la « Gauche de Zimmerwald » (1915-1919) et de l’Internationale communiste (1919-1923) a été dénoué par les bureaucraties syndicales, travaillistes, sociales-démocrates (au sens post-1914), staliniennes. Plus que jamais à l’époque de la décadence du capitalisme, le véritable parti ouvrier ne peut être que communiste.

Le mérite historique de la 2e Internationale (IO) est de fournir un cadre sous hégémonie marxiste aux organisations de masse du prolétariat, forgées contre la bourgeoisie en Europe, en Amérique du Nord et en Océanie. Mais la période de progrès continuels du mouvement ouvrier a aussi son revers, la bureaucratisation du mouvement ouvrier sous la pression bourgeoise, dont la première affirmation s’est produite au sein même du parti phare de l’Internationale, le SPD allemand, sous la forme du « révisionnisme » (1897) en lien avec l’influence du Parti travailliste britannique dont le programme est ouvertement bourgeois : le socialisme à la Webb et à la Bernstein est pacifiste, électoraliste et étatiste.

Les « partis ouvriers bourgeois » au sens de Lénine (1916) se sont constitués dans tous les pays impérialistes, à partir des confédérations syndicales, des partis travaillistes, des partis sociaux-démocrates (officiellement marxistes) de la 2e Internationale. Ils reflètent les aspirations d’une aristocratie ouvrière et surtout la mutation des appareils des organisations ouvrières de masse en bureaucraties qui sont autant d’agences politiques de la bourgeoisie au sein de la classe ouvrière.

Cette subordination à la bourgeoisie, qui se manifeste avec éclat par le soutien à la guerre impérialiste en 1914, voire par l’entrée dans les gouvernements « d’union sacrée » de bureaucrates syndicaux et de chefs sociaux-impérialistes (en France ceux de la CGT « syndicaliste-révolutionnaire » comme ceux de la SFIO, qu’ils soient antimarxistes de toujours ou renégats du marxisme) conduit à la scission irréversible du mouvement ouvrier entre les internationalistes et les sociaux-patriotes, entre les révolutionnaires et les traîtres.

Le « centrisme » est le courant politique qui prétend surmonter cette division ; en fait, tout en reprenant le vocabulaire de la révolution, le centrisme soumet en pratique le prolétariat au « réformisme », donc à la classe dominante.

Le massacre généralisé et la révolution russe confèrent dans le monde entier un écho à la révolution socialiste mondiale et au programme communiste qu’incarnent le Parti bolchévik et l’Internationale communiste fondée en 1919. Malgré tout, la domination économique, idéologique, politique de la bourgeoisie sur le prolétariat ne disparait pas comme en témoignent la survie des directions syndicales et des partis politiques sociaux-patriotes à l’issue de la première guerre mondiale.

Sous l’impulsion de Lénine et de Trotsky, l’Internationale communiste tient compte des échecs de la révolution prolétarienne en Europe causés par l’absence de parti communiste ou par son inexpérience, de la stabilisation temporaire du capitalisme, de la reconstruction d’une « 2e Internationale ». Elle exige des partis communistes le travail dans les syndicats de masse, la participation aux élections, des tactiques de font unique en direction des directions réformistes pour les démaquer par l’action et non seulement par la propagande.

 

La dégénérescence de l’URSS et le stalinisme

Mais l’isolement du pouvoir des soviets et les destructions opérées par la guerre interimpérialiste, les interventions étrangères, la guerre civile, le bas niveau économique et culturel du pays permettent la constitution d’une bureaucratie de l’État qui échappe au contrôle du parti révolutionnaire et à celui du prolétariat industriel. La défaite de l’Opposition de gauche du PCUS (1924) puis celle de l’Opposition unifiée (1927) ne sont pas une querelle d’héritiers à la mort de Lénine, mais une contre-révolution politique qui, tout en préservant temporairement certains acquis d’Octobre (propriété collective des principaux moyens de production, monopole du commerce extérieur…), donne le pouvoir à la couche privilégiée des fonctionnaires de l’État ouvrier. Celle-ci contrôle désormais le parti qui devient sa couverture, invente l’idéologie antimarxiste du « socialisme dans un seul pays », collectivise brutalement l’agriculture (1929) et instaure dans l’État ouvrier dégénéré un régime d’autant plus despotique (1934) qu’il s’exerce au nom du prolétariat. Car toute activité autonome de celui-ci représente pour la bureaucratie une menace intolérable. Les dirigeants bolcheviks eux-mêmes sont calomniés, emprisonnés, torturés et assassinés.

Avec la contre-révolution politique en URSS, la bureaucratisation du mouvement ouvrier international atteint une dimension inédite. Aux bureaucraties travaillistes et sociales-démocrates s’ajoutent désormais les bureaucraties staliniennes, coiffées par celle de l’URSS à la tête d’un Etat. Toutes sont des organes de la bourgeoisie mondiale au sein des organisations issues du combat de la classe ouvrière (syndicats, partis ouvriers, État ouvrier). La bureaucratie russe combat la révolution prolétarienne dans le monde entier car celle-ci conduirait à la révolution politique en URSS et à sa liquidation violente par les travailleurs de l’URSS. Après avoir divisé le prolétariat allemand face à la menace fasciste avec la ligne gauchiste du « social-fascisme » qui aboutit à la défaite sans combat du prolétariat le plus puissant d’Europe (1933), le stalinisme détruit l’Internationale communiste comme organisation révolutionnaire. Ses sections sont subordonnées à la bourgeoisie, d’abord dans les pays dominés au nom du « front uni-anti-impérialiste », puis dans les pays impérialistes eux-mêmes au nom du « front populaire ». Dans chaque situation révolutionnaire, le parti stalinien joue un rôle décidé et décisif contre la révolution prolétarienne : France 1936, Espagne 1936-1938, Italie 1943-1945, Grèce 1944-1945… En 1944-1945, après avoir subordonné la classe ouvrière à sa propre bourgeoisie et au général réactionnaire De Gaulle, le PCF désarme les travailleurs, reconstruit l’État bourgeois, dénonce les grèves et participe à la reconstitution de l’empire colonial. Thorez est ministre d’État de 1945 à 1946. En 1968, le PCF sauve la 5e République contre le mouvement de la jeunesse et la grève générale. Il participe de nouveau au gouvernement bourgeois de 1981 à 1984, puis de 1997 à 2002.

Par ailleurs, la dégénérescence de l’URSS et de l’Internationale communiste, les zigzags politiques des partis staliniens, leurs méthodes répugnantes, le comportement de « l’Armée rouge » en Allemagne, le sort des prolétaires russes, hongrois, allemands, polonais, chinois dans les régimes staliniens ont considérablement renforcé l’idéologie dominante et assuré la survie de leurs prédécesseurs et concurrents : le Parti travailliste et la direction du TUC en Grande-Bretagne, le SPD et la bureaucratie DGB en Allemagne, le PS-SFIO et les bureaucraties syndicales FO et FEN en France, voire le renouveau du PSOE et du PSP en Espagne et au Portugal dans les années 1970.

 

Le drapeau du communisme révolutionnaire, de l’internationalisme est relevé par la 4e Internationale

L’Opposition de gauche internationale de l’IC, après avoir tenté de redresser la 3e Internationale de 1930 à 1933, tire les leçons de la victoire du nazisme et du tournant vers les fronts populaires qui anéantit la délimitation des communistes internationalistes envers les sociaux-patriotes prosternés devant leur bourgeoisie. Les bolcheviks-léninistes proclament la 4e Internationale en 1938 pour résoudre le problème de la trahison de la 3e Internationale stalinisée, s’ajoutant à celle de la 2eInternationale, alors que les conditions objectives de la révolution socialiste sont réunies depuis longtemps.

Si le marxisme n’est pas totalement prostitué en France par la sociale-démocratie à la Guesde et à la Mollet ou par le stalinisme à la Thorez et à la Marchais, si le communisme survit aujourd’hui comme combat pratique et comme programme à l’échelle mondiale, c’est grâce avant tout aux militants de la 4e Internationale qui l’ont incarné dans tous les continents, malgré les persécutions non seulement de la bourgeoisie mondiale, mais des bureaucraties contre-révolutionnaires à la tête des États ouvriers et des organisations de masse de la classe ouvrière.

Le programme de la 4e Internationale (1933-1940) reprend le programme de l’Internationale communiste (impérialisme comme période de guerres et de révolutions, internationalisme, destruction de l’État bourgeois, nécessité des soviets et du parti révolutionnaire, intervention dans les organisations de masse, travail chez les conscrits, participation aux élections, lutte contre l’oppression nationale et la domination impérialiste, front unique ouvrier…). Pour tenir compte de la lutte des classes mondiales des années 1920 et 1930, elle écarte le « front uni anti-impérialiste » et enrichit le programme (révolution permanente à l’échelle mondiale, convergence du stalinisme avec la sociale-démocratie, URSS comme État ouvrier dégénéré, révolution politique contre la bureaucratie étatique, lutte contre le fascisme…).

Le meilleur hommage à rendre à tous les révolutionnaires victimes de la bourgeoisie et de la bureaucratie complice, à Ignace Reiss, Ivan Smirnov, assassinés en 1936 par les staliniens ; à Evgueni Preobrajenski, à Gueorgui Piatakov, Ivar Smilga, assassinés en 1937 par les staliniens ; à Lev Sedov, Erwin Wolff, Rudolf Klement, assassinés en 1938 par les staliniens ; à Léon Trotsky, assassiné en 1940 (par un agent de Staline ultérieurement hébergé par Castro) ; à Christian Rakovsky; assassiné en 1941 par les staliniens ; à Jean MeichlerPierre Guéguen et Marc Bourhis, assassinés en 1941 par les nazis ; à Léon Lesoil, Henrik Sneevliet, assassinés en 1942 par les fascistes ; à Marcel Hic, Pantelis Pouliopoulos, Joseph Jacobovic, Franz Kascha assassinés en 1943 par les fascistes ; à Pietro Tresso, Jean Reboul, Abram Sadek, Maurice Sieglman, assassinés en 1943 par les staliniens ; à Abraham Leon, assassiné en 1944 par les nazis ; à Tha-Thu-Thau, assassiné en 1946 par les staliniens ; à Joseph Kalandra, assassiné en 1950 par les staliniens, est de reprendre leur combat, de défendre fermement le programme de l’Internationale communiste du vivant de Lénine et de la 4e Internationale du vivant de Trotsky.

 

La 4e Internationale est liquidée sous la pression du stalinisme

Mais la 4e Internationale ne devient pas une organisation de masse, telles la 2e ou la 3e. L’assassinat, par la réaction, de Trotsky et de nombre de cadres et de militants aguerris de la 4e Internationale avant et pendant la deuxième guerre mondiale constitue un obstacle majeur à la compréhension de la situation d’après-guerre par la direction aguerrie de la section américaine et la jeune direction européenne de la 4e Internationale reconstituée. Elles nient toutes deux la stabilisation politique et la reprise de l’accumulation du capital à la fin des années 1940 car celles-ci leur semblent contredire le pronostic de l’impasse du capitalisme. La puissance internationale du stalinisme, auréolé à la fois de la victoire de la révolution russe, du combat victorieux contre le nazisme et de la résistance armée contre les fascistes, est un autre obstacle considérable.

Dès lors, la bourgeoisie et ses projections dans le mouvement ouvrier constituées par les directions traîtres des partis politiques ouvriers bourgeois et des syndicats exercent sur la 4e Internationale une pression énorme qui conduit certains de ses cadres à abandonner le programme communiste et à chercher des raccourcis et des substituts à la construction de l’organisation révolutionnaire. Ainsi, la direction Pablo-Mandel-Frank-Maitan de la 4e Internationale, confrontée au reflux de la révolution en Europe occidentale et au Japon sous hégémonie américaine et aux expropriations du capital dans les pays d’Europe centrale, en Yougoslavie et en Chine sous direction stalinienne, rejette en 1951 le programme de révolution politique dans les États ouvriers bureaucratisés et de révolution permanente dans les pays dominés, régresse à la « réforme » utopique de la bureaucratie dans les États ouvriers dégénérés, aux « réformes de structure » dans les pays impérialistes et au « front unique anti-impérialiste » avec la bourgeoisie nationale dans les pays capitalistes dominés.

Comme toute organisation révolutionnaire, la 4e Internationale ne se laisse pas liquider facilement. Le Secrétariat international pabliste expulse en 1952 la section française (PCI) qui résiste au cours pro-stalinien sous l’impulsion de Bleibtreu depuis 1950. La révolution bolivienne de 1952 et la révolution allemande de 1953 confirment entièrement le programme bolchevik-léniniste. Mais Pablo persiste et s’en prend aux sections américaine et britannique, ce qui entraîne la scission d’une fraction qui se baptise « orthodoxe » et qui constitue le Comité international de la 4e Internationale, en 1953.

 

La fraction « orthodoxe » du trotskysme échoue à reconstruire la 4e Internationale

Néanmoins, la pression exercée par la bourgeoisie et ses agences dans le mouvement ouvrier continue de s’exercer sur les sections qui ont résisté au pablisme. Le CIQI, tout en réaffirmant la validité du programme de Lénine et de Trotsky, ne tire pas le bilan du « front unique anti-impérialiste » et de la révolution bolivienne, abandonne rapidement le combat contre le révisionnisme pabliste et le centre liquidateur, adopte le fédéralisme et couvre les cours opportunistes de ses membres aux États-Unis, en Grande-Bretagne, en Bolivie, en Argentine, en France…

En ce qui concerne la France, Lambert prend la tête du PCI et exclut Bleibtreu malgré les protestations du CIQI, pour conduire ce qui reste de la section française à une capitulation envers le nationalisme algérien du MNA qui n’a rien à envier au pablisme. Il transforme La Vérité, fondé comme hebdomadaire de la Ligue communiste (BL) en 1929 en une « revue trotskyste » sans référence d’organisation et publie à sa place le journal Informations ouvrières comme « tribune libre de la lutte des classes ». Lambert s’adapte aux bureaucraties « socialistes » de la SFIO, de la FEN et de FO de manière symétrique à l’adaptation des pablistes français aux bureaucraties « communistes » du PCF et de la CGT.

En 1963, le CIQI subit la scission du SWP dirigé par Hansen et du SLATO dirigé par Moreno qui fusionnent avec le SI de Mandel (avec la caution de Cannon) pour constituer le « secrétariat unifié ». Le SUQI soutient sans réserve Castro, la constitution d’une bureaucratie étatique à Cuba en lien avec celle de Moscou. Il va liquider les sections d’Amérique latine dans le castrisme et la guérilla rurale.

La SLL britannique prend la tête de l’opposition au castrisme dans le CIQI mais prétend stérilement qu’il n’y a pas eu de révolution à Cuba, suivie en France par le groupe de Lambert (et VO de Hardy). En 1968, l’OCI se révèle incapable d’intervenir en son nom sur le programme de la révolution prolétarienne, laissant la place aux usurpateurs de la JCR et de VO. Le CIQI ne publie aucune déclaration lors de cet événement crucial, ni après.

En 1971, la SLL britannique scissionne le CIQI avant de rejeter le front unique ouvrier et de pratiquer le front unique anti-impérialiste à son compte, recevant pour cela les subsides de Kadhafi, Hussein, Arafat…

En 1981, le PCI, au lieu de présenter un/e candidat/e communiste à l’élection présidentielle, soutient la candidature de Mitterrand au premier tour en prétendant que son élection constituera une défaite de la bourgeoisie. Après avoir déclaré qu’un gouvernement de front populaire pouvait choisir une autre voie que la collaboration de classe, le PCI embrasse ouvertement le réformisme (sous l’appellation de « ligne de la démocratie ») et son corollaire en termes de parti, l’unité organique avec les réformistes (la « transition dans le parti »). Lambert, Cambadélis et Gluckstein excluent Just qui, après s’être opposé au vote Mitterrand en 1981 (sans en appeler aux militants), a fait connaître en 1984 son hostilité au tournant ouvertement réformiste. Exclu, Stéphane Just fonde en 1984 avec une poignée de militants le Comité (d’où sont issus le CCI(T) et le GB, ainsi que le GCPOR et un pseudo « Comité » dont les dirigeants ont rejoint le PdG social-patriote, comme nombre d’anciens lambertistes). Lambert, Cambadelis et Gluckstein fondent en 1985 un MPPT qui dénonce « les solutions extrêmes ». Le PCI perd en 1986 le contrôle de l’UNEF au profit du PS. Le PCI entraîne l’essentiel de son regroupement international (QICIR) dans le révisionnisme et la liquidation. Par exemple, l’organisation canadienne se dissout dans le NPD, l’organisation brésilienne se rapproche de Lula au moment même où une aile du PT se rebiffe et l’organisation algérienne s’acoquine avec les islamistes du FIS.

En outre, si le SU d’après 1963, sous la houlette de Mandel, présente un caractère éclectique et fédératif, de nombreuses organisations nationales, dont celles issues du CIQI, héritent quant à elles de l’exemple perverti des partis staliniens (et du mythe d’un Parti bolchévique monolithique). Leurs petits appareils échappent ainsi au contrôle de la base et le chef suprême échappe lui-même au contrôle de l’appareil. Cela leur permet d’entretenir des relations, dans le dos des militants et de la classe ouvrière, avec les bureaucrates, la franc-maçonnerie, les chefs nationalistes ; voire les dictateurs anti-ouvriers des pays dominés. La construction de l’internationale, au lieu d’être le premier moteur de l’orientation communiste, ne sert en général que d’appui mercenaire au plus gros groupe national. La calomnie et la violence sont utilisées systématiquement par Healy et par Lambert contre leurs opposants.

 

Les partis sociaux patriotes n’ont pas disparu

Les partis « réformistes » ne sont pas des partis qui font des réformes comme le prétendait Lambert (et comme le répète la tendance CLAIRE du NPA). Ce sont des partis qui, malgré leur origine ouvrière, mènent une politique capitaliste, ont un programme bourgeois. Ils n’ont aucun programme ni théorie qui leur soient propres. Comme il leur faut une idéologie pour habiller leur ralliement à la classe dominante, ils empruntent, suivant les circonstances, au keynésianisme du 20e siècle, au « socialisme » étatique et au libéralisme politique du 19e siècle, au républicanisme du 18e siècle, voire au christianisme…

Les partis politiques « réformistes » de toutes les origines sont complétés par les bureaucraties sociales-patriotes des syndicats qui leur sont souvent liées. Dans certains cas, comme en Grande-Bretagne et au Brésil, ce sont même les syndicats qui sont à l’origine du parti politique ouvrier. Parfois, les appareils syndicaux sont liés à des partis politiques bourgeois, comme les appareils de l’AFL-CIO américaine, de la CGT argentine, de la GSEE grecque… (c’est partiellement le cas de la bureaucratie FO en France).

Dans tous les cas, elles sont des agences de la bourgeoisie chez les travailleurs et les jeunes. Autrefois, elles s’attribuaient abusivement les concessions obtenues par la lutte de la classe ouvrière. Aujourd’hui, elles collaborent, au nom de l’intérêt national et de la menace étrangère, à la flexibilité et aux licenciements, aux baisses des salaires et des pensions. En contrepartie, elles réclament des subsides et des postes grassement rétribués dans la cogestion, ce que certaines fractions de la bourgeoisie envisagent d’économiser en recourant directement au bonapartisme, voire au fascisme.

Depuis 1914, rien ne sépare le travaillisme bourgeois (qui domine en Grande-Bretagne ou en Australie) de la sociale-démocratie prétendument marxiste (qui domine en l’Allemagne ou en Autriche). À partir de Depuis 1933, la différence essentielle entre le réformisme travailliste ou social-démocrate et le « communisme » stalinien réside dans le fait que leur égale soumission à la bourgeoisie s’effectue de manière directe dans le premier cas tandis quelle passe par le relais de la bureaucratie de l’URSS dans le second cas. Cette dernière nuance est abolie avec le rétablissement du capitalisme en Russie et en Chine par les bureaucraties étatiques staliniennes, même si certains vestiges organisationnels de la galaxie stalinienne, totalement isolés et coupés des masses et de leurs luttes, continuent à faire allégeance aux impérialismes émergents de la Russie et de la Chine.

Pourtant, la plupart des organisations et groupes qui se réclament du trotskysme en France font passer le PCF pour différent du PS et reprochent au premier de s’allier avec le second. Les communistes accusent les uns comme les autres de s’allier à la bourgeoisie au lieu de s’unir contre la bourgeoisie.

À partir de 1989, l’appareil international du stalinisme se disloque. Certaines composantes disparaissent, d’autres rejoignent l’écologisme politique ou le fascisme, d’autres enfin tentent de monnayer leur expérience contre-révolutionnaire auprès de la classe dominante avec l’appui de fractions de la sociale-démocratie traditionnelle (comme celles d’Oskar Lafontaine et de Jean-Luc Mélenchon) ainsi que de centristes issus de la destruction de la 4e Internationale : c’est le cas du Synaspsismos-Syriza en Grèce, de Die Linke en Allemagne, du PCF en France, du PRC en Italie, du PCE-IU en Espagne…

Alors que PS et PCF sont en partie discrédités auprès des masses, un ancien ministre de la 5e République, à la tête d’une fraction du PS, a constitué en 2009 le « Parti de gauche », avec le renfort d’anciens trotskystes défroqués de l’ex-PCI (et du Comité). Pour le PdG, le capitalisme n’est pas en cause. Un simple changement de politique française suffirait à résoudre la crise mondiale du capitalisme: en l’occurrence, comme pour le PCF, moins de libéralisme et de libre-échange, plus de nationalisation avec indemnités et de protectionnisme réactionnaire. Le PdG voue, comme le PS, la plus grande admiration au social-impérialiste Mitterrand et, comme le PCF, au général De Gaulle. Dans les faits, comme les autres partis sociaux-patriotes, le PdG défend totalement l’impérialisme français et ne cache même pas qu’il veut renforcer la police et l’armée bourgeoises. Le Front de gauche, le petit front populaire constitué par le PCF et le PdG avec des fractions du NPA, le PCOF maoïste, des « souverainistes » et des «écologistes », se présente à la bourgeoisie française comme « le recours » (Mélenchon, 1er mars 2013) en cas de situation révolutionnaire.

L’appareil stalinien international, déjà ébranlé par les dissensions entre bureaucraties étatiques (Yougoslavie, Chine, Albanie…) a éclaté avec la disparition de la bureaucratie de l’URSS et de la Chine. Cependant, l’héritage chauvin et réactionnaire du stalinisme pèse toujours sur le mouvement ouvrier.

À l’échelle mondiale, les partis qui survivent jouent un rôle crucial dans la division des rangs ouvriers et la collaboration de classes. Ainsi, en Grèce, tout en approuvant tous les « journées d’action » contre la grève générale et le gouvernement ouvrier et paysan, ils se partagent entre des concessions à l’UE et le chauvinisme grec exacerbé, faisant tous le jeu des fascistes. Ainsi, au Maghreb et au Machrek, si tous défendent l’armée et se rallient à l’assemblée constituante contre la révolution socialiste, ils oscillent entre la nostalgie du nationalisme panarabisme, le ralliement au nationalisme islamiste, la conversion en parti « démocrate » pro-impérialiste. Au Népal, ils ont tous participé au gouvernement d’union nationale quand la monarchie s’est effondrée sous la pression révolutionnaire des masses paysannes et citadines. Si l’un des partis maoïstes l’a quitté, c’est uniquement parce que l’armée bourgeoise n’intègre pas les troupes de la guérilla qu’elle conduisait.

En France, le legs empoisonné du stalinisme se retrouve non seulement dans les groupes qui se réclament de Staline et de Thorez (PRCF, URCF, etc.) mais dans le PCF et le PdG, la bureaucratie FSU et CGT, et aussi, sous des formes diverses, dans la ligne ou le fonctionnement de LO, du NPA, du POI et de multiples sectes.

 

Démasquer le centrisme et les épigones de feue la 4e Internationale

Il n’y a plus de centre international trotskyste depuis longtemps, il n’y a plus aucune section qui ait survécu : par conséquent, la 4e Internationale est définitivement morte et ne saurait pas plus être reconstruite que les internationales antérieures. Le prolétariat est totalement privé de direction révolutionnaire et la voie est libre pour la restauration du capitalisme en RDA en 1989, en URSS en 1991, en Chine en 1992… qui vont aggraver le désarroi politique de la classe ouvrière mondiale et libérer la plupart des partis ouvriers bourgeois qui subsistent, comme le PCF et le PS en France, de toute référence au socialisme.

Aujourd’hui, dans le monde entier, les révisionnistes renforcent les bureaucraties. En France, c’est par milliers que les « trotskystes » encadrent CGT, FO, Solidaires, FSU, UNSA, UNEF ainsi que PS et PdG.

La LCR s’est liquidée en 2009 dans le NPA, abandonnant toute référence même formelle au trotskysme, prétendant réconcilier anarchistes, pacifistes, écologistes, féministes, apparaissant comme le parti « des luttes » tous azimuts. En fait, le NPA s’intègre aux bureaucraties de Solidaires, de la FSU et de la CGT. Par conséquent, il soutient leurs « journées d’action » contre la grève générale et fait comme elles confiance à l’ONU. La direction de la LCR, forte de succès médiatiques et électoraux, croyait le moment venu de prendre la place du PCF. Elle n’appréhendait pas que le lancement du PdG et la constitution du « Front de gauche » allaient accorder un sursis au PCF moribond. Le NPA a connu scission sur scission de fractions de l’ex-LCR qui rejoignent le Front de gauche.

LO s’intègre de plus en plus à la bureaucratie de la CGT. La direction de LO continue à enfermer les travailleurs dans la lutte « boîte par boîte », soutient toutes les diversions des bureaucraties syndicales combat la grève générale, renvoie aux calendes toute perspective politique centralisée. LO est entrée dans les fronts populaires municipaux du PCF avec les débris bourgeois PRG et MRC dès le premier tour des élections locales de 2008.

Le POI (ex-PT), issu de la liquidation du PCI en 1991, est un minuscule parti qui prétend grotesquement réaliser l’unité en son sein des anarchistes, des staliniens, des sociaux-démocrates et des trotskystes. En fait, il est intégré à la bureaucratie syndicale de FO. C’est pourquoi le POI soutient toutes les initiatives de FO et a adopté le plus petit dénominateur commun de tous les bureaucrates, le crétinisme parlementaire et le chauvinisme. Ce qui le distingue est qu’il est encore plus hostile à l’UE que le PCF et le PdG. Pour le POI, l’ennemi principal n’est pas dans notre pays ; il est à Bruxelles et à Washington. Pour le POI, tous les problèmes proviennent non du capitalisme mondial et des exigences locales de la bourgeoisie française, mais de l’UE ou du FMI.

Le POI, le NPA et LO vivent de plus en plus, comme le PCF, le PdG, le PS et toutes les organisations syndicales, des prébendes de l’État bourgeois.

La caractéristique commune au PdG, à LO et au NPA est d’être des obstacles à la construction du parti ouvrier révolutionnaire et de l’internationale ouvrière révolutionnaire. Ils dévoient la recherche, par une fraction avancée de la classe ouvrière et de la jeunesse, d’une alternative au PS, d’une solution radicale, en couvrant sur leur gauche les appareils contre-révolutionnaires. Ils apportent, chacun à sa manière, un renfort aux directions traditionnelles (syndicales et politiques) qui, sans leur aide, auraient beaucoup plus de mal à contenir et contrôler les mouvements de la classe ouvrière et de la jeunesse.

Prétendre rétablir l’unité avec le réformisme ou une partie du réformisme sans avoir liquidé les bureaucraties ouvrières revient à capituler devant les sociaux-patriotes, à renoncer à défendre le programme communiste, à s’opposer à la construction de l’internationale ouvrière révolutionnaire. C’est ce qu’ont fait le « centrisme » de 1914-1923 incarné par Kautsky puis d’innombrables courants finissant eux aussi par se rallier au réformisme comme la Gauche révolutionnaire de Pivert en France dans les années 1930. C’est ce qu’a fait, à son échelle, la direction Lambert de l’OCI-PCI, en lien avec la bureaucratie sociale-démocrate européenne et les bureaucraties syndicales de la FEN et de FO, contribuant dans les années 1970 à construire le PT au Brésil, reconstruire le PS en France, le PSP au Portugal, le PSOE en Espagne, en tentant de reconstruire le PSP en Pologne, puis en liquidant dans les années 1980 le PCI au profit du MPPT-PT-POI. C’est ce que font aussi tous les centristes qui prétendent qu’il faut construire des partis fourre-tout comme le NPA ou le POI, non délimités du réformisme, du social-patriotisme et du social-impérialisme. C’est ce que font les sectes maoïstes et néostaliniennes nostalgiques du temps où Staline et son adjoint Thorez pouvaient faire avaler le front populaire et le soutien à De Gaulle aux travailleurs, mais aussi les opportunistes de La Riposte et de LO qui veulent sauver le PCF et faire revivre à l’ancien parti stalinien un âge d’or jamais précisé et de toute façon révolu.

 

Préparer la révolution socialiste

Nous construisons le parti ouvrier révolutionnaire à l’échelle mondiale. Intervenant dans un pays impérialiste, nous avons pour tâche particulière de défendre avec vigueur la partie étrangère de notre classe et la responsabilité de nous opposer à toute intervention militaire contre un pays dominé, quelque soit sa direction. Nous condamnons fermement la neutralité du « Comité » dirigé par Lombard et Mélusine (membres aujourd’hui du PdG) lors de l’attaque de la Serbie par l’OTAN en 1999. Notre ligne est : avec les pays dominés contre l’impérialisme, quel que soit leur régime ; avec les masses des pays dominés contre leurs régimes bourgeois.

Avec le développement de la crise actuelle du capitalisme, d’importantes mobilisations se produisent et se produiront. Le mouvement des masses a montré au cours de l’histoire sa capacité à s’organiser par lui-même (commune de Paris de 1871, soviets russes de 1905 et 1917, conseils allemands de 1918, conseils ouvriers hongrois de 1956, shoras iraniens de 1979, commune d’Oaxaca de 2006). Mais pour que ses potentialités se réalisent pleinement, l’action du parti révolutionnaire est indispensable.

Nous ne sommes pas le parti qui réconcilie réformisme et révolution, nous construisons le parti communiste révolutionnaire. Nous ne sommes pas le parti des luttes, nous mènerons la lutte de classe du prolétariat jusqu’au bout.

Contre la dispersion et la confusion, nous poursuivrons le regroupement sur la base du programme communiste que nous avons initié à l’échelle internationale et nationale, en nous adressant aux militants, fractions et organisations qui cherchent la voie de la révolution prolétarienne mondiale.

Vivent les conseils des travailleurs !

Vive la dictature du prolétariat !

Vivent les États-Unis Socialistes d’Europe !

Vive la révolution socialiste mondiale !

Vive le communisme !

 

Notre organisation communiste sera démocratique et internationaliste

Le Groupe marxiste internationaliste est membre à l’échelle internationale du Collectif révolution permanente. Il regroupe en France les militants communistes qui combattent à la mesure de leurs moyens sur son orientation et sous sa discipline. Les militants contribuent financièrement à son fonctionnement en fonction de leurs ressources financières (25 % des cotisations sont versées à l’organisation internationale).

Paradoxalement, alors que le niveau culturel et technique du prolétariat de ce pays n’a jamais aussi été élevé, le niveau politique et théorique du mouvement ouvrier s’est effondré. Cela redouble la responsabilité d’éducation marxiste de l’organisation communiste. La formation initiale des militants a lieu dans le cadre d’un « groupe d’études révolutionnaires » dont le programme est national et qui combine exposés, lectures personnelles et intervention militante. La formation continue est assurée par des rapports dans les cellules et par des « journées d’études » régionales, nationales ou internationales.

Les militants déterminent l’orientation de l’organisation par scrutin majoritaire en votant à main levée lors des conférences qui se tiennent au plus tous les deux ans (si possible, chaque année). Ils élisent à cette occasion à bulletin secret le comité central qui anime l’organisation entre deux conférences.

La cellule locale de l’organisation désigne sa/son secrétaire, décide de l’intervention de ses membres et la contrôle (mais l’intervention dans les instances nationales des syndicats ou d’autres organisations est aussi soumise au contrôle de la direction nationale), recrute de nouveaux membres (en outre, l’adhésion individuelle d’anciens responsables d’autres organisations et l’adhésion collective en provenance d’autres organisations est soumise à l’approbation de la direction nationale).

Les militants rejoignent, sous le contrôle de leur cellule, le syndicat le plus important de leur profession ou de leur site de travail. Aucune responsabilité nationale ne peut être prise dans un syndicat ou une autre organisation de masse sans une fraction ou un regroupement significatif préalable.

Dès que le recrutement de jeunes sera suffisant, nous créerons une organisation de jeunesse communiste qui sera dotée d’une réelle autonomie.

L’organisation communiste n’est, au mieux, que tolérée par l’État bourgeois. Par conséquent, notre fonctionnement doit tenir compte de la sécurité de l’organisation et de ses membres face à la police et aux fascistes.

Les militants disposent en permanence d’un bulletin interne. Ils ont le droit de se rencontrer et aussi de constituer une tendance ou une fraction à tout moment sur une base politique explicite. Une tendance ou fraction peut faire appel d’une décision d’orientation ou d’organisation de la direction nationale au Collectif révolution permanente.

L’organe de l’organisation est Révolution communiste, qui est publié, si possible, 5 fois par an. Il est avant tout un outil de construction du GMIexprimant son analyse et son orientation sous des formes variées : éditorial de la direction, déclarations internationales et nationales, articles divers, résolutions et interventions syndicales, comptes-rendus de luttes, témoignages, entrevues… L’organe est placé sous le contrôle de la direction nationale qui est donc aussi un comité de rédaction. Il est systématiquement vendu par les militants sur leur lieu de travail ou d’études, dans les manifestations, lors des interventions dans d’autres organisations. Il est complété par un site Internet, et la publication de brochures, sous le contrôle du comité central.

 

28 avril 2013